Le Livre d'Argent

Tiens, je suis en train de bosser sur mon deuxième bouquin, là, et dans une partie qui en plus cause (mais très peu) de linguistique, j'ai eu à hésiter entre « auteure » et « autrice ». Du coup je suis allé faire un petit tour de mes dictionnaires préférés pour voir ce qu'il en était. Et du coup, je me suis dit que ça pouvait valoir le coup de vous threader ça.

On commence évidemment par le @wiktionnaire qui a évidemment une page dédiée pour les deux :

https://fr.wiktionary.org/wiki/auteur
https://fr.wiktionary.org/wiki/auteure
https://fr.wiktionary.org/wiki/autrice

Comme d'hab, c'est là que j'ai trouvé la partie étymologie la plus fournie, notamment que « autrice » date du ⅩⅤème siècle, tandis que « auteure » daterait de 1979 (y a pas l'air d'y avoir de sources fournies pour ça ceci dit). La page pour la forme masculine contient d'ailleurs des liens vers d'autres formes féminines.

Au tour du Littré ! Pas de forme féminine dedans, mais une remarque sur l'utilisation de la forme masculine au féminin.

https://www.littre.org/definition/auteur

Rien de bien folichon, mais le dico date du ⅩⅨème, soit après la masculinisation de la langue par l'Académie, et avant les mouvements féministes qui ont permis de re-féminiser des choses, donc c'est probablement assez logique.

On passe évidemment au TLFi, ce qui nous emmènera aussi faire un petit tour vers les dicos de l'Académie présents sur le même site :

https://www.cnrtl.fr/definition/auteur

Une remarque signale qu'« il n'existe pas de forme fém. » (et que donc on utilise la forme masculine pour les deux genres), mais le même paragraphe précise que « autrice » a existé par le passé (mais son usage récent serait juste « une résurgence isolée »). Pas de mention de « auteure ».

Évidemment, aucun des trois dicos de l'Académie sur le site ne fait mention ni de l'une, ni de l'autre des formes féminines, 'faut pas rêver non plus.

C'est tout ce que j'ai comme dicos en ligne, mais il en reste un d'assez intéressant au format papier : le Dictionnaire historique de la langue française, sous la direction d'Alain Rey. Et il y a bien des choses intéressantes dedans !

D'après l'édition dont je dispose, qui date de 2 012 donc qui commence à dater un peu quand même, « le mot n'a pratiquement pas de féminin en français d'Europe » (ce qui est déjà un peu plus que pour le TLFi), mais il liste quand même quelques formes désuètes (les mêmes que sur la page « auteur » du Wiktionnaire, à vue de nez). Il indique que « autrice » est « plus régulier et plus ancien », mais le considère encore comme « peu usité ».

En revanche, il signale que « auteure » serait plus spécifiquement québecois, ce que j'ignorais et qui n'est visiblement pas renseigné côté Wiktionnaire. Il faudrait donc sans doute aller ajouter ça (mais le temps que je vérifie comment ce genre de points est indiqué d'habitude, quelqu'un d'autre m'aura pris de vitesse, je suppose ?)

C'est tout ce qui me vient en tête là comme ça pour avoir des infos sur la question, mais si vous avez d'autres suggestions de sources intéressantes à consulter, je prends. Je pourrais aussi vous faire un mini-sondage pour vous demandez laquelle des deux formes vous préférez, mais si c'est moi, la question aura trop peu de visibilité pour que ce soit intéressant, je pense.

Par contre, peut-être que @tract_linguistes voudra le faire de son côté, ou aura des précisions à rajouter à ce que je viens de dire ? :-)
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@elzen quelques compléments dans la vidéo de Maria Candea sur le site de la médiatrice de Radio France 'Autrice quand même c'est moche', elle revient notamment sur le tir nourri que ce mot a pu subir au fil du temps, une vraie guerre idéologique ⤵️ https://mediateur.radiofrance.com/chaines/radio-france/autrice-maria-candea/

'Auteure' a effectivement été créé au Québec dans les années 70, à un moment où l'histoire de 'autrice' était inconnue et en France on rabâchait du masculin 'neutre'. 1/2

@elzen
Ça semble peu constructif de lancer un sondage 'quelle forme préférez vous' sans expliquer les arguments de chaque forme. Faudrait 'voter' en connaissance de cause...

Par exemple Claire Michard, linguiste féministe, préfère 'auteur' parce qu'elle pense que le féminin est irrémédiablement minorant, mais elle préconise l'abolition du féminin pour les humains. Donc madame l'infirmier, le caissier, le secrétaire, l'acteur pas seulement madame l'auteur, le ministre.

Etc... (Bcp à dire!) 2/2

@tract_linguistes

@elzen

Perception personnelle de pas linguiste : facteur, factrice ; directeur, directrice ; acteur, actrice ; auteur, autrice.

Moche ?

C'est juste parce que l'usage avait été abandonné.
Avec l'habitude, les gens le trouveront naturel.

@petitevieille @tract_linguistes De mon côté, j'ai une petite préférence pour « auteure », parce que je rapproche ça d'autres mots comme « docteure » (que j'ai croisé plus souvent que « doctoresse » jusque là) ou « ingénieure ». D'ailleurs, rétrospectivement, ça ne m'étonne pas que ce soit québecois, j'ai une certaine tendance à trouver les néologismes québecois assez élégants, d'une manière générale.

Ceci dit, pour mon bouquin, j'ai décidé d'utiliser « autrice » en priorité. D'abord parce que d'après ces dicos et ce que je peux voir passer ici (pas forcément représentatif, certes), ça a l'air d'être le terme le plus connu et utilisé. D'autre part parce que ça permet d'amener un peu mieux les points que je veux évoquer.

@elzen @petitevieille @tract_linguistes

Autrice et auteurices en mode inclusif.

Et hop !

@elzen Personnellement, je préfère « autrice » car ça suit la règle d’accerd de genre des mots en -teur (facteur/factrice, instituteur/institutrice, etc.) alors que « auteure » introduit une nouvelle exception.

@elzen J'utilise "autrice" parce que ça s'entend à l'oral et que ceux qui écoutent peuvent pas faire semblant de pas entendre.

@Sylvhem @elzen
quand j'étais petite (je n'étais pas grande!), à l'école, on m'a appris à dire autrice pour exactement la même règle grammaticale !
et en 40 ans j'ai toujours appliqué cette règle autism

@elzen note : à l’oral, "une auteure" et "une hauteur" sont homophones. Utiliser "une autrice" permet d’éviter une ambiguïté (même si le contexte d’usage des ces deux mots est différent et lève habituellement l’ambiguïté).

@KallyGeekette @Sylvhem @elzen Je vois un autre avantage à autrice : ça s'entend à l'oral !