C'est vrai que ça peut ressembler à une excuse facile des développeurs pour pouvoir virer les combis spatiales, mais pour le coup, ce point-là est quelque chose de plutôt crédible, et ça me semble assez intéressant de détailler un peu ça, donc, douze pouets.

À titre d'exemple, la rafflésie, plante connue pour avoir la fleur la plus grande du monde, et aussi pour puer la chair en décomposition, est un parasite qui infecte les vignes du genre tetrastigma. C'est la seule famille de plante que les rafflésies peuvent utiliser comme hôte, ce qui rend leur culture (aux rafflésie, hein, pas au tétrastigmas) assez délicate et fait que certaines espèces de rafflésie sont aujourd'hui menacées d'extinction.

Pour cela, il est nécessaire de commencer par entrer dans la cellule, ce qui demande déjà une certaine spécialisation (même au sein d'un même individu, les virus ne vont pas attaquer toutes les cellules : par exemple, le VIH ne s'attaque qu'à nos globules blancs), puis d'interagir avec les mécanismes qui servent à répliquer notre ADN ou notre ARN.

On ne sait pas encore comment la vie apparaît, mais on sait que la nôtre est le fruit d'une certaine histoire, et d'une adaptation aux matériaux à disposition chez nous, et les deux seraient probablement assez différents ailleurs.

Parce que nos microbes et nous avons été le fruit d'une co-évolution : s'ils peuvent nous infecter, c'est parce qu'on partage une histoire en commun, dans laquelle ils nous ont fréquenté assez pour être au moins aussi efficace à ce jeu que nous ne le sommes à les dégager de là. Nos globules blancs ayant pour fonction de base de dégager tout ce qui ne fait pas partie de l'organisme, que ce soit vivant ou pas, et on tombe malade quand des microbes arrivent à se reproduire à l'intérieur de nous plus vite que nous ne les dégageons.

Mais au niveau biologique, on restait sur la même planète avec des êtres vivants ayant une très grande partie de leur histoire évolutive commune avec la nôtre, ce qui n'a juste rien à voir. Une histoire évolutive d'ailleurs tellement commune qu'on trouvait des représentants de la même espèce homo sapiens des deux côtés de l'océan.

Parce que si des deux côtés nous avions des cellules d'homo sapiens qui peuvent être infectées de la même manière, les colons trimballaient beaucoup plus de microbes avec eux que les natifs n'en avaient à partager en retour. Et ça c'est à cause de l'élevage.

De l'autre côté de l'océan, l'élevage était pratiqué de manière beaucoup moins intense, donc les microbes avaient beaucoup moins de ponts pour passer d'une espèce à l'autre. Résultat, ils avaient beaucoup moins d'infections à nous transmettre que nous n'en avions à leur offrir en échange.
D'ailleurs, à ce sujet : https://lejournal.cnrs.fr/articles/quand-lhomme-favorise-les-epidemies
Mais ça, c'est donc le fruit d'une co-évolution : ça fonctionne comme ça précisément parce que ce n'est pas une vie alien qui s'est développée de façon totalement déconnectée de la nôtre, mais des parasites qui se sont spécialisés pour attaquer des êtres humains.

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Bon, évidemment, un truc peut nous tuer sans s'y prendre comme nos microbes, on peut imaginer plein de façons plus ou moins atroces de mourir au contact d'une vie extraterrestre. M'enfin, il n'y a même pas besoin de rencontrer des aliens pour ça, on peut aussi mourir juste en creusant un trou, comme Brink l'a appris à ses dépends.

L'oxygène était un poison toxique pour pas mal d'organismes de la Terre primitive, qui s'en sont débarrassés en l'évacuant dans l'atmosphère, où il s'est accumulé assez pour la rendre irrespirable pour eux, jusqu'à ce que les (au départ rares) êtres vivants qui arrivaient à l'utiliser ne deviennent de loin les plus nombreux.

Mais bon, à partir du moment où il suffit de poser quatre plaques sur un piédestal pour qu'un astéroïde rebrousse chemin en dépassant la vitesse de la lumière… La science-fiction, c'est cool pour la partie science, mais aussi pour la partie fiction, après tout !

question sans doute bête
Une question qui n'a rien a voir avec ce jeu me vient en tête...
et quand est il des "pollution" humaines précédentes?
par exemples une bactéries qui aurait été transporté par une sonde précédemment envoyé,
est ce que le risque est accru? décrue? quasi nul?
re: question sans doute bête
Traverser l'espace est passablement dangereux pour des organismes vivants, mais des bactéries (et pas que) ont montré une capacité assez intéressante à arrêter toute activité le temps du trajet et à pouvoir « reprendre vie » en rentrant sur Terre. Donc théoriquement, si une sonde se pose dans un endroit habitable, il est possible que celui-ci soit contaminé par la vie terrestre.
(Et ça me relance le thread, je vais faire cinq pouets de plus.)
re: question sans doute bête
Et comme, à l'époque, y avait encore pas mal de cailloux qui tombaient du ciel en projetant des débris dans l'espace, il est théoriquement possible que des formes de vie aient été échangées entre les deux planètes de cette manière.
Je renverrais bien vers Wikipédia à ce sujet mais l'article actuel est, disons, assez léger : https://fr.wikipedia.org/wiki/Lithopanspermie
re: question sans doute bête
C'est pour cette raison que la sonde Cassini, par exemple, a été envoyée se scratcher dans Saturne à la fin de sa mission : les chances qu'un truc comme ça se produise dans Saturne sont minimes, mais on voulait à tout prix éviter que la sonde ne finisse par accident par percuter Encelade, qui est un des rares endroits où on trouve de l'eau sous forme liquide et donc où une forme de vie a potentiellement pu apparaître.
re: question sans doute bête
Ça va dépendre beaucoup du type de bactéries. L'écrasante majorité de celles qu'on a sur Terre sont totalement sans danger pour des êtres humains (voire même pour n'importe quoi d'autre, plein de bactéries ne sont pas pathogènes. D'ailleurs, nous ne pourrions pas vivre sans un paquet de bactéries assez utiles vivant dans notre tube digestif). Les risques qu'un truc inoffensif ne devienne dangereux pour nous sans être en contact avec nous sont infimes.
re: question sans doute bête
S'il s'écoule suffisamment de temps, a priori, on peut accumuler suffisamment de mutations des deux côtés pour que ce qui leur permettait de nous attaquer perde grandement en efficacité. Mais combien de temps il faudrait pour ça, c'est beaucoup plus dur à estimer, vu que globalement ça dépend surtout du hasard de l'évolution.
@elzen Merci beaucoup pour toutes ces infos ! Pour ma part, ce qui m'avait fait tiquer c'était surtout la manière un peu maladroite des personnages de parler de ces questions, forcément fondamentales dans leur situation, mais en les expédiant quand même très très vite. Forcément, c'est un jeu et il y a une balance à trouver entre le réalisme (imposé par l'équipage en partie scientifique) et le fun (parce qu'on a évidemment envie d'aller explorer ce monde nouveau, sans se soucier de l'oxygène !)
@elzen C'est vrai que si le scientifique se mettait à délivrer tout ce raisonnement en plein milieu du jeu, on se demanderait un peu ce qui se passe. 😄 Même si ça n'a pas grand chose à voir, ça me fait un peu penser à cette vidéo qui me laisse toujours hilare à chaque visionnage.
https://www.youtube.com/watch?v=-UYgORr5Qhg
Je trouve d'ailleurs intéressant de noter que, dans le jeu, ils font explicitement poser la question à Low pour que Brink réponde immédiatement par la négative. Si Low s'était contenté de dire que l'air est respirable (« en tout cas autant que celui de Los Angeles ») et avait aussitôt retiré son casque sans évoquer du tout la question des microbes, combien de joueurs y auraient pensé ?