J'ai envie de recommencer à faire de petits dessins tous les jours donc je fais essayer de me lancer dans un calendrier de l’avent de post-it. Je sais pas si je réussirai à tenir ou même si y'aura un thème général (hésitez pas à m'en suggérer si vous avez des bonnes idées) mais on va essayer de faire ça tous les jours
Et pour le dessin du jour, je vous mets une petite explication en dessous ⬇️
La plante et la chauve-souris du dessin ce sont respectivement *Nepenthes hemsleyana* et *Kerivoula hardwickii*. Leur particularité c'est la relation qui les unit : en journée, la chauve-souris se cache dans la plante carnivore, en s'accrochant au rebord, ce qui l'abrite des prédateurs. Du côté de la plante, elle a évolué pour se nourrir des excréments de la chauve-souris. C’est presque une petite fable qu'on pourrait appeler "le nepenthe et la chauve-souris", et dont la morale serait un truc du genre "quand il s'agit d'entraide, personne n'a le droit de juger la forme que ça prend, c'est entre vous et l'autre"
Alors lui c'est le requin du Groenland, un requin qui vit dans les profondeurs arctiques où il fait pas grand-chose (le genre *Somniosus* regroupe des requins qu'on qualifie de "lents" ou "mous") mais ça reste un carnivore avec une particularité : on pense que c'est le vertébré avec la plus grande longévité. Et je parle pas d'une bestiole qui vivrait genre 80 ans : à 200 ans le bestiau est tout juste mature sexuellement, il peut atteindre les 400 ans, avec des estimations jusqu'à 500 ans. Je sais pas si vous réalisez mais ça veut dire que y’en a qui sont plus vieux que la révolution française. On en a daté un au CARBONE 14. Réalisez le truc.
S’il vit aussi longtemps c'est grâce à son développement particulièrement lent : on parle de "sénescence négligeable" en biologie pour désigner des êtres vivants qui paraissent gagner de l'âge sans s’affaiblir. L'idée fait sûrement baver des milliardaires rêvant d'immortalité mais elle s'applique toujours à des organismes comme notre requin, avec des modes de vies très particuliers.
Enfin il faut ajouter que à cause de très grande quantités d’urée dans sa chair, il a le goût de pipi. Les islandais qui devaient vraiment avoir faim ce jour là ont réussi à trouver comment le manger, mais bref. On va dire qu'on juge pas les goûts
Voilà pour le requin !
Troisième jour, il pleut il mouille c’est la fête à la grenouille, mais n’importe laquelle : la grenouille des bois américaine, qui vit dans toute l’Amérique du Nord, même au Canada et en Alaska où les températures tombent très bas en hiver. En fait elle tombent même en dessous de zéro, et notre gernouille gèle… puis revient au printemps. Je vous explique ça en dessous si ça vous intéresse ⬇️
En fait beaucoup de gernouilles entrent en dormance quand vient l'hiver. Leur métabolisme ralentit, elles y vont mollo et au printemps tout repart. Là on est sur un cas plus extrême. La grenouille va geler pour de vrai avec des cristaux de glace qui se forment dans plus de la moitié de son corps
Je pense pas avoir besoin de vous faire une explication sur le fait qu'on est pas adapté à la vie en surgelés. L'eau, et tous les fluides de notre corps, doivent rester liquides pour marcher. En plus la formation de cristaux de glace endommagerait gravement les cellules d'un point de vue mécanique, entre autre car l'eau occupe un volume plus élevé une fois solide
Pour empêcher ça, la grenouille des bois va connaître un changement de métabolisme. Elles produisent massivement du glucose et de l’urée qui s'accumulent dans le sang et les fluides. Ces deux molécules vont agir comme un antigel naturel, limitant la formation de cristaux de glace et donc les dommages aux cellules. De plus elle sont adaptées grâce à des mutations permettant à certaines fonctions de persister malgré le froid (je résume, c'est des notions assez pointues et pas forcément intéressantes à développer ici)
Avec ça les grenouilles peuvent passer plusieurs mois à -15°C, ce que je trouve impressionnant moi qui tolère pas d'être en dessous de 20°C
Par contre, j'ai un gros doute concernant la datation au carbone-14. Le principe, normalement (j'en causais dans mon dernier #vulgadredi, justement), est que la matière vivante garde un taux constant grâce aux échanges avec l'environnement et que ça commence à baisser après la mort, donc a priori peu d'intérêt pour estimer la longévité.
(Après, potentiellement, sur un animal au métabolisme très lent et qui ne mange qu'une fois tous les très longtemps, peut-être qu'il se renouvelle suffisamment lentement pour que quelque chose soit mesurable… 'faudrait voir les détails de comment ils procèdent.)
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@elzen @Anaterya alors je suis justement en train de rédiger un topo dessus car on m'a demandé et ici on est dans un cas particulier. La datation au ¹⁴C des animaux est possible en exploitant deux particularités : l'inertie des cellules issues du cristallins, dont certaines protéines ne ne sont pas renouvelées, et le pic de ¹⁴C daté à 1960 issu des essais atomiques. Si on s'appuie aussi sur d'autres isotopes pour avoir l'origine du ¹⁴C ça permet de déterminer la date de naissance d'un animal