Le Livre d'Argent

Elzen | @elzen@fadrienn.irlnc.org

Revenir au taff. Rallumer un ordi sous Windows XP.

(Ça va, il n'est jamais connecté à Internet de toute façon, le logiciel qui est dedans se vautre dès qu'on n'est plus sur un réseau local.)

(Si vous voulez tout savoir, c'est un ordi de l'ancien système de projection qu'on a récupéré et adapté pour pouvoir le déplacer sur des événements.)

(Et il fait plus de bruit de ventilo que le vidéoproj' qui est à côté.)

@Gouximan Je suis allé visité Prague avec ma famille il y a quelques années, à un moment je me suis retrouvé à lire un bouquin pas très loin d'une synagogue en les attendant ; et des touristes qui passaient par là m'ont demandé s'ils pouvaient me prendre en photo en ayant visiblement cru que j'étais du coin.

Visiblement, l'habit ne fait pas le moine, mais il fait passer pour le rabbin.

@lienrag Je m'aventure au delà de mes compétences, donc à prendre avec de grosses pincettes, mais :

– Mars est sur le bord de la zone habitable, et la ceinture d'astéroïde commence juste après, donc la partie intérieure de la ceinture est vraiment à la limite. D'autant qu'à cette distance, les vents solaires peuvent avoir une influence aussi,

– Une partie des astéroïdes de la ceinture sont des résidus (éventuellement recombinés) d'objets plus lourds qui ont été pulvérisés par des impacts, or les éléments les plus légers sont éjectés plus facilement,

– Les planètes géantes se sont vraisemblablement formées les premières, récupérant une bonne partie de la matière, et les planètes intérieures ont ensuite pris ce qui restait.

Il est fort probable que ces trois points jouent un rôle. Et probablement plusieurs autres auxquels je n'ai pas pensé :-)

(Et, je l'ai déjà dit mais ça coute rien de le redire : leur incompétence n'est pas la raison pour laquelle ce parti devrait être disqualifié d'office du débat public, leur fascisme l'est. L'incompétence, ça vient juste en plus.)

@lienrag Les orbites des astéroïdes sont en moyenne moins circulaire que celle des planètes ; mais une trajectoire aussi elliptique que celle d'une comète (qui a son périhélie dans la zone habitable ou plus près du Soleil, et son aphélie (bien) au delà de l'orbite de Jupiter) s'obtient, hors configuration vraiment exceptionnelle, quand l'objet avait au départ une orbite très éloignée et que celle-ci a été déstabilisée.

Étant donné la configuration du système solaire (il y a probablement des différences assez nettes pour les autres étoiles, vues les différences qu'il y a dans la configuration des planètes), un objet qui a une trajectoire de comète est originaire de la ceinture de Kuiper ou du nuage d'Oort. Or, d'après ce qu'on a pu déterminer jusque là, l'écrasante majorité des objets situés au delà de l'orbite de Jupiter contiennent une certaine proportion de glace.

L'eau est composée uniquement d'hydrogène et d'oxygène, qui sont deux des éléments les plus abondants de l'univers et qui se combinent relativement facilement, donc ce n'est pas spécialement surprenant. Assez probablement, c'est le fait de s'être formés à proximité du Soleil qui fait que les planètes telluriques et les astéroïdes de la ceinture principale contiennent peu d'eau.

@lienrag Sa trajectoire actuelle est hyperbolique, et une hyperbole, ça ne boucle pas. Donc en l'état, il ne reviendra pas. Ceci dit, ce sera évidemment modifié chaque fois qu'il passera à proximité suffisante d'un objet suffisamment lourd, donc bon.

@lienrag Ce sont des nébuleuses, des nuages de gaz beaucoup plus petits que les galaxies. Et je ne suis pas sûr qu'elles soient tellement nombreuses à prendre cette forme :-)

(Blague à part, la carcinisation est un phénomène cool mais plutôt logique pour les crustacés, la forme de crabe étant beaucoup plus robuste et manifestement pas trop compliquée à obtenir en un nombre raisonnable de mutations.)

@lienrag On sait que la vitesse de la lumière est finie depuis la fin du dix-septième siècle, si ma mémoire est bonne, donc un bon moment avant Laplace. La vitesse exacte était évidemment encore loin d'être connue avec précision, mais le chiffre précis n'a pas énormément d'importance ici, ça ne fait que modifier un peu la masse requise pour un tel objet.

Sauf erreur de ma part, la loi de la gravitation telle que formulée par Newton s'applique uniquement aux objets massifs, ce n'est qu'à partir des travaux d'Einstein qu'on comprendra que la lumière y est également sensible (une des vérifications expérimentales de la relativité générale a été de constater que la lumière était bien affectée par la gravité, en observant la position des étoiles pendant une éclipse solaire).

Mais on savait déjà à l'époque de Laplace que la vitesse de la lumière est une vitesse limite impossible à atteindre pour un objet massif, donc un objet assez massif pour qu'il faille dépasser cette vitesse pour se libérer de son attraction est un concept intéressant même dans ce cadre.

Il faudrait cependant quelqu'un de plus compétent que moi pour entrer dans les détails à ce sujet.

@emilie_zut @tshirtman Ce n'est qu'un des aspects du problème, mais je pense qu'au cas où, c'est déjà bien de parler des bases et du fonctionnement par tranches de l'impôt.

Et cette B.D. de @gee est très cool pour ça :
https://grisebouille.net/encore-une-petite-tranche/

@crowdagger J'arrive après la bataille vu que je n'étais pas connecté une bonne partie de la journée, mais si jamais, j'ai fait une vidéo qui parle notamment de ça :

https://skeptikon.fr/videos/watch/eeace01e-b22b-4306-88c3-d9ff45585b05

16/16 Ce qui m'amène donc à ma question de conclusion : pour le prochain thread, j'ai envie de vous parler d'un autre cas où il s'est écoulé un long moment entre une hypothèse et sa vérification, et j'ai quatre idées en tête. En restant en astronomie, on peut parler de la Loi de Bode (très rapidement évoquée dans ma vidéo sur Pluton, mais je pourrais détailler davantage), qui nous permettrait de parler un peu de Cérès, ou bien aller voir du côté de l'héliocentrisme (encore une fois, en détaillant un peu plus par rapport à ma vidéo sur Galilée). Mais pour changer un peu, on pourrait aussi parler de la tectonique des plaques (que j'abordais un peu dans mon livre), ou bien de Darwin et de ses orchidées. Que préférez-vous ?

15/16 Un scientifique français nommé Pierre-Simon (de) Laplace, à qui ont doit pas mal de progrès en astronomie et dont je vous reparlerai sans doute à une autre occasion, avait déjà émis au dix-huitième siècle l'hypothèse de l'existence d'objets qui seraient tellement denses qu'il faudrait dépasser la vitesse de la lumière pour se libérer de leur attraction. Notre façon de décrire ça a évidemment pas mal changé depuis, mais ça montre que ce genre d'objets a de quoi pas mal fasciner.

Même en ne retenant que la version de Schwarzschild, il a fallu pas mal de temps entre la proposition de base et la confirmation de leur existence, puisque celle-ci n'arriva que vers 1973 (l'objet en question avait été découvert en 1964, mais il a fallu de nouvelles observations pour que sa nature exacte soit comprise).
Image prise au rayon X par le télescope spatial Chandra de Cygnus X-1, un système binaire très émissif dans cette longueur d'onde. L'analyse des données obtenus a permis d'identifier que le système est composé d'une étoile et d'un trou noir ; et c'est la matière arrachée à l'étoile par le trou noir qui cause l'émission de rayons X. L'image présente, en assez pixelisé, une boule blanche au centre avec une sorte d'aura bleutée autour d'elle, le tout sur fond noir.

14/16 Et je pense qu'après avoir vu ça, on va pouvoir s'arrêter. Il y aurait encore des tas de trucs à dire sur les trous noirs, mais ça rentrerait sans doute pas mal trop dans les détails pour mes threads, et puis il y a de très chouettes vidéos sur le sujet. Celles de @flashcordon par exemple (que j'invite au passage à me relire pour vérifier que je n'ai pas dit trop de bêtises !)

Allez, si, quand même, encore une dernière petite chose, comme dirait Columbo. Le concept de trou noir tel qu'on le comprend actuellement est très lié à la relativité générale. L'idée de base avait été proposée par Karl Schwarzschild dès 1916. Mais en fait… une idée proche avait déjà été envisagée bien avant ça !
Pour le plaisir des yeux, une modélisation d'un trou noir réalisée grâce au logiciel Blender. Le fond de l'image est noir, et toute la zone en dessous de l'horizon des événements l'est également, mais on peut voir autour un disque de matière de couleur claire. Le disque est vu environ par la tranche devant le trou noir, mais celui-ci déforme tellement l'espace-temps autour de lui que la partie située derrière nous apparaît en haut et en bas, permettant de voir tous les côtés du disque à la fois (avec pas mal de déformations).

13/16 Si ces deux images de trous noirs sont assez impressionnantes et ont été assez utiles pour faire progresser notre compréhension, c'est peut-être quand même plus parlant de vous montrer une simulation de ce que ça donne, l'environnement d'un trou noir.

Quand je parle de ça dans mon planétarium, j'en ai une toute prête conçue sur mesure par les collègues, et qui rend très bien sur le dôme, mais qui était un peu délicate à sortir de là. Heureusement, j'ai vu passer il y a quelques jours une simulation beaucoup plus adaptée au Fédivers, donc je peux vous renvoyer vers ça.

N'hésitez donc pas à liker et partager : https://mastodon.social/@absulit/115177423060789624

12/16 Évidemment, vous n'arriverez pas à voir Sagittarius A* (ni aucun autre trou noir, en fait) juste avec un télescope de jardin. Toutefois, si vous avez envie de voir dans quelle direction il se trouve… on est à la fin de la bonne période pour ça, il faut regarder en direction du sud/sud ouest en tout début de nuit, pas très loin au dessus de l'horizon.

Si vous avez une bonne visibilité, sans nuages ni pollution lumineuse, vous devriez au moins pouvoir distinguer la grande tâche blanchâtre et floue qui indique la direction dans laquelle se trouve le centre de notre galaxie. Et qui lui a d'ailleurs valu son nom de « Voie Lactée », puisque les grecs anciens avaient l'impression de voir une goutte de lait dans le ciel. Et vous arriverez peut-être à identifier les étoiles de la constellation du Sagittaire, qui donne son nom au trou noir lui-même.
Capture de Stellarium montrant un cercle indiquant la position de Sagittarius A* dans le ciel du soir. Les dessins des constellations sont affichés, montrant le Sagittaire et le Scorpion (qui ne dépasse que partiellement de l'horizon), ainsi que les directions, entre le sud et le sud-ouest. On devine aussi la voie lactée.

11/16 À la base, l'Event Horizon Telescope avait pour but de photographier le trou noir supermassif situé au centre de notre galaxie à nous, baptisé Sagittarius A* (souvent prononcé à l'anglaise, « A star »). Toutefois, les conditions étant mauvaises au moment de capturer cette image, on a plutôt préféré se reporter sur celui au centre d'une de nos voisines, la galaxie M87.

Mais si on a pu réussir à prendre une telle image une fois, on pouvait le faire une deuxième. Trois ans plus tard, en 2022, l'Event Horizon Telescope a pu prendre la première image de Sagittarius A*, nous permettant à cette occasion de découvrir que notre galaxie tourne manifestement sous Ubuntu.
Image de Sagittarius A* prise par l'Event Horizon Telescope. On voit, sur fond noir, un grand disque de matière de couleur orangée, avec au centre une zone sombre correspondant à l'horizon des événements. Dans le disque de matière, trois zones plus lumineuses ont une couleur qui tire vers le jaune. Elles sont situées de façon à peu près régulière, la forme et la couleur rappelant une version floue et légèrement penchée sur le côté du « circle of friends » du logo d'Ubuntu.

10/16 Bon, « photo » est ici un terme très abusif. Et l'interférométrie sort un peu trop de mon domaine de compétences pour que je vous donne tellement plus de détails à ce sujet. Les personnes intéressées peuvent aller se renseigner par exemple sur Wikipédia, en consultant la page dédiée à l'« Event Horizon Telescope ». Parce que oui, ce truc a été conçu spécifiquement pour observer l'horizon des événements d'un trou noir, alors pourquoi se casser la tête sur le nom ?

En tout cas, on a pu constater à cette occasion que nos modèles explicatifs ne marchent pas trop mal, puisque l'image obtenue ressemble quand même plutôt pas mal à ce qu'on avait en simulation. Même si ça reste un peu flou, le trou noir en question étant quand même pas mal lointain.

Allez, le lien Wikipédia qui va bien : https://fr.wikipedia.org/wiki/Event_Horizon_Telescope

9/16 Si le trou noir lui-même n'émet pas de rayonnement (c'est d'ailleurs pour ça qu'on l'appelle comme ça), la matière environnante en émet pour sa part pas mal, ce qui peut nous aider à détecter lesdits trous noirs. Néanmoins, ils restent assez délicats à observer, et les images qui illustraient les premiers pouets de ce thread étaient donc des vues d'artistes, des représentations de ce à quoi ça devait ressembler d'après nos modèles.

Mais il y a maintenant six ans, en 2019, on a réussi un exploit technologique assez impressionnant en coordonnant entre eux des radiotélescopes situés à plusieurs endroits sur la planète, les pointant tous dans la même direction, et en combinant leurs résultats pour reconstituer l'image qu'on aurait pu obtenir avec un radiotélescope de la taille de la Terre. Ce qui a donné cette image-ci, la première « photo » d'un trou noir.
Image du trou noir M87* prise par l'Event Horizon Telescope. On voit, sur fond noir, une boule noire entourée d'une sorte de nuage flou de matière majoritairement rouge-orange, avec sur le devant des zones plus lumineuses tirant vers le jaune, voire le blanc.

8/16 Les trous noirs d'origine stellaire qu'on connait ont une masse jusqu'à quatorze fois supérieure à celle de notre Soleil. C'est déjà plutôt pas mal ; mais les étoiles suffisamment massives pour que nos calculs indiquent qu'elles finiront en trou noir sans aide extérieure, en comptant toutes leurs couches externes, peuvent pour leur part être dix fois plus massives.

Bon, mais ça reste quand même des masses plutôt faibles par rapport aux trous noirs supermassifs au centre des galaxies, le plus lourd ayant été identifié jusque là atteignant quand même quarante milliards de masses solaires. Ce qui aide un peu à maintenir la cohésion de la galaxie, évidemment.
Photo (prise à l'observatoire européen austral) de la galaxie Centaurus A, une des proches voisines (à échelle de galaxies) de notre Voie Lactée. Le trou noir supermassif situé au cœur de cette galaxie produit des jets de matière gigantesque (treize mille années-lumière de long) qui sont visibles sur l'image de part et d'autre du disque galactique.

7/16 Ce qui nous amène d'ailleurs à casser l'idée répandue selon laquelle un trou noir aspirerait tout ce qui se trouve autour de lui : il ne fait qu'attirer la matière de façon proportionnelle à sa masse, et inversement proportionnelle au carré de la distance, exactement comme n'importe quel autre objet dans l'univers. C'est simplement la loi de la gravité.

Une étoile de la même masse qu'un trou noir occuperait énormément plus de place, mais elle attirerait les objets autour d'elle exactement de la même manière. D'ailleurs, les trous noirs d'origine stellaire, sont ce qui restent du cœur de l'étoile, de la même façon que les naines blanches et étoiles à neutrons : ils sont donc nettement moins massifs que l'étoile complète.
Modélisation du voisinage de Sagittarius A*, le trou noir supermassif (quatre millions de masses solaires) situé au centre de notre galaxie, dont on reparlera un peu plus bas. Ce rendu visait à simuler le passage d'un nuage de gaz à proximité du trou noir : passant trop près, celui-ci est fortement déformé, mais les étoiles situées en orbite continuent de tourner comme si de rien n'était. Les étoiles sont représentées par de petites sphères lumineuses, avec leur orbites tracées en bleu, tandis que le nuage de gaz et sa trajectoire sont indiqués en rouge.

»