Le Livre d'Argent

Elzen | @elzen@fadrienn.irlnc.org

@charles @jor @LoboTom @mathieui ('connais pas le gus non plus, mais dans le doute, il y a une chouette version sur framamèmes. En plus, avec framamèmes, l'alt-text est généré automatiquement, donc c'est pratique.)

Voilà, c’est la fin de ce fil. Merci de l'avoir lu. On espère qu’il vous aura plu. N’hésitez pas à le partager. On prend évidemment les questions (polies !!!).

En attendant, on va boire un grand bol de camomille, parce que pfiou, quelle tannée !

Si on a un gouvernement de gauche avant les présidentielles (et qui dure, on va dire, 6 mois) je vous JURE que je vous live-pouete tout Hérodote ou Thucydide ou les guerres puniques chez Tite-Live ou même Polybe bien que ce soir beaucoup trop long

re: Politique française
@Sylvhem En ce qui me concerne, ça tombe pile pendant ma semaine de vacances…

@lord Tiens, c'est amusant, j'ai remarqué qu'il y avait une différence entre les résultats qui s'affichaient ici et ce que tu as donné dans ce pouet, mais ça s'est actualisé précisément pendant que je regardais plus en détails combien.

@lienrag Film d'ailleurs adapté du roman éponyme de Carl Sagan, d'où provient la citation qui sert de conclusion au thread.

@fgrosshans La galaxie entière tourne, donc ce n'est pas parce que le Soleil a déjà été de l'autre côté qu'il est forcément passé plus près d'objets qui s'y trouvent maintenant. Mais d'un autre côté, effectivement, il n'a pas toujours été aussi loin des nébuleuses qu'il ne l'est actuellement, ne serait-ce que parce qu'il s'est formé à l'intérieur de l'une d'elles, comme toutes les étoiles.

Je ne suis pas spécialiste en dynamique galactique et j'ai peut-être un peu sur-simplifié ici. Mais oui, l'idée est que l'ensemble de la galaxie ne nous est pas accessible, donc raisonner sur sa taille complète nous conduit à surévaluer.

@stephanedevannes Si on arrivait à identifier sur Terre des signes d'une visite extraterrestre, ça soulèverait sans doute plus de questions que ça n'en résout, en tout cas. C'est une des raisons pour lesquelles, suivant le principe de parcimonie, c'est rarement une hypothèse à privilégier.

En pratique, on a quand même assez peu de raisons de penser que ça pourrait être le cas, il y a tout un tas d'explications beaucoup plus convaincantes pour la quasi-totalité des phénomènes rapportés.

(Après, on sait déjà que notre connaissance actuelle de l'univers est très vraisemblablement en partie erronée. Mais jusque là, quand on arrive à identifier et corriger ces erreurs, ce n'est pas ce chemin-là que ça prend.)

@lienrag La vitesse de la lumière est une vitesse limite en effet. Cependant :

– Il n'y a pas que la lumière qui aille à cette vitesse, les neutrinos aussi, par exemple,

– Il faut aussi compter avec l'expansion de l'univers, qui fait que certaines galaxies peuvent apparaître localement comme s'éloignant plus rapidement que la lumière (même si leur vitesse réelle de déplacement est inférieure).

Mais ça demanderait d'entrer pas mal plus dans les détails, d'où mon « à peu près » pour résumer.

@lienrag Aucune idée de ce qui pourrait techniquement être mis au point par une espèce évoluant entièrement sous l'eau (pas vraiment mon domaine ^^"). Une bonne partie des êtres vivants dans nos océans à nous (pas tous cependant) ont une certaine tendance à ne pas avoir de bras, ça doit limiter un peu.

La question de savoir comment tu peux techniquement concevoir quelque chose qui va dans l'espace quand creuser un trou dans le plafond de glace au dessus de toi est susceptible de dépressuriser l'espace qui t'environne (et de comment tu as l'idée de faire ça à la base) doit jouer aussi.

Mais dans tous les cas, c'est de la spéculation sans données, donc pas ce qu'on fait de plus solide.

@lienrag Je commente l'« équation » telle qu'elle a été formulée par Drake. À l'époque, on ne savait pas encore pour les océans sous la surface, donc ça n'a pas dû lui traverser l'esprit (cf la remarque précédente : ç'pas une équation, c'est la liste des critères qui lui sont venus à l'esprit, pour s'interroger sur à quel point ils sont sélectifs).

Ceci dit, quand même deux choses : d'une part on est pour l'heure totalement incapables de détecter des lunes autour d'exoplanètes (tiens, d'ailleurs, je causerai peut-être des techniques de détection une prochaine fois, j'ai plusieurs fois tourné autour du sujet sans y entrer, ça mériterait), donc bon, l'intérêt de spéculer sans données est faible. Et dans l'absolu, que la vie soit sur une lune ou sur une planète, ça revient un peu au même dans l'affaire.

D'autre part, si on veut donner davantage de poids à la probabilité d'une vie sur un objet de type Europe/Ganymède, avec un océan piégé sous la glace, alors ça devrait aussi rendre plus sélectif le filtre de la capacité à communiquer, donc le résultat final devrait assez peu varier (puisque l'idée est d'évaluer un nombre de civilisations avec lesquelles on pourrait entrer en contact).

25/25 Donc voilà, l'équation de Drake est célèbre, mais pas forcément si intéressante que ça, d'autant qu'elle date d'une époque où nos connaissances sur l'univers, étaient nettement moins avancées qu'elles ne le sont aujourd'hui. Néanmoins, même s'il est peu probable d'arriver à communiquer avec des extra-terrestres, je vais quand même conclure par la remarque de Carl Sagan : « Si nous étions seuls dans l'univers, ce serait un beau gâchis d'espace. »

Sinon, mon thread de la semaine dernière semble avoir bien plu, donc merci à vous, j'espère que celui-ci vous plaira aussi :-) Je vais par contre peut-être essayer de faire un peu plus léger pour les prochains, parce que là j'ai mis une bonne partie de la semaine à bosser dessus. Mais on verra. D'ailleurs, si vous avez des idées ou des questions, n'hésitez pas !
Et pour conclure ce thread, la célèbre image du film E.T. où l'on voit le vélo voler avec une lune un peu trop gigantesque derrière lui.

24/25 Pour autant, même si mon estimation personnelle de ces différents facteurs me conduit à considérer comme très peu vraisemblable qu'on détecte une forme de vie intelligente autour de nous, je ne veux pas jeter la pierre au projet SETI dans son ensemble, qui a quand même amené pas mal de choses intéressantes.

En particulier, c'est d'abord pour les besoins d'analyse de ce projet qu'a été conçu un très chouette outil, BOINC, qui vous permet d'offrir une partie de la puissance de calcul de votre ordinateur pour faire progresser la recherche scientifique. Juste, je vous conseillerais personnellement de choisir plutôt des projets autour de la médecine ou du climat, mais il y en a plein de disponibles, donc n'hésitez pas à aller voir ça d'un peu plus près.

En commençant par là, par exemple : https://fr.wikipedia.org/wiki/Berkeley_Open_Infrastructure_for_Network_Computing

23/25 On estime qu'avec nos moyens actuels, on pourrait détecter des signaux artificiels s'ils étaient émis dans les cent cinquante années-lumière autour de nous. C'est déjà pas mal, mais c'est quand même beaucoup moins que notre galaxie prise dans son ensemble : seulement huit ou neuf mille étoiles, et une bonne partie des exoplanètes connues sont plus loin que ça.

J'ai un peu plus de mal à trouver une liste par distance des nébuleuses où se forment les étoiles, mais elles sont globalement pas mal loin aussi (la grande nébuleuse d'Orion est par exemple à environ 1 300 années-lumière de nous, et celle de l'aigle, où se situent les piliers de la création, à environ 7 000). Donc, si on veut en revenir aux paramètres de l'équation de Drake, le nombre d'étoiles qui se forment par an dans ce voisinage de 150 années-lumière autour de nous est environ de zéro, ce qui limite un peu le résultat de l'équation.
Plan de la Voie lactée : il s'agit de la représentation d'une galaxie spirale avec de multiples indications de position d'objets célestes connus (indiqués par un indicatif de catalogue, M pour celui de Messier et NGC pour le New General Catalogue, suivis par le numéro de l'objet dans ce catalogue). Tous ces objets ne sont pas des nébuleuses, mais, d'après l'échelle fournie, aucun des objets indiqués ici n'est à moins d'un millier d'années lumière de nous.

22/25 Sans compter le fait que, si on mise sur une vie avec laquelle on pourrait communiquer, la durée de cette communication est à prendre en compte. Mettons qu'on détecte une civilisation à cent années-lumière d'ici : on leur envoie un message, iels ne le reçoivent que dans un siècle. Il faut ensuite autant de temps pour recevoir leur réponse. Ça fait peut-être un peu lent pour espérer tenir une conversation.

Détecter de la vie sur une autre planète serait une très chouette nouvelle. Mais il faut sans doute se mettre en tête que c'est à peu près tout ce qu'on pourrait faire : la détecter, et peut-être vaguement regarder de très loin (et avec beaucoup de latence) ce qui se passe. L'univers est trop grand autour de nous pour espérer pouvoir interagir.
Célèbre planche du WebComic The Oatmeal. Dans la première case, deux personnes marchent l'une à côté de l'autre et la première demande (en anglais) « Oracle, sommes-nous seuls dans l'univers ? ». Dans la seconde case, vue de beaucoup plus loin pour qu'on puisse observer un bout de ciel et le fait que ces deux personnages sont assez isolés, l'oracle répond « Oui. » Dans la case suivante, la première personne insiste, surprise, « Donc, il n'y a pas d'autre vie ailleurs ? » La case suivante nous montre un gros plan sur l'oracle qui répond « Il y en a. » Puis la dernière case est de nouveau vue de loin, montrant le ciel étoilé et l'oracle qui précise « Ils sont seuls aussi. »

21/25 Nos télescopes nous permettent de voir plus loin que nos seuls yeux, évidemment, mais plus on s'éloigne, plus on perd le détail des informations qu'on reçoit. Et eux mêmes ont une portée limitée : sur les cent mille années-lumière de diamètre de notre galaxie, une bonne partie nous est simplement inaccessible.

L'argument global derrière l'équation de Drake est de dire que, vu que notre galaxie est énorme (elle compte plus de deux cent milliards d'étoiles, c'est quand même pas mal), alors il y a forcément de la vie ailleurs, et probablement aussi de la vie intelligente. Et ça se tient. Mais ça néglige quand même de souligner qu'elle a de bonnes chances d'être trop loin pour qu'on puisse la détecter.
Représentation de notre galaxie, la Voie lactée, vue depuis l'extérieur (il s'agit d'une reconstitution, envoyer un robot à cette distance pour prendre une vraie photo demanderait quelques millions d'années de voyage). La position (approximative) du soleil est indiquée par une croix accompagnée d'une mention « vous êtes ici » dans l'un des bras spiraux, à un peu plus de mi-chemin (26 000 années-lumière environ) du centre.

20/25 Et, bien sûr, cette durée/distance varie pas mal d'une étoile à l'autre. Dans la salle du planétarium, je compare en ce moment souvent deux d'entre elles : Véga, l'étoile principale de la Lyre, est à 25 années-lumière de nous. Ce qui signifie que d'éventuels extraterrestres qui nous observeraient depuis là-bas nous verraient en ce moment en train de finir de fêter l'an 2 000.

Ça vous paraît beaucoup ? « Pas très loin » dans notre ciel se trouve Déneb, l'étoile principale du Cygne, qui elle se situe à… 1 600 années-lumière de nous. Des extraterrestres qui nous observeraient depuis là-bas verraient eux encore la fin de l'antiquité. Et ce sont pourtant deux étoiles visibles à l'œil nu, donc relativement proche, quand la plus grande partie de notre galaxie est trop loin pour être visible.
Capture d'écran de Stellarium montrant le triangle d'été, formé par les trois étoiles les plus brillantes du ciel à cette saison : Altaïr, dans la constellation de l'Aigle, Véga, dans celle de la Lyre, et Déneb, dans celle du Cygne. Les noms des trois étoiles sont indiqués, mais aucune constellation n'est tracée.

19/25 D'autant qu'il y a encore un autre point sur lequel le temps joue un rôle assez essentiel : celui de la durée nécessaire à ce que l'information puisse se propager jusqu'à nous. En effet, que ce soit pour capter des communications ou pour tenter d'identifier des traces de vie sur une exoplanètes, notre intermédiaire est le même : la lumière (au sens large, incluant les ondes radios). Et la lumière a une vitesse limitée.

Elle est, certes, très rapide, plus rapide qu'à peu près tout le reste dans l'univers, avec ses 299 792 458 mètres (ou, en arrondissant, 300 000 kilomètres) par seconde. Mais les distances qui nous séparent des étoiles sont simplement astronomiques, faisant que même la lumière a besoin d'un bon paquet d'années pour faire le trajet.
Image illustrant la page Wikipédia sur la vitesse de la lumière. On voit, sur fond de ciel étoilé, la Terre sur son orbite autour du Soleil, qui est visible au loin (la Lune est également présente sur l'image). La distance (moyenne) de cent cinquante millions de kilomètres entre notre planète et son étoile est mentionnée ; la lumière ayant déjà besoin de plus de huit minutes pour parcourir une telle distance.

18/25 Pour reprendre le même caractère comme exemple, notre pouce opposable est caractéristique du groupe des primates, qui fait son apparition il y a un peu moins de soixante millions d'années, donc après le célèbre impact d'un astéroïde ou d'une comète ayant entraîné la disparition des dinosaures non-aviens (dont il faudra d'ailleurs peut-être aussi que je cause un jour). Et donc au sein de ce groupe, notre espèce n'est âgée que de quelques centaines de milliers d'années.

L'évolution étant due à l'accumulation de mutations apparues par hasard (un hasard par ailleurs stabilisé par la sélection naturelle), il est encore une fois très incertain d'extrapoler, à partir de notre seul exemple, le temps qu'il faut pour qu'une espèce capable de communiquer apparaisse. Et donc de se limiter au nombre d'apparitions d'étoiles et à la durée de vie d'une civilisation pour mesurer l'intervention du temps dans l'affaire.
Capture d'écran de l'excellent documentaire Espèces d'espèces. On y voit un grand nombre de caractères évolutifs qui composent notre corps (pouce opposable, œil, poil, etc.) se répartir sur une frise chronologique, montrant combien de millions d'années se sont écoulés depuis que nous les avons acquis.

17/25 Mais c'est encore pire quand on considère que l'histoire ne commence pas avec notre espèce : il a d'abord fallu que les hasards de l'évolution fassent apparaître une espèce dotées des capacités cérébrales requises pour ça, mais aussi de quelques autres éléments indispensables (par exemple la capacité à manier efficacement des outils, grâce au pouce opposable sur notre main).

La vie est apparue sur Terre il y a plus de trois milliards et demi d'années, peut-être même plus de quatre. Si on a pu en relever des traces fossiles, ce n'était en revanche à l'époque que des formes de vie microbiennes. J'en parlais rapidement la semaine dernière, les grandes lignées animales et végétales actuelles n'ont commencé à se diversifier qu'il y a cinq à six cent millions d'années, soient beaucoup plus tard, à une époque qu'on appelle le Cambrien.

D'ailleurs, si ça vous intéresse, lisez ça, c'est assez passionnant : https://fr.wikipedia.org/wiki/Explosion_cambrienne

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