Le Livre d'Argent

En ce jour de commémoration de la fin d'une guerre, retournons en pleine (autre) guerre, et plus exactement dans les guerres samnites racontées pas objectivement du tout par Tite-Live (Livounet) dans son livre IX, chapitres 20 et suivants.
Au menu, ce soir, des sièges, des batailles, des batailles, des sièges, ET l'histoire du censeur pourri qui, en vrai Romain, a balancé des arguments juridiques et a construit un truc.

Tite Live, livre IX, partie II, un THREAD ⬇️

DONC ! Après s'être fait humilier par les Samnites aux Fourches caudines et s'en être revanchés trois fois, Rome vit sa meilleure vie. Des ambassadeurs samnites viennent d'ailleurs supplier le sénat et le peuple romain de leur accorder un traité de paix.
– Si le peuple est d'accord, dit le sénat.
– NON, dit le peuple.
– Même si on passe des jours à faire du lobbying intense auprès de chaque citoyen important ? font les envoyés.
– OK, mais alors juste une trêve de deux ans, hein.

D'autant que les peuples d'Apulie, eux-mêmes fatigués de se faire tabasser par les Romains tous les quatre matins, viennent aussi demander la paix... quitte à devenir sujets de Rome.
Une prise de bec avec les Lucaniens permet même à Rome de se baladouiller en Italie du Sud. Et elle envoie des citoyens à elle s'occuper des lois et des magistratures de Capoue et d'Antium.
Incroyable, Rome exerce du soft power.

En 316 cependant, et sans que Livounet nous dise pourquoi, Rome nomme un dictateur.

Celui-ci met le siège devant la cité fortifiée de Saticula, à la limite du territoire samnite, ce à quoi les Samnites répliquent en s'écriant : Hééééééé c'est pas du juste ! Si c'est comme ça y a pu la trêve BASTON. L'armée romaine du dictateur Lucius Aemilius se trouve alors prise entre deux feux, avec une grooooosse armée samnite d'un côté, et de l'autre les habitants de Saticula qui sortent de leur citadelle en chargeant. Oupsie.

Mais aidé par un terrain favorable et des manœuvres précises, le dictateur Aemilius réussit à repousser les assiégés, d'une, à mettre en déroute l'armée samnite, de deux.

– Bon, font les Samnites, puisque les Romains assiègent Saticula, on va assiéger leur alliée Plistica, non mais.

Ils mettent le siège, cependant, par une redondance/incohérence qui laisse penser que les sources de Livounetse contredisent, ils décident finalement de plutôt refaire une grooosse bataille à Saticula.

Or cependant, à Rome, c'est les élections, on renomme des consuls, on renomme aussi un dictateur : Quintus Fabius, qui remplace Aemilius au siège de Saticula.

Et puisque un type de la famille Fabia-qui-fait-que-des-trucs-épiques-cf-tous-les-livres-précédents est arrivé, le siège prend des proportions massives.

Déjà, les Samnites veulent provoquer le sage et fort Fabius au combat.
Fi ! il les ignore pour se concentrer sur le siège.
Rageux, les Samnites redoublent de provoc.

Ils chevauchent sous les palissades du camp romain en lançant des lazzi.
Fabius est trop bon général pour céder MAIS son n° 2, le maître de cavalerie Quintus Aulius Cerretanus, bondit sur son cheval et charge les importuns. Ah le con. S'engage une bataille avec des pertes immenses et des topoi d'épopées. Aulius qui abat le chef samnite d'un coup de lance, les Samnites le percent de mille dards, le frère du général pourfend Aulius, chaque camp se bat pour récupérer le cadavre de son chef.

Ah ça on sent que les chroniqueurs du clan Fabii lisaient l'Iliade, tiens.

Privés de leur général, les Samnites se replient sur le siège de Plistica, abandonnant celui de Saticula. Chaque ville tombe quelque temps plus tard d'ailleurs. 1 partout.

Les Romains se dirigent alors vers Sora, une cité d'Apulie dans laquelle ils avaient envoyé leurs colons... que la population a eu le mauvais goût de massacrer. Sauf que, en route, les Romains se rendent compte qu'une armée samnite leur file le train.

Belote et rebelote, bataille et rebataille : les Samnites et les Romains s'empoignent.
Sauf que, cette fois, les Romains ne gagnent pas. Tite-Live nous dit que la nuit a interrompu le combat trop tôt, parce que bon, un Romain, ça perd pas.

En tout cas, l'armée de Quintus Fabius se retrouve coincée dans son camp pas loin d'une grosse armée samnite.

Heureusement, à Rome, on a appris la mort du brave et bête maître de cavalerie Aulius, et on a nommé un remplaçant... Gaius Fabius.

ENCORE un Fabius, c'est pas possible, ils poussent comme des champignons.

Avec une armée toute fraîche, Gaius Fabius vient au secours de Quintus Fabius.
Lequel, apprenant la chose par des messages, décide... de ne pas en dire un mot à ses soldats.

À la place, il les assemble, leur fait un discours comme quoi : "On est cernés, on n'a plus aucun espoir sinon de BOUFFER du Samnite comme des LIONS allez on charge et on ne recule pas on met même le feu au camp pour nous forcer à tout donner."

Galvanisés par cette technique managériale tordue, les Romains incendient leur propre camp et se jettent sur l'armée samnite !
De loin, Gaius Fabius, voyant l'incendie, fait : "C'est le signal !" et assaille lui aussi l'ennemi par un autre côté.

Du coup, les Romains gagnent, les Samnites s'enfuient et/ou se font massacrer, fun, victoire et hémoglobine, et même le camp incendié n'a pas été tant détruit que ça finalement.

Ce moment de divertissement vous a été offert par le clan Fabii(TM).

Les Romains viennent donc assiéger Sora. Mais la cité se révèle difficile à prendre ; heureusement pour les Romains et tragiquement pour les Sorani, un déserteur de la ville leur donne la stratégie gagnante.
Par un chemin étroit et raide, dix Romains s'introduisent de nuit dans le point le plus haut de Sora, d'où ils bombardent la ville de gros cailloux ; pendant ce temps, le déserteur sème la panique en ville, et les Sorani terrifiés et confus ouvrent eux-mêmes les portes...

CW guerre, massacre, exécutions

... laissant l'armée romaine s'engouffrer dans la ville et décimer la population.

Les chefs de l'armée romaine n'ont plus qu'à entériner la reddition à l'aube.

225 Sorani, désignés comme les auteurs de la révolte contre les des colons romains, sont envoyés à Rome... où ils sont décapités en public.

Livounet ne donne pas le nom de ce déserteur de Sora, mais je me demande si celui-ci a eu des descendants ministres des Outremer.

Mais ces histoires de révolte de cités occupées par des colons romains ont semé une drôle d'ambiance à Rome.
"C'est sûr, se disent les Romains, en Italie du Sud, ils conspirent contre nous !" Surtout la Campanie, et Capoue, la cité qui a si imprudemment invité Rome chez elle dans le livre VII. L'atmosphère ne s'arrange pas quand 12 jeunes nobles de trois cités des Aurunci débarquent à Rome et déclarent que leurs concitoyens sont en train de trahir les Romains !

CW guerre, massacre, génocide ?

Eh oui, si les Samnites avaient gagné, les cités d'Ausona, de Minturnae, de Vescia leur auraient ouvert grand leurs portes...

– QUEUOUAH ??? s'insurge Rome, et sur les conseils des nobles, elle envoie des troupes prendre ces trois villes par la ruse et les embuscades.

Ce qui débouche sur des massacres si violents que, nous dit Tite-Live, le peuple de ces villes disparut complètement.

GLOUPS.

En 314, la cité de Luceria essaye aussi de passer aux Samnites.

CW guerre, massacre, génocide ?

Luceria se fait cependant reprendre aussi sec et massacrer sans pitié.
Rome tellement la rage contre Luceria qu'on évoque l'idée de la détruire complètement, puis on envoie finalement des colons la repeupler, parce que gâcher de la bonne terre, c'est mal.

Ce chapelet de trahisons n'apaise cependant pas l'ambiance à Rome, qui verse dans le conspirationnisme +++.
C'est sûr, dans les villes, dans les campagnes, à Rome, à Capoue, partout, les traîtres sont là !!

CW mention suicide

On décide alors de lancer une enquête sur une possible conspiration à Capoue. Elle est chapeautée par un dictateur, Gaius Maenius, issu d'une famille plébéienne récemment riche et influente.

Mais ne vous attendez pas à un récit d'investigation avec Maenius en flic usé perçant de ses yeux fatigués les secrets sordides de la nature humaine. Non : à peine l'enquête est-elle lancée que pouf ! deux jeunes nobles capouans, Ovius et Novius Calavius, décèdent, sûrement d'un suicide.

Ah les traîtres ils étaient coupables, ils se sont supprimés au lieu de se faire déshonorer dans un procès ! pense l'opinion romaine, et l'histoire aurait pu s'arrêter là...

... si Maenius n'avait pas argué qu'on l'avait nommé pour trouver des conspirations, alors il allait trouver des conspirations. D'ailleurs il allait enquêter à Rome voir s'il ne s'y trouvait pas un peu des conspirations. Bref, il s'auto-dote de pouvoirs qui rivalisent d'étendue et de flou avec nos lois antiterroristes.

Maenius accuse en plus des gens importants à Rome ! des patriciens ! Ceux-ci vont trouver les tribuns de la plèbe pour demander leur protection. Sauf que les tribuns refusent tel un.e délégué.e CGT à qui on demanderait de négocier une augmentation de dividendes des actionnaires de Total.

– Quelle honte, se défendent les nobles accusés, jeter l'opprobre sur de vieilles familles honorables ! alors qu'on sait que les conspirations, ça profite plutôt aux parvenus... comme Maenius justement !

Les patriciens exigent alors que Maenius renonce à enquêter sur eux, sinon ils le traîneront en justice pour complot à son tour quand il aura dû quitter son poste de dictateur.

Devant cette tentative de procédure-bâillon, Maenius se rend devant le peuple et, après un discours assez simple et direct, il démissionne pour qu'on le juge plus vite.

Il est jugé devant les consuls... et acquitté.
Na na nère les patriciens.

Pendant ce temps-là, les Samnites :
– Regardez, Rome est occupée par ses divisions politiques !
– Peut-être qu'on peut lui reprendre Capoue ?
– Vite, assemblons toutes nos forces à Caudium, ça a bien marché la première fois !

En 314, donc, Romains et Samnites se font de nouveau face à Caudium. Les Romains sont menés par les consuls Sulpicius et Poetelius.
Évitant de se battre dans les Fourches (chat échaudé, eau froide, tout ça), les armées se déplacent dans une plaine.

La bataille est un peu curieuse, elle est plus ou moins accélérée par les Samnites, et pour diverses raisons chaque camp s'est rangé en une ligne très étirée.
Ce que voyant, le consul Poetelius a une idée : il fait charger les troupes de réserve à l'improviste sur le flanc gauche. Boum ! la ligne samnite est enfoncée. Sur le flanc droit, Sulpicius galère : Poetelius court à son secours, et donc victoire pif pouf.

Devenu dictateur l'année suivante, Poetelius prend la cité de Fregellae.

Après la prise de la ville de Nola un peu plus tard, cette fois, ça y est, on est en 312 Rome considère que c'est plié, la guerre samnite elle est quasi gagnée... quand le sénat a vent d'une possibilité de guerre avec les Étrusques. Vent de panique à Rome. Bon, il s'avère que c'est du flan, mais ça distrait un peu les Romains des affaires du sud de l'Italie. Et de ses propres soucis internes.
Car voyez-vous, en 312, un zigoto célèbre est nommé dictateur : Appius Claudius.

Si vous lisez cette série depuis le début, vous me répondrez : Appius Claudius ? Y a pas 428 hommes politiques romains qui s'appellent comme ça ?

Hélas oui, lecteurice, hélas oui. À Rome ils s'appellent tous pareil. Ça rend dingue. Aussi, ils ont tous la même personnalité. Par exemple, les Quinctii sont flippants. Les Fabii se la pètent. Et les Appi Claudii, c'est pas trop les gentils.

Appius Claudius de 312 est élu censeur, avec pour collègue Gaius Plautius (plébéien, à en croire son nom).

@hist_myth
Laurent Fabius a de qui tenir, alors ! 😂

Le poste de censeur consiste en une tâche et une seule : dresser la liste des citoyens de Rome et déterminer leurs revenus, ce qui indique aussi combien d'impôts ils doivent payer et dans quelle classe d'électeurs ils doivent voter.

En plus, le censeur a le droit de rayer des gens pour des raisons morales. Tu défraies la chronique en dansant la samba tout nu sur le forum tout en chantant du Sardou avec une voix de fausset ? Paf, t'es rayé de la première classe. Tu votes avec les PAUVRES.

@hist_myth En fait, l'histoire romaine par Tite Live, c'est l'ancêtre des histoires super-héros actuelles, t'as genre 10 Green Lantern et 25 Robin différents.
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Or, comme le système de vote est inégalitaire, le poste de censeur est furieusement important.

Et Appius Claudius va le gérer de manière, nous dirons, audacieuse.

Déjà, il réécrit complètement la liste des sénateurs de manière si choquante que son collègue Gaius Plautius démissionne.

Livounet ne précise pas tout de suite ce qui cloche mais il semblerait qu'Appius Claudius ait omis d'intégrer dans le sénat des gens riches et célèbres, au profit de gens moins riches et moins célèbres.

Du coup, ça peut signifier soit qu'Appius Claudius, rejetant son héritage familial d'aristocrate haineux de la plèbe, a tenté d'intégrer des familles plébéiennes dans le sénat ; soit qu'il a inscrit des potos à lui, pour des raisons moins démocratiques (corruption, trafic d'influence ?).

En tout cas, à la démission de son collège, Appius aurait dû quitter son poste. Nenni. Il reste en place, pour faire sa liste.
Et il en profite d'ailleurs pour construire un aqueduc, et surtout une route.

Vous pouvez encore marcher sur cette route, elle fait 500 km, elle va de Rome à Capoue, c'est la Voie Appienne.

Il convainc aussi le clan des Potitii, chargés du culte d'Hercule de père en fils, de transmettre ses rites à des esclaves de l'Êtat qui les assureraient à sa place. Les Potitii s'exécutent. Sauf que pouf, tous les hommes des douze familles du clan disparaissent sans descendance la même année.
Les dieux sont contre la nationalisation de leurs rites, apparemment.

Du coup, tout furieux, les consuls de l'année suivante décident de tenir les élections en ignorant la liste établie par Appius Claudius, qui fait rien que perturber le sénat et déranger la religion.

Ils n'ont cependant pas le temps de s'occuper plus avant de la question, car le sénat doit d'abord régler une grève de joueurs de flûte sacrés (c'est pas inintéressant mais tellement random que je saute) puis mener une double guerre, contre les Samnites et les Étrusques, finalement partis en guerre.

En plus, les Samnites réussissent à prendre la cité de Cluviae et exécutent les Romains qui la gardaient !

Du coup le consul Iunius arrive, prend Cluviae d'assaut, emporte la place, et fait massacrer tous les hommes de la ville en âge de se battre. Pour l'exemple.
Il est fun ce Iunius.

– Putanus de bordelum, jurent les Samnites, contre les Romains les batailles ça marche pas, les sièges ça marche pas... Retentons le seul truc qui a fonctionné jusqu'ici : une bonne vieille embuscade.

À l'aide d'habile désinformation, ils attirent l'armée romaine dans une passe.

Et là, surgissant de nulle part, une armée samnite se montre sur les hauteurs entourant les Romains !

– Ouh lou lou, font les fiers descendants de Romulus, vont-ils nous refaire le coup des Fourches caudines ? Hmm... non. Pas cette fois. On est bien entraînés, on va se rassembler en ordre, on va faire face à l'assaut.

Un petit discours du consul, et ils se lancent dans la bagarre, gravissant la pente en bon ordre.

Ils galèrent bien un peu à grimper la pente en se battant, mais une fois sur terrain plat ils gèrent comme un cycliste pas trop dopé en haut du Tourmalet.
Victoire romaine, fuite des Samnites, massacre, etc.

On se demande un peu d'où sortent toutes les armées samnites si chaque fois qu'elles lèvent le petit doigt contre Rome elles se font démantibuler.

Mais en vérité, c'est au nord que ça chauffe pour Rome, avec toutes les cités étrusques ou presque qui s'allient contre elle.

Les Étrusques assiègent Sutrium, alliée de Rome, et place-forte qui contrôle l'entrée dans le territoire romain.

Autant dire que la place concentre l'attention de tous et toutes comme l'élection d'un pape américain en plein mandat Trump.

Menés par le consul Aemilius, les Romains arrivent secourir la cité assiégée. Étrusques et Romains se font face.
Les Étrusques ont le choix. Faire traîner la confrontation, ou se lancer tête baissée dans la baston.
Ils choisissent la baston.

C'est donc parti pour une ÉNIÈME bataille rangée. Les Étrusques sont les plus nombreux, dit Livounet, mais les Romains sont plus braves. (Ben voyons.) La bataille est donc serrée, on se bat des heures, on meurt de partout mais personne ne recule, et à la fin, la nuit tombe JUSTE au moment où les Romains allaient l'emporter, et c'est pour ça qu'ils n'ont pas gagné. (Ben voyons.)

Pendant ce temps, à Rome.

– Dis-moi Appius Claudius, ça fait 18 mois que tu es censeur...
– Hmm voui c'est vrai...

– Ça dure pas 18 mois un mandat de censeur ? Tu quittes ton poste quand ?
– Ah non non, c'est 5 ans le mandat de censeur.
– Huh ? pardon ? Tu dois confondre, Appius. Le mandat durait 5 ans à la création de la magistrature mais il a été réduit à 18 mois par cette loi, dans un thread écrit il y a très, très longtemps : https://mastodon.top/@hist_myth/113228682529748162
– C'est vrai. Il y a cette loi. Mais vous savez, en fait, cette loi, elle VAUT PAS.
– Que quoi pardon ?

@hist_myth C'est quand même terrible, ces nuits qui tombent toujours au mauvais moment. Ce serait quand même pratique si ça ne changeait pas autant d'un jour sur l'autre, on saurait à quoi s'attendre.

Eh oui, en 310, insoucieux des institutions romaines comme un président français des traditions de la Ve République, Appius Claudius refusa de quitter son poste avant 5 ans d'exercice.

Indigné et vert de rage, le tribun de la plèbe Publius Sempronius l'attaqua en justice. D'où ne respectait-il pas la loi Aemilia du livre IV ?

– Oui, mais, répliqua hardiment Appius, la loi Aemilia, elle s'applique uniquement aux censeurs de l'époque où elle a été passée. Pas à moi. J'ai été élu après.

Outrage chez les Romains de bonne famille.
On s'en prend à la jurisprudence !
On méprise le DROIT !
Le seul truc qu'à Rome on aime presque autant que le bâtiment !
C'est pas possible !

Comme toujours quand il est indigné par un fait historique, Livounet met alors en scène le discours furibond du tribun Publius Sempronius, qui accuse Appius de tyrannie, rappelle tous ses écarts, ses bisbilles avec la religion, le passé aristo-tyrannique de sa famille... et conclut en demandant son arrestation.

Las ! Appius Claudius a réussi à gagner à sa cause trois tribuns de la plèbe, qui s'interposent.

Le censeur n'est pas arrêté ! La mauvaise foi a gagné !
Et il continuera, pépère peinard, à exercer sa censure jusqu'en 308 av. J.-C. !

Selon qu'on interprète le personnage comme un progressiste social ou comme un populiste ripou, on s'en réjouira ou on le déplorera. Je vous laisse trancher mon très cher lectorat.

Retournons à Sutrium, où Romains et Étrusques se regardent en chiens de faïence.

Un nouveau consul a rejoint le champ de bataille, et je vous le dis tout de suite, c'est un Fabius, alors c'est parti pour le petit récit romanesque.

Bataille rangée, manœuvres fines et victoire écrasante des Romains (évidemment). Cependant, les Étrusques fugitifs se réfugient dans une forêt toute proche, la Forêt ciminienne. À l'époque, celle-ci est profonde, sombre, inexplorée, infranchissable. Qui aurait la folie d'y entrer pour poursuivre les ennemis en fuite ? Qui aurait cette audace ?...

... Sinon un 🌟Fabius🌟, authentique membre de ces frimeurs de Fabii ?

Car Marcus (ou Kaeso) Fabius, frère du consul Fabius, sait parler et écrire l'étrusque, Livounet suggérant qu'à cette époque les nobles romains apprenaient cette langue dès l'enfance (comme ils apprendraient le grec plus tard). Marcus Fabius et un esclave à lui se déguisent en bergers et s'infiltrent dans la Forêt ciminienne et dans le territoire ennemi.

Tant et si bien qu'ils le traversent, arrivent à Camerinum ville d'Ombrie, et concluent avec elle un traité pour qu'elle serve de camp de base et de renforts à l'armée de Rome.

Le consul Fabius alors entre décidément dans la forêt maudite, épuise les sentinelles étrusques qu'il y rencontre en escarmouches, puis les prend de court en occupant un sommet... et lâche ses troupes sur les riches terres d'Étrurie.

Victorieux et riches de butin (honteusement pillés à des paysans sans défense), l'armée romaine rentre à son camp... où elles trouvent des légats venus interdire à Fabius de se risquer dans la Forêt ciminienne.

– Oups, désolé, ça doit pas être si grave puisqu'on a gagné ? s'excuse Fabius.

Rires, applaudissements, fin de l'épisode.
Ce moment de plaisir vous a été offert par le clan Fabii.

En fait, note Livounet, l'aventure n'a fait qu'aggraver la guerre, entraînant l'Ombrie dans le conflit.

Une nouvelle armée étrusque vient à Sutrium affronter les Romains, une nouvelle bataille rangée bien trop détaillée a lieu, de nouvelles pages sont tournées rageusement par la narratrice qui gémit mais quand est-ce qu'ils arrêtent de se battre je reveux la politiiiique. Les Romains gagnent évidemment, et les Étrusques doivent négocier une trêve de trente ans avec Rome.

Côté Samnites cependant, la guerre se poursuit avec une prise de ville par le consul Rutulus.

Des marins romains ont aussi un accrochage avec des paysans des environs de Nuceria, escarmouche qu'ils PERDENT, incroyable.

Chez les Samnites, d'ailleurs, on entend parler des aventures de Fabius dans la forêt. Enfin, on en entend une version... déformée. On comprend qu'une armée romaine s'est fait encercler comme aux Furcae Caudinae.
– Mais ne laissons pas les Étrusques faire tout le boulot, se disent les Samnites, et allons frapper le consul Rutulus qui circule chez nous.

Une bataille a lieu, et comme elle n'est pas gagnée par les Romains et qu'aucun Fabius n'y était présent, Livounet ne nous la décrit pas en détail ; il précise juste qu'on ne sait pas trop qui l'a gagnée (ben voyons).
Via la rumeur, cette lutte incertaine parvient au sénat comme une vraie défaite. Inquiet, le sénat veut faire nommer un dictateur.

Plus exactement, il veut faire nommer Lucius Papirius Cursor, que nous connaissons ici sous le nom de Cursy.
Sauf que voilà.

Pour nommer un dictateur, il faut un consul. Or des deux consuls, l'un se débat contre les Samnites et reste peu joignable.
L'autre, Fabius, a une dent contre Cursy.
Ce n'est peut-être pas sans rapport avec le fait que Cursy a voulu faire étêter un Fabius dans le livre VIII.

Le sénat est tout flippé, il envoie une délégation à Fabius, en le suppliant de nommer Cursy dictateur, seul lui peut sauver Rome !

Fabius, yeux baissés, répond :
– Grr.
Et s'en va sans rien dire.

Le sénat flippe.

Mais, le lendemain, surprise et stupéfaction, la délégation sénatoriale apprend que Fabius, vainquant noblement sa colère légitime, a nommé Cursy dictateur dans le silence de la nuit.
Sur ce il congédie les envoyés sans autre commentaire. Il refoule héroïquement son désir de vengeance.

Soulagement général, soupirs, applaudissements. Ce moment d'émotion vous est offert par le clan Fabii.

Inquiet de toute cette histoire de Forêt ciminienne, Cursy commence par affronter les Étrusques au nord.

Les Étrusques ont employé une loi sacrée spéciale pour lever encore plus de troupes, ils sont nombreux, ils ont la niaque, et une bataille acharnée s'ensuit. Elle dure longtemps. Je tourne la page. J'ai mal aux doigts. Les Romains se battent jusqu'à faire intervenir leur dernière ligne. Celle qui n'agit que dans les batailles vraiment tendues et presque désespérées. Enfin, enfin, les Étrusques cèdent, ça tombe bien car ma patience allait le faire, victoire romaine, dévastation de l'Étrurie.

(Je note d'ailleurs que je croyais qu'ils avaient signé une trêve ?? Je suis larguée.)

Côté Samnite, on n'est pas en reste. Les Samnites aussi ont levé une armée. Et cette armée-là, mes ami.e.s, elle est pas comme les autres, elle vous donnera des flash-backs des années 2000 : elle est bling-bling.

Jugez un peu l'équipement du Samnite de 308 :
> un bouclier plus large en hauteur, incrusté d'or ou d'argent
> un spongium (pectoral ?)
> une jambière à la jambe gauche
> un casque à panache

> des tuniques éclatantes de couleur ou de blancheur
> un fourreau d'épée et un baudrier d'or ou d'argent
> et même des tissus dorés pour les chevaux

Les Romains voient cet étalage de splendeurs. Et n'en sont pas autrement impressionnés. Un soldat, ça porte pas des trucs qui brillent. Un soldat, ça pique les trucs qui brillent des autres. Un vrai soldat, ça en bave, ça vit chichement, à la dure, et ça porte des trucs de Vrébonhomme.

(Pardon, mais pardon pour tout ce masculinisme latent)

@hist_myth En fait, les Samnites, c'est comme les ennemis dans les jeux vidéos : non seulement plus t'en tues, plus il en arrive, mais en plus au bout d'un moment ils sont plus costauds et mieux équipés 🤔

C'est d'ailleurs la teneur du discours d'exhortation de Cursy, juste avant qu'il lance ses troupes dans la bataille.

C'est le grand combat final (?), tous les Romains courent se battre avec ardeur, le dictateur et son n° 2 rivalisent d'élan guerrier, les lignes samnites sont enfoncées, victoire romaine évidemment, et pillage du butin d'or et d'argent

Cursy rentre à Rome célébrer un triomphe, et il y étale tellement de richesses qu'il égale le grand triomphe de Camillus sur Veii au livre V.

Bien sûr, les deux guerres, en Étrurie et au Samnium, se poursuivent malgré le nombre de branlées que se prennent les ennemis de Rome au fil des pages. Elles se passent toutes les deux assez bien. Une surprise arrive en 308 quand les peuples d'Ombrie, vexés du passage des armées romains (qui probablement bouffent leurs réserves de blé...), se révoltent.
Ils lèvent une énorme armée, et, alors que le consul Decius est dans le quartier, comptent aller plus vite que lui pour prendre Rome d'assaut.

Heureusement, Fabius a été réélu consul cette année. Rome, flippée, l'appelle à son secours. Il accourt et stoppe l'avancée des Ombriens à Mavenia.

Les Ombriens, voyant débouler les légions, hésitent.
– On devrait laisser tomber, non ? Ils ont encore le consul cool.
– Ouais, ça fait vingt chapitres que Rome gagne 99 % des batailles...
– Qu'est-ce que vous en pensez, vous, les gens de Materina ?
– Oh ? Pardon, on a rien entendu, on était en train d'attaquer Fabius. Et vous ?

Eh oui, les Ombriens de Materina, sans écouter les débats de paix ou de guerre dans leur propre camp, agressent les soldats romains alors qu'ils dressent leur camp.
Mais en face, Fabius le consul cool réussit à retirer ses hommes, les mettre en ordre de bataille, leur faire un discours pour la route, et les motive si bien que les Romains se jettent en hurlant sur les Ombriens avant même que le discours soit terminé.

Ce moment épique vous est offert par le clan Fabii. ++

On se bat à coups de bouclier, on arrache les étendards ombriens, on prend plein de prisonniers, bref victoire romaine.

Pendant ce temps, Appius Claudius finissait son mandat de censeur.
Et se faisait élire consul juste après.
En même temps c'est plus pratique quand c'est toi qui écris les listes électorales.
Aussi, quand il faut répartir les missions aux consuls, le sénat refuse d'envoyer Appius Claudius faire la guerre et préfère nommer Fabius proconsul contre les Samnites.

Et Fabius la fait, cette guerre. Il encercle les Samnites à Allifae, et n'accepte de les laisser partir en vie que s'ils passent sous le joug, comme ils l'avaient exigé des Romains aux Fourches caudines. Rome n'en finit pas de prendre sa revanche de cette défaite-là. Aussi, parmi les alliés des Samnites dans cette bataille (tous prisonniers et asservis), Fabius trouve un nombre étonnant d'Hernici, peuple qui est allié à Rome depuis le livre II ou III.

Rome se méfie. Sont-ce des mercenaires isolés ? Ou les Hernici dans leur ensemble sont-ils passés à l'ennemi ? Elle prend des mesures pour diviser les prisonniers et mener des enquêtes.
Les Hernici n'aiment pas ce soupçon. Mais alors pas du tout.
Ils l'aiment tellement pas qu'ils réunissent toutes leurs cités sauf trois et déclarent la guerre au peuple romain. Leur allié depuis des plombes.

Les deux consuls du moment partent alors chacun dans leur coin.

Marcius contre les Hernici, Cornelius contre Calatia et Sora reprises par les Samnites.

Les Hernici commencent bien leur guerre, ils arrivent à empêcher les communications entre les deux consuls. Hélas, ils ne la gagnent pas, sinon je vous spoilerais l'Histoire hernique et on parlerait tous des langues hernicanes. Marcius leur prend trois camps et ils s'écroulent, demandant une trêve puis se rendant complètement.
Les Samnites gèrent mieux.

Profitant du terrain de montagne, ils bloquent les défilés, ils occupent les routes, ils coupent les lignes de ravitaillement des Romains, sans accepter la bataille. Mais ! Puisqu'une des deux armées romaines en a fini avec les Hernici, elle arrive leur tomber sur le paletot. Les Samnites n'ont plus le choix : ils doivent affronter l'armée de Marcius avant qu'elle rejoigne le camp de Cornelius..

Alors, d'un coup, ils se jettent sur l'armée de Marcius encore en approche et désorganisée.

Lors de l'attaque, le cri des Samnites est si puissant que les soldats du camp de Cornelius l'entendent. Cornelius saute sur l'occasion. Il fait armer ses hommes, et pendant que les Samnites bondissent sur Marcius, lui-même fait attaquer les Samnites par le côté. Argh ! Les Samnites cèdent. Cornelius fend leur ligne, prend leur camp à eux, y met le feu. C'est la panique chez les Samnites, ils veulent s'enfuir, toutes les issues sont bloquées, bref bref bref : victoire romaine.

Mais, alors que les consuls ravis de leur victoire se congratulent, apparaît encore une nouvelle nouvelle armée samnite ! Mais c'est pas possible d'où les sortent-ils ! Qu'à cela ne tienne : les soldats romains ont le feu ce soir, ils se ruent sur ces nouveaux opposants si vite et si forts que les consuls n'ont qu'à les laisser faire. Nouvelle nouvelle nouvelle victoire de Rome !

Les Samnites se referont humilier aussi en 304 par une autre paire de consuls.

Du coup, en 304, ils craquent, et envoient à Rome des ambassadeurs pour faire la paix, comme ils essaient de le faire depuis le chapitre I de ce livre.
– Désolés, c'est pas l'administration Trump ici, fait le sénat. On ne se fera pas avoir si vous demandez la paix mais qu'en fait vous stockez des armes et vous comptez agresser nos territoires. Consul du moment Sempronius ?
– Ouiii ?
– Tu allais au Samnium, tu veux pas vérifier qu'ils ne comptent pas faire la guerre ?
– Okidoki !

Sempronius se balade donc avec son armée au Samnium. Je ne sais pas s'il y fait de la randonnée dans les Appenins, en tout cas, chose extraordinaire pour un consul romain, il ne se bat pas. Il trouve les locaux accueillants et sympathiques, prêts à partager blé, vins et embrassades avec l'armée romaine.
Le sénat prend acte, et un traité de paix est ENFIN conclu avec les Samnites.

C'est la fin de la guerre samnite. La deuxième.

Mais à Rome, quand on ne se bat pas, on s'ennuie, aussi Rome déclare-t-elle la guerre à des gens dont on n'avait pas entendu parler depuis longtemps : les Aequi.

Ma réaction en lisant leur nom : ils existent encore eux ?
Apparemment ils étaient bien là, mais se tenaient tranquilles, jusqu'à ce qu'ils rejoignent la rébellion des Hernici.
Or, quand après la rébellion Rome a décidé quoi faire des Hernici et des trois cités qui lui étaient restées fidèles, elle leur a offert/imposé la citoyenneté.

Une manière d'acheter la paix en intégrant ses sujets dans le fonctionnement de Rome.

Les cités fidèles, qui avaient le choix, ont refusé au profit d'autres droits particuliers, quand le reste des Hernici ont dû accepter.

Ce que voyant, les Aequi songent que la citoyenneté romaine, c'est nul. Et quand Rome vient les trouver pour leur demander des explications sur leur alliance avec les Hernici, les Aequi prennent cela pour de l'intimidation : Rome veut les gober et les faire romains !

Bref, la guerre est déclarée entre Aequi et Rome, ce qui rappelle délicieusement le livre III. Je serais presque nostalgique de cet été, tiens.
Les Aequi aussi ont un peu oublié qu'ils avaient fait la guerre, en tout cas ils ne savent plus comment faire. Ils commencent par dresser un camp face aux Romains, puis ils se disputent sur la tactique à tenir, puis ils décident d'abandonner leur camp pour sauver toutes leurs possessions personnelles. Bref, ils font nimp.

À l'aurore, les Romains ne trouvent personne pour leur livrer bataille. Personne dans le camp aequi non plus. Les traces de pas des ennemis sont toutes dispersées... Comme si leur armée n'avait jamais existé.

Haussant les épaules, ils vont alors trouver chacune des cités ennemies et, une par une, ils en prennent trente-et-une. En moins de deux mois.

Les Aequi sont vaincus, ratiboisés, et les peuples voisins sont si impressionnés que plusieurs demandent à signer des traités de paix avec Rome.

En cette année 304 Rome élit aussi, pour la première fois, Cnaeus Flavius, fils d'un esclave affranchi, comme édile curule (une magistrature mineure). Là aussi, un plafond de verre disparaît.

L'élection ne se passe pas sans heurts, cela dit : Flavius officiait lui-même parmi les greffiers, et comme on discutait d'exclure son nom pour éviter tout soupçon de fraude, il a jeté la tablette où il écrivait en jurant qu'il ne noterait plus rien.
Il subit aussi le mépris des patriciens.

Pourtant (ou "par conséquent" ?) il démocratise l'accès au droit en publiant le droit civil jusqu'ici gardé dans les archives des pontifes. Des bras de fer symboliques l'opposent au patriciat, par exemple les nobles refusent de se lever en sa présence comme ils doivent le faire devant tout magistrat, ou jettent les anneaux signes de leur rang (= la noblesse ne vaut plus rien si un fils d'esclave est magistrat).

Si un fils d'esclave est élu, dit Livounet, c'est tout la faute d'Appius Claudius.

Eh oui, Appius Claudius est le premier à avoir admis des fils d'affranchis au sénat ! Il a aussi valorisé les voix des fils d'affranchis en les distribuant équitablement dans les trente-et-une tribus.
Eh oui, dans l'assemblée la plus démocratique de Rome, les comices tributes, on vote par tribus, et en refusant de regrouper tous les affranchis et leurs fils dans des tribus-poubelles, Appius Claudius a donné de la force à leurs voix.
De ce jour, dit Livounet, Rome se (re)divisera en deux camps.

Les bons et honnêtes gens qui suivent les bons principes, et le forum pagailleur qui veut que du débat démocratique et de l'ascension sociale, le vil !

Heureusement deux autres censeurs, Quintus Fabius et Publius Decius, "rectifieront" (ahem) tout ça en créant 4 tribus uniquement pour la ville même de Rome... contre 31 pour les campagnes environnantes. Comme ça la populace urbaine n'aura pas de vote démesuré qui pousserait Rome à avoir des mesures démocratiques. Nanméoh.

C'est sur cette édifiante leçon de gerrymandering que se termine le livre IX !

Merci pour la lecture !

@hist_myth ça me donne envie de traduire à nouveau du latin !

@Pophie Et pourquoi pas ? Les traductions de Tite-Live aux Belles Lettres sont un peu vieillottes, le monde gagnerait à en avoir de nouvelles...

@hist_myth J'avais lu "l'opposent au patriarcat" 😅
Mais vu le peu de romaines qu'il semble y avoir dans ces histoires, ça devait pas être vraiment d'actualité en ces temps et lieux.

@Ti_Niles Voilà... ... ...

@hist_myth rayé de la liste sans procès, aucun ?

@Kat Nope ! On n'a jamais dit que Rome était une démocratie.

@Kat Après, si le censeur abuse, il peut avoir moult problèmes après son mandat, par exemple il y a moyen de lui faire un procès politique.

CW guerre, massacre, génocide ? Marine Le Pen
sensitive media
Marine Le Pen, l'air halluciné, a un grand geste de la main et dit « ils sont partout ».

CW guerre, massacre, génocide ? Marine Le Pen

@jehansanspour La réf était assumée :D