D'ailleurs, même pour ce qui nous concerne, tous les caractères ne correspondent pas précisément à un gène. Certains, comme par exemple notre taille, correspondent à une combinaison de plusieurs gènes ainsi qu'à des facteurs environnementaux (comme la quantité de nourriture disponible pendant la croissance). Un des trucs chouettes avec la biologie, c'est que du bazar qui s'auto-organise sur des centaines de millions de générations, ça peut difficilement être qualifié de monotone.
Ce qui peut se produire même chez les animaux : les mâles abeilles, par exemple, sont haploïdes ; seules les femelles reçoivent chaque gène en double et sont donc diploïdes. Chez les champignons (qui sont plus proches des animaux qu'eux ou les animaux ne le sont des plantes, comme je le mentionnais la dernière fois), des phases haploïdes et d'autres diploïdes peuvent s'enchaîner au cours de la vie de l'organisme.
Pour l'hérédité, en revanche, le fait d'avoir deux exemplaires de chaque gène vient plus spécifiquement de la façon dont fonctionne notre reproduction sexuée. Nous avons chaque gène en double parce que nous mélangeons l'information génétique venant de nos deux parents (lesquels transmettent aléatoirement une des deux qu'ils possèdent). Mais c'est loin d'être la seule façon de faire.
Au fait, je vous remets le lien de la vidéo encore un coup ? Allez, oui : https://skeptikon.fr/videos/watch/20f8140e-2197-41ae-b033-86fc69b059f9
En attendant, et puisque je vous ai déjà causé à plusieurs reprises d'hypothétique vie extraterrestre dans ces threads (c'est même de là que cette série est partie), on peut quand même préciser une chose : les « lois de Mendel » sur l'hérédité sont a priori beaucoup moins universelles que ne le sont les travaux de Darwin.
Allez, pour les gens qui sont arrivés en cours de route (d'autant que je n'avais pas encore pensé au hashtag au début), le premier thread de la série est là : https://fadrienn.irlnc.org/notice/AwGiNCEL9iX8pAJcTw
Notre groupe sanguin présente cependant une caractéristique que Mendel n'avait pas pris en compte : entre les allèles A et B, il n'y a pas de relation de dominance. Si les deux sont présents en même temps, alors les deux s'expriment, nous donnant donc un groupe sanguin « AB » qui n'existe que quand nous portons ces deux versions différentes (et est donc beaucoup plus rare).
Quelques différences au sein de ces molécules conduisent à l'apparition de plusieurs variantes différentes d'un même gène, on parle d'« allèles », chaque allèle correspondant à une des variantes du caractère que l'on peut observer. Pour le gène codant pour notre groupe sanguin (je mets de côté le rhésus et compagnie pour simplifier), il existe trois allèles, que l'on appelle usuellement A, B et O.
Ils recevront le prix Nobel pour cette découverte en 1962. Officiellement, le Nobel n'aurait pas pu être remis à Franklin, car il ne récompense que des personnes vivantes et qu'elle est morte d'un cancer en 1958. Il n'empêche que Watson et Crick ont tout fait pour s'approprier ses recherche et minimiser son rôle dans l'histoire, donnant l'un des hélas beaucoup trop nombreux exemples de travaux scientifiques usurpés par des hommes après avoir été réalisés par une femme.
La molécule elle-même a en fait été identifiée assez tôt : elle a d'abord été appelée « nucléine » (puisque concentrée dans le noyau des cellules) lors de sa découverte en 1869, seulement deux ans après la première publication des travaux de Mendel. Mais les instruments de l'époque ne permettaient pas tellement d'en savoir plus.
Ah oui, au fait, si vous avez manqué le thread de la semaine dernière, c'est là : https://fadrienn.irlnc.org/notice/Az4eUNTUYDyCWntqim
Si ces travaux racontent une histoire à première vue assez différente de celle que Darwin et Wallace étaient en train de dessiner au même moment, on s'apercevra plus tard qu'elles sont en fait assez complémentaires l'une de l'autre : simplement, Mendel a tenté des croisements assez systématiques, tandis que, dans la nature, la sélection naturelle va rendre certains croisements plus fréquents que d'autres, et donc faire varier les fréquences relatives des caractères correspondants.
En tout cas, chaque hybride semble transmettre l'une des deux variantes qu'il possède de manière complètement aléatoire. Ce qui fait que, statistiquement, la moitié des pois résultant de tels croisement vont recevoir eux aussi les deux informations (ils seront alors jaune, comme leurs parents, le vert ne s'exprimant pas dans ce cas), tandis que l'autre moitié recevra soit deux fois la variante jaune, soit deux fois la variante verte, d'où la répartition d'un pois vert pour trois pois jaunes.
Mendel va donc supposer que chaque pois contient deux fois l'information représentant chaque caractère. Pour les pois de souche pure, présentant la même variante depuis pas mal de générations, ces deux exemplaires de l'information sont toujours identiques, ce qui fait que les hybrides de première génération possèdent donc forcément deux exemplaires différents, un venant de chaque parent.
Mais notre abbé est intéressé par les hybrides, et il tente de croiser des formes différentes entre elles. Et il constate que, quand il croise des pois jaunes avec des pois verts, les enfants sont systématiquement jaunes. En tout cas lors de la première génération ; car lorsqu'il croise ces hybrides entre eux, quelques pois verts recommencent à apparaître, en moins grande proportion. Environ un pois vert pour trois pois jaunes.
Il se tournera alors vers la culture des pois, passe-temps un peu plus acceptable aux yeux de son entourage professionnel et religieux, mais qui lui permettait de réaliser environ le même genre d'expériences. C'est donc pour cette raison que ses travaux ont d'abord surtout intéressé les botanistes.
C'est donc à cette occasion que, fouillant dans les archives, on retrouva les publications de Mendel dont les conclusions étaient très similaires. Et que les trois scientifiques acceptèrent de lui laisser la paternité, évitant ainsi quelques casses-têtes inutiles. C'est donc principalement par un concours de circonstances que ce dont nous allons parler est désigné aujourd'hui comme les « lois de Mendel ».
Au passage, le fait que plusieurs scientifiques arrivent indépendamment aux mêmes conclusions, c'est toujours intéressant, mais ça je l'avais déjà évoqué dans le thread sur Darwin : https://fadrienn.irlnc.org/notice/AybcCRXAswcqPg6ZLE
En fait, au moment de la parution des travaux de Mendel, seuls les botanistes s'y sont intéressés. Et certains d'entre eux n'étaient même pas spécialement convaincus par ses résultats, pointant quelques failles dans sa façon de faire. Pas vraiment l'archétype du scientifique révolutionnaire qui marquera son époque et les suivantes, donc.
Ah, oui, je suppose que tout le monde a entendu parler de Darwin, mais si c'est la première fois que vous lisez le nom de Linné, vous avez loupé ce thread-ci : https://fadrienn.irlnc.org/notice/Ayq6HnZA7DBl1vwY2S
Et pour ce nouveau #VendrediVulga, donc, on va continuer de parler biologie. On reviendra sur l'astronomie bientôt, il faut toujours que je vous parle d'héliocentrisme, mais avant ça, il nous reste quelques trucs à évoquer ici. En effet, on a d'abord parlé de Darwin (et Wallace !) et de sélection naturelle, puis de Linné et de classification, mais pas encore d'hérédité, ni donc de Gregor Mendel.
Vous voulez lire de l'imaginaire (SF, fantasy, horreur, fantastique) maiiiiis vous aimez pas trop trop financer des milliardaires problématiques qui soutiennent l'extrême-droite ? Quelques bonnes pratiques avec une idée nette de "qui possède quoi" dans l'édition (autant que possible, hein).
La dernière nouvelle du premier recueil, par exemple, se termine par des machines qui, par la manipulation, prennent le contrôle de l'humanité (et font perdre leur job à des gens qui pourraient remettre ça en cause, notamment) parce qu'elles estiment qu'elles décident mieux que nous et que donc pour notre bien il faut qu'on reste sous leur contrôle. Susan Calvin a l'air plutôt enthousiaste, mais je ne suis pas sûr qu'on soit censés être d'accord.
(Bon, après, dans une nouvelle ultérieure du cycle il est dit que ces machines ont fini par se saborder elles-mêmes pour notre bien, mais je crois qu'il n'a jamais vraiment détaillé ce point.)
Nous avons tous pleuré Samuel Paty et Dominique Bernard, aujourd’hui encore, dans les écoles, les collèges, les cours de récré soudain silencieuses. L’Éducation nationale a su reconnaître ces crimes, désigner les coupables, s’ériger en victime.
Mais Caroline Grandjean, comme Christine Renon avant elle, s’est suicidée dans un silence assourdissant. Parce que là, il n’y a pas d’ennemi commode, pas d’assassin extérieur. Là, c’est l’institution elle-même, celle qui broie, écrase, exige jusqu’à l’épuisement.
Elle sait pleurer les crimes des autres, jamais les siens.
Reconnaître ces morts-là, ce serait admettre qu’elle tue aussi.