Le Livre d'Argent

Elzen | @elzen@fadrienn.irlnc.org

re: Oh merde ! J'ai encore réfléchi. Bluesky, Twix et les mastonautes.
@PrincessConnasse Hm, sur ce point-là bien précis, je nuancerais quand même pas mal, parce que « geek » ne veut pas forcément dire que tu auras des facilités… au contraire, même, parce qu'il y a les habitudes qui jouent beaucoup.

Les gens qui, devant un ordinateur, se contentent de lancer Firefox et de naviguer, tu les mets devant Debian, Windows ou MacOS, tant qu'iels voient l'icône de Firefox, iels arriveront à cliquer dessus. Par contre les utilisateurices avancé·e·s vont voir que dans les paramètres il n'y a pas les mêmes options, que le terminal ne dit pas la même chose, que l'installateur ne marche pas pareil, etc., et ça va beaucoup plus les déranger.

Je ne sais pas à quel point ça peut jouer pour la différence entre Twitter et Mastodon, mais je pense qu'il est effectivement possible que des gens plus calé·e·s que toi soient aussi plus perdu·e·s, précisément parce que le fait que ces gens soient plus calé·e·s donne d'autant plus d'importance aux petites différences entre les deux que les autres ne remarquent pas.

Soit dit sans remettre en cause le moins du monde le reste de tes réflexions évidemment :-)

Je pense fort à tous les personnels de l'éducation nationale. On est nombreux·ses à savoir qu'on vous maltraite.
Vous êtes tellement important·e·s. Bon courage et plein de coeurs sur vous ❤

@pandovstrochnis Or, si je me réfère à la définition de Ian Hacking, une construction sociale n'est pas inévitable en pratique, mais apparaît comme telle. Ce qui était clairement le cas pour les réalistes, mais ne l'est plus vraiment pour les nominalistes qui savent pertinemment qu'on pourrait classer autrement. Du coup on sort de la stricte définition d'une construction sociale, on est plutôt sur le cas d'un truc « en train d'être déconstruit, mais ça prend du temps ».

Enfin, je crois ? J'avoue que je ne sais pas trop comment ça se passe quand on sort de la définition par ce côté-là, donc je te laisse me corriger :-)

@pandovstrochnis Pourquoi ce genre de cas se produit-il ? Tout simplement parce que le concept d'« espèce » est (et est reconnu comme) à la base un concept fixiste, qui n'a pas vraiment de sens une fois qu'on a intégré le paradigme évolutif (et donc les divisions encore plus fines, comme la distinction entre cochon et sanglier, en ont encore moins).

À une époque, un certain nombre de biologistes comme Ernst Mayr ont fait de leur mieux pour faire comme si « espèce » était un vrai truc du monde réel (on appelait ce courant « réalisme », à qui on doit la définition sus-mentionnée). Mais sauf erreur de ma part, ce courant est maintenant devenu très minoritaire face au courant « nominaliste » qui pose que ce soit juste des noms qu'on donne pour que ce soit plus pratique, mais sans que ça ne désigne rien de réel.

@pandovstrochnis Hm, je pense que je peux tenter ça en trois pouets.

La définition usuelle d'une espèce, c'est (grosso-modo) que deux individus forment une même espèce quand ils sont capables de se reproduire entre eux et d'avoir une descendance fertile. Sauf qu'on connaît plusieurs cas qui ne rentrent pas là-dedans, du style un exemple où les individus de la population A peuvent avoir une descendance fertile avec celle de la population B, ceux de la population B le peuvent avec ceux de la population C, mais ceux de la population C ne le peuvent pas avec ceux de la population A. Dans ce cas-là, on met où la limite entre deux espèces ?

Aurelien Rousseau, ministre de la Santé, affirme que "la croissance des arrêts maladies n'est pas soutenable".

Ben fallait peut-être y penser avant de déclarer que le covid c'est fini, de refuser de lutter contre la consommation d'alcool, de consolider un système favorable au burnout et de repousser l'âge de la retraite.

@parleur Ce que je trouve formidable dans l'affaire, c'est ce réflexe immédiat de « j'ai été bloqué, c'est donc que je dis des vérités qui dérangent. » Très exactement la même réaction que les complotistes qui râlent parce qu'un de leurs commentaires est en attente de validation.

On attendait l'an 2000 comme un futur merveilleux et c'est banalement devenu un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaitre.

@antanicus @crowdagger I mean, they do exist (and harm) in real life, which is a huge difference, of course. But I like to imagine that in a few hundred of years, remaining people will be telling tales about how a gigantic snake called TotalEnergies was about to burn all the Earth, when the Great Thunberg stood up to fight it, or something like that.

@antanicus @crowdagger Well, aren't oil companies some sort of modern mythical creatures of hell already? Not sure future archeologists will be able to spot the difference…

Philosophie antique, zététique
Mais là où la comparaison me semble intéressante, aussi, c'est que finalement, la pensée de Platon ne tient plus énormément en place une fois que Platon lui-même arrête d'être à la tête de l'Académie pour l'imposer. Ses successeurs ont pris en compte l'apport d'autres courants philosophiques, et se sont ouvertement réclamés de Socrate (celui d'origine) et même du scepticisme.

Je pense que c'est pareil pour la « zet-set ». Ils ont de l'audience et de l'influence dans l'état actuel, mais sur le long terme, le rationalisme marche moins bien et finira par laisser la place. Continuez d'être sceptiques, camarades : comme on dit dans mes autres cercles militants, « à la fin, on gagne. »

Philosophie antique, zététique
Ça marche parce que les idées ont changées. La façon rationaliste d'utiliser les « biais cognitifs », par exemple, ce n'est plus du tout la même chose que la façon dont les zététiciens et zététiciennes de l'époque faisaient gaffe à essayer d'éviter les pièges de leur propre façon de penser en montant des protocoles.

Mais ça marche aussi parce que le positionnement et le contexte politiques ont changé, et parce que la « zet-set » a réussi à monter et à légitimer un ensemble de blogs et de chaînes YouTube qu'on doit pouvoir au moins d'une certaine façon comparer à l'Académie. Ce qui doit quand même leur être reconnu, d'ailleurs, c'était loin d'être rien comme boulot.

Philosophie antique, zététique
…Et vous aurez sans doute compris où je veux en venir : j'ai l'impression que ce qu'on appelle aujourd'hui la « zététique » a connu une évolution assez semblable à celle du Socrate des bouquins de Platon. Au siècle dernier, c'était une démarche qui visait à questionner, qui allait se frotter à la contradiction, et qui ne prétendait rien savoir.

Avec la « zet-set » actuelle, on utilise toujours le terme « zététique », comme Platon utilisait toujours le personnage de Socrate, mais on a un angle qui a pas mal changé, et dont la façon de le revendiquer frise parfois à la mission divine, quitte à contredire ce que portait le mouvement au départ. Typiquement, « rationaliste » et « sceptique » sont présentés comme des presque synonymes, alors que les deux sont assez opposés à la base.

Philosophie antique, zététique
D'ailleurs, Platon prêtera à Socrate, et donc par extension à lui-même, une mission quasi-divine, avec l'histoire de l'oracle de Delphes qui aurait déclaré qu'il n'y a pas d'homme plus sage que lui, ce qui l'aurait alors motivé à se lancer dans sa carrière de grand questionneur (sauf erreur de ma part, Xénophon est largement plus soft à ce niveau-là).

Il y a d'ailleurs une différence notable entre les deux philosophes : Socrate est accusé d'impiété et finit condamné à mort, tandis que Platon est à la tête de la prestigieuse Académie, et n'a à ma connaissance jamais d'ennuis de ce genre. Les deux ont un engagement politique, mais qui n'est pas le même, et surtout qui s'exprime assez différemment selon le contexte.

Philosophie antique, zététique
Et donc Platon, dans ses textes, met en scène Socrate du début à la fin, mais en changeant de propos au fil du temps : dans ses premiers livres, il semble plus ou moins rapporter la parole du vrai Socrate, dans ses derniers, il s'en sert juste comme prête-nom pour raconter ses idées à lui, qui sont parfois en contradiction avec celles qu'il lui mettait dans la bouche plus tôt.

Mais donc, malgré ce changement de propos, Platon continue du début à la fin à se poser comme héritier de Socrate et à faire parler son ancien mentor. Et il me semble même tout à fait possible que ça n'ait pas été qu'une posture, mais qu'il ait vraiment cru tout du long qu'il continuait de suivre les pensées de Socrate et que celui-ci aurait réellement pu dire ça.

Philosophie antique, zététique
Sauf que Socrate lui-même n'écrit pas grand chose non plus : ce qu'on sait de lui vient de plusieurs auteurs, Aristophane, Xénophon, et surtout Platon. Et que ce dernier est assez loin d'être sceptique lui-même : il considère qu'il y a un « monde des idées » qui prime sur la réalité matérielle, et que la seule force de sa réflexion suffit à percer la réalité des choses (je caricature, hein).

(D'ailleurs, pour caricaturer un peu moins, la célèbre allégorie de la caverne, par exemple, est aussi un texte qui invite à sortir de sa zone de confort et une critique politique, et quelque part, ça cause aussi de la difficulté à changer de paradigme. Les idées de Platon sont évidemment plus intéressantes dans le détail que ce que j'en résume grossièrement ici.)

Philosophie antique, zététique
Quand on parle de philo antique et de scepticisme, le nom qui revient le plus souvent, c'est celui de Pyrrhon d'Élis, le type qui doutait tellement de tout qu'il fonçait dans les arbres et/ou dans les précipices si des gens faisant un peu plus confiance à leurs yeux que lui ne le retenaient pas. Même si, en vrai, c'est surtout à ce qu'a écrit Sextus Empiricus quelques siècles plus tard qu'on pense, Pyrrhon lui-même n'ayant rien laissé comme écrits.

Mais il y a un autre philosophe de l'antiquité, qui plus est beaucoup plus connu, qui pourrait aussi pas mal représenter une certaine forme de scepticisme : ce cher vieux Socrate. Considérer que la seule chose qu'on sait, c'est qu'on ne sait rien, ça paraît plutôt un pas mauvais point de départ pour du scepticisme. Et d'ailleurs, comme il ne sait rien, Socrate pose plein de questions, et préfigure ainsi ce qu'on appelle maintenant l'« entretien épistémique », qui est aussi plutôt pas mal, dans le genre.

Philosophie antique, zététique
Une petite réflexion que j'avais envie de partager. Je précise tout de suite que je suis loin d'être un spécialiste en philosophie antique (et il y a aussi plus calé que moi sur le milieu « zététique » contemporain qui est l'autre versant de ma comparaison) : les personnes qui s'y connaissent réellement là-dessus trouveront vraisemblablement que je caricature un peu trop, donc toutes les remarques et précisions que vous pourrez avoir sont les bienvenues.

D'ailleurs ce thread en huit pouets sera peut-être retravaillé pour devenir un billet de blog, voire une vidéo, s'il s'avère avec vos retours et davantage de réflexion que ça semble le mériter. Sinon, on va juste le laisser disparaître dans les tréfonds des flux du Fédivers et ce sera très bien comme ça :-)

Ce n’est pas le « pédagogisme » qui empêche de transmettre les savoirs, c’est l’évaluation permanente et stupide qu’impose parcoursup.

J'ai récemment eu une touche de clavier qui s'est détachée sur mon portable, ce qui est un tantinet gênant quand l'essentiel de mon activité avec est de taper du texte (ou éventuellement un peu de code).

Évidemment, ce n'est pas le genre de choses que la garantie allait prendre en charge. Néanmoins, sans doute parce que la boîte qui m'a vendu l'ordi a misé toute sa com' sur la réparabilité, les gens du SAV ont apparemment fait plusieurs essais pour détacher et remettre en place des touches pour m'expliquer la marche à suivre pour réparer, et en m'indiquant où (ailleurs que chez eux) je pourrais trouver des touches de clavier à l'unité, ce qui est plutôt cool.

Par contre, les insinuations comme quoi « une touche ne se détache pas toute seule » jusque dans le mail de réponse à celui où je leur disais que, c'est bon, j'ai réussi à réparer, ils auraient pu s'abstenir.

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