Tite-Live, livre VI, le retour ! Dans l'épisode précédent, un sieur ayant voulu se faire roi (enfin, c'est ce que dit Tite-Live) avait fait une chute tête la première par la roche Tarpéienne. Mais suffira-t-il au sénat de zigouiller ses opposants pour mater les ambitions de la plèbe ? Et si on était à l'aube d'une énooooorme réforme qui va tout changer dans le paysage politique romain ?
Tite-Live, livre VI, épisode 2, un THREAD ⬇️
#MythologieRomaine #EnfinHistoireRomaine #EnfinOnSaitPasTrop
Mais tout d'abord et comme de bien entendu, voici où retrouver les épisodes précédents :
Mais tout d'abord, si vous prenez cette série en cours, retrouvez ici les épisodes précédents :
I-1 : https://mastodon.top/@hist_myth/112792214027813066
I-2 : https://mastodon.top/@hist_myth/112831548405415415
II-1 : https://mastodon.top/@hist_myth/112916453684941402
II-2 : https://mastodon.top/@hist_myth/112944904603090808
III : https://mastodon.top/@hist_myth/113101780632236224
IV : https://mastodon.top/@hist_myth/113228240194306463
V-1 : https://mastodon.top/@hist_myth/113347082216425581
V-2 : https://mastodon.top/@hist_myth/113387166339380166
VI-1 : https://mastodon.top/@hist_myth/113657936333616551
Donc où en étions-je ? Ah oui, à Marcus Manlius qui culbutait par-dessus la roche Tarpéienne, et donc proutch.
Le peuple est tout de même inquiet, ce qui ne se calme pas quand une grosse épidémie des familles se déclenche, genre Covid-moins384 : si ça se trouve, fallait pas tuer le type qui a défendu le Capitole, et les dieux sont mécontents.
La politique extérieure ne rassure personne non plus : les Volsci (encore), les Latins, et les cités de Velitrae et Circei se déclarent ennemies de Rome.
Et la cité de Préneste a l'air pas très nette non plus.
Malgré l'épidémie et la famine, le peuple romain vote alors la guerre à tous ces désagréables ; pouf, dès 382 on envoie un TMPC (tribun militaire à pouvoir consulaire) (suivez un peu) à Velitrae.
Cependant ces saligots de Préneste se sont filouteusement alliés aux Volsci et ont pris la colonie romaine de Satricum ! Ognon !
Et qui est élu TMPC dans la foulée de cette prise honteuse ?
C'est...
C'est...
*cri de groupie de Tite-Live*
Oui, c'est ENCORE Camillus.
Avec un autre TMPC issu de son clan, Lucius Furius, et 16 000 soldats, Camillus part donner aux Volsci leur pâtée annuelle.
Camillus est alors vraiment tout vieux, d'un point de vue antique : il a alors dans les 65 ans, et d'ailleurs il serait bien parti à la retraite, si le peuple ne l'avait pas plus ou moins forcé à accepter la charge. Alors que son fringant adjoint Lucius, lui, est jeune et cool.
Lucius et Camillus font donc dresser le camp en face de la ville de Satricum. Et on s'aperçoit tout de suite d'un truc : les Romains sont clairement en infériorité numérique.
– Hmmm, prenons donc notre temps et surtout interdisons aux hommes d'attaquer trop vite, fait Camillus en vieux sage (je l'imagine se lissant la barbe comme le maître de kung-fu dans Kill Bill 2).
– Mais non il faut FONCER DANS LE TAS comme des VRÉBONHOMMES et VITE VITE VITE ! bouillonne juvénilement Lucius.
Cependant les ennemis provoquent les Romains jour après jour à la bataille. Les hommes de troupe deviennent dingues de violence réprimée.
– Soldats ! fait Lucius en se mettant à haranguer les troupes, je veux pas dire du mal de notre sage et vieux Camillus, mais vous avez vu comme il est vieux ? genre croulant ? genre s'il hésite à vous envoyer se battre c'est qu'il est tout vieux du dedans ?
– IL A RAISON NOUS ON VEUT BASTON, rugissent les soldats.
– Bon ben si vous voulez plus écouter mes ordres hein franchement bon pff si vous voulez y aller moi je vous laisse y aller hein, ronchonne Camillus.
Et l'armée, menée par Lucius pendant que Camillus reste en retrait, se jette dans la bataille. L'ennemi recule d'abord... pour entraîner les soldats romains dans une pente défavorable, où des troupes volsci fraîches les agressent de plus belle !
Les Romains manquent de fuir, mais là, Camillus déboule, criant probablement : I TOLD YOU SO !
Et Camillus harangue les soldats sur le point de fuir, ils se remettent au combat, Lucius tout confus les supplie de rester se battre et promis il prendra plus d'initiative non approuvée par le bon et vaillant Camillus.
La future défaite tourne à la victoire.
Cependant dans les prisonniers on s'aperçoit qu'il y a plein de gens de Tusculum. Le sénat fait les gros yeux et envoie Camillus fesser Tusculum s'ils cherchent la bagarre.
Camillus entre donc sur le territoire de Tusculum...
... et ne rencontre aucune espèce d'armée d'opposition ou de défense.
Pas de fuite des civils à l'approche des Romains, pas de paysans terrorisés lâchant leurs charrues, les portes des villes sont grand ouvertes, les citoyens font à l'armée romaine : "Hé les Romains ? Vous voulez du blé ? de la boisson ? Tenez on a du rab chez nous !"
Camillus entre dans la cité de Tusculum : pas un soldat, toutes les maisons sont ouvertes, les commerçants commercent et les artisans artisanent.
– Soit ils ne font pas la guerre soit tous ces enfants et ces mamies dans la rue sont des guerriers ninja, songe Camillus, mais il repousse cette hypothèse anachronique.
Il déclare donc au sénat de Tusculum qu'ils n'ont pas l'air de faire la guerre, mais faudrait qu'ils viennent un peu s'aplatir devant le sénat romain pour se faire pardonner la présence de soldats à eux chez l'ennemi.
Les Tusculans viennent à Rome faire la carpette, tout le monde est content et la guerre est évitée.
@hist_myth j'ai jamais pris le temps de lire tout ça mais c'est trop bien les petits rappels avec les liens. Un jours de cet hiver je vais me faire un rattrapage, ça va être comme binge watcher une bonne série je sens 🤩
@Julianoe Y a aussi l'Énéide à bingereader. https://mastodon.top/@hist_myth/112661224662684266
Cependant, dans Rome, ça chauffe. La crise du crédit ne s'arrange pas. D'autant que personne ne connaît les vrais chiffres de la dette, chacun y allant de son chiffrage.
Les TP (tribuns de la plèbe) (suivez un peu) : ce sont des chiffres terribles ! des milliards ! c'est faramineux ! la faute à l'élite politico-richarde des capitalistes libidineux !
Les créanciers : meuuuh non, que de petites sommes, c'est nos débiteurs qui sont des feignasses assistés qui veulent pas rembourser.
Normalement, c'aurait été aux censeurs d'estimer le montant de la dette privée, maiiiiis il s'avère, en ces années 380-370, extrêmement ardu d'élire correctement des censeurs : une fois y en a un qui crève, du coup l'autre doit démissionner ; une autre fois leur élection est pas faite dans les formes donc ils démissionnent ; une troisième fois on déclare qu'après deux échecs les dieux sont juste contre le fait qu'il y ait des censeurs...
– On se fout de notre gueule, font les TP.
– Si c'est comme ça, font les TP, et puisqu'on nous annonce qu'on va envoyer des troupes contre les Latins, les Hernici, les gens de Préneste et tout le tintouin, eh bien c'est NIET, on laissera recruter PERSONNE, ni emmener en esclavage pour dettes.
– Euuuh mais les Prénestins l'ont entendu dire et entrent sur notre territoire, s'alarme le sénat.
– C'est NIET !
– Euuuh mais ils arrivent au niveau de Gabiae.
– NIET !
– EUUUUH mais ils sont à nos portes !!!
Et en effet l'ennemi arrive en vue de Rome. Panique dans la ville. Sur le coup, on nomme un dictateur (un certain Titus Quinctius Cincinnatus, descendant de celui du livre III), la plèbe lâche l'affaire et se laisse recruter.
L'armée romaine s'avance face à l'ennemi. Les Prénestins, futés, vont mener bataille en un lieu symbolique : près de la rivière Allia. Parce que c'est là que les Gaulois ont battu les Romains au livre V.
– Voilà qui va les faire réfléchir, se félicitent les Prénestins.
– Réfléchir ? C'est bien mal nous connaître ! réagissent les Romains, et ils foncent dans les Prénestins, les mettent en déroute, les poursuivent jusqu'à leur cité de Préneste, prennent les 8 villes sous leur dépendance dont Velitrae, forcent Préneste à se rendre et rapportent leur statue de la déesse Minerve pour le temple du Capitole.
Ils sont comme ça, les Romains. Faut pas les chatouiller là où ça les agace.
Enfin, les Prénestins se révoltent littéralement l'année suivante.
Petites échauffourées avec les Volsci, pas toujours en faveur de Rome d'ailleurs, et puis Antium qui s'allie aux Latins.
Comme par hasard on n'arrive pas à élire des censeurs pour estimer les dettes parce que "c'est la guerre avec les Volsci vous comprenez". Et pourquoi pas prétexter la pluie en Bretagne. Les dettes s'aggravent même par la pression fiscale, car on ordonne la construction d'un nouveau rempart et la levée d'un impôt spécial pour le financer !
Aussi, en 377, après moult batailles (bataille Antium+Latins VS Rome, victoire de Rome, Antium fait la paix, destruction de Satricum par les Latins, massacre des Latins par les Romains devant Tusculum) et pendant que la paix s'installe à l'extérieur, la plèbe en chie. Grave. La plèbe déprime. Les patriciens ses créanciers n'arrêtent pas de l'asservir pour dettes, même les plébéiens les plus riches ont le moral dans les chaussettes et n'osent plus se faire élire TP. Le burn-out militant.
Et c'est là qu'arrivent les deux vrais héros de ce thread :
Gaius Licinius Calvus Stolo
et
Lucius Sextius Sextinus Lateranus.
Licinius et Sextius.
Licinius et Sextius sont deux plébéiens, plutôt riches, plutôt bien installés, et au moins Licinius est allié maritalement à des patriciens de très grand prestige.
Sur ce sujet, Livounet, qui prend facilement quand même le parti des patriciens et dont le texte pue la mauvaise foi, a une histoire à nous raconter.
@elzen OUIIII mais y a Camillus, attends, ça compte
Il était une fois Marcus Fabius Ambustus. On aura reconnu un membre de la gens Fabia, riche, puissante et qui oscille entre tendance pro-plèbe et patriciat fiérot.
Marcus Fabius a deux filles, Fabia 1 et Fabia 2. Fabia 1 est l'épouse d'un patricien, Fabia 2 est mariée au plébéien... Gaius Licinius Stolo.
Le mari de Fabia 1 vient d'être élu TMPC, et n de ses licteurs vient frapper à la porte avec son faisceau, comme c'est l'usage, ce qui fait sur-sau-ter Fabia 2 en présence de Fabia 1.
C'est quel genre de héros de thread ? Qu'on sache si on reprend plutôt le thème de Laurel et Hardy ou celui de Starsky et Hutch ?
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– Ah ma Junon keskecété ? bafouille Fabia 2.
– Huhuhu, ma chérie, susurre Fabia 1, mais tu ne sais pas que c'est le licteur de mon Jules ? Fufufu, mais il faut t'éduquer aux usages du grand monde... ah non, c'est vrai, ça ne te concerne pas, ton mari est plé-bé-ien, il ne sera jamais, disons, consul, et ses chances d'être TMPC sont minces, huhu ! Allez, chérie, je te laisse, je ne peux pas trop traîner avec les gueux.
Fabia 2 en est outrée.
Et elle vient chialer sur les genoux de son papa.
– C'est trop pas juste ma sœur elle est l'épouse d'un quasi-consul et moi je le serai jamais !
– Allons, allons, fait Marcus Fabius, pas de jalousie entre mes deux choupinettes adorées. Laisse-moi parler à ton mari. Lui et moi, on va bâtir un plan.
Et c'est ainsi, selon Tite-Live, que (re)naquit un projet de réforme qui allait enfin apporter une forme d'égalité juridique entre les ordres.
Très crédible. #sarcasme
Licinius s'associe le plébéien Sextius, et ils se font tous deux élire TP.
Mais leur but, c'est une autre magistrature :
Le consulat.
Oui, le consulat, la magistrature suprême, celle réservée aux patriciens pour des raisons de rang, de pouvoir et aussi un peu de religion (rapport aux auspices, tout ça). En s'appuyant sur la crise de la dette, ils vont la faire ouvrir aux plébéiens.
Licinius et Sextius proposent 4 réformes :
1. annulation des intérêts des dettes en cours, avec soustraction de ceux déjà payés, et remboursement sous 3 ans.
– HÉ ? font les patriciens.
2. limitation de la propriété privée à 500 jugères (3 hectares) de terres par personne.
– QUOI ? font les patriciens.
3. suppression du poste de TMPC, retour du consulat avec un des postes de consuls obligatoire attribué à un plébéien.
– HÉ NON MAIS QUOI OH HÉ BON NON HEIN !!!! font les patriciens, car comme le relève finement Tite-Live, chacune de ces lois touche à des biens désirables dans la Rome antique : l'argent, la terre et le pouvoir.
Les patriciens sont furieusement contre, mais..
... mais ce sont des propositions soumises à l'assemblée plébéienne, les comices tributes plébéiens, où les patriciens n'ont pas le droit de vote ! Ils peuvent pérorer, ce sera nada !
Argh !
Alors que faire ?
Les patriciens recourent alors à la technique éprouvée depuis le livre II : envoyer des TP fidèles au sénat déposer leur véto contre les TP trop de gauche.
Or donc, chaque fois que Licinius et Sextius veulent assembler la plèbe, un autre TP vient gueuler : "Je mets mon véto !!"
Mais Licinius et Sextius ne sont pas en reste. Puisque les patriciens emploient l'arme du veto, ils feront pareil.
Or donc, chaque fois qu'un magistrat veut assembler les comices centuriates, l'assemblée électorale de Rome à qui revient le pouvoir d'élire les magistrats les plus importants, Licinius et/ou Sextius brame : "Je mets mon veto !!"
Et pas d'élection.
Sauf les élections plébéiennes. Ça pas de souci. D'autant que Licinius et Sextius se faisaient tout le temps réélire.
Si bien que selon Tite-Live, pendant CINQ ANS, Rome est telle la Belgique pendant 500 jours et des poussières et la France de 2024 à 2027, sans gouvernement.
On s'étonne que du coup y ait pas eu d'attaque furieuse de tous ses ennemis en même temps pour profiter de la désorganisation. C'est à croire qu'ils n'interviennent que dans les moments dramatiques de la lutte Pères/plèbe.
Seule la vile cité traîtresse de Velitrae en profite pour attaquer la gentille cité amie de Tusculum.
Du coup les TP ont un peu la honte, Tusculum n'a rien à faire avec ce merdier, et ils laissent élire des TMPC pour gérer la situation.
Cependant les trois projets de réforme gagnent en popularité au fil des années d'obstruction, grâce au lobbying de Marcus Fabius (le père des deux Fabia), aux mauvais résultats électoraux des TP qui s'y opposent.
Au point qu'un jour, alors que Licinius et Sextius convoquent encore les comices pour mettre leurs réformes au vote, quand un autre TP met son veto...
... la plèbe refuse simplement d'arrêter les opérations de vote.
Le sénat l'apprenant s'étouffe, mais alors on ne respecte plus le droit sacré de l'intercession tribunicienne, où vont les garanties accordées à la plèbe ? où sont passées les traditions ?
(Les lecteurs des livres II et III sont priés de ne pas s'étouffer de rire devant ce niveau de mauvaise foi.)
– Vite, un dictateur pour ramener l'ordre, s'écrie le sénat, et il nomme... il nomme...
Camillus.
Camillus tout vieux (78 ans).
Le jour du vote, entouré de sénateurs, Camillus se rend à l'assemblée plébéienne pour sommer : "Je vous demande de vous arrêter !" Mais là-bas, c'est le bazar : les TP pro-patriciat déposent leur veto en vain, les tribus plébéiennes votent, le oui a déjà remporté une partie des voix... Camillus commence par gronder très fort : que la plèbe respecte ses propres droits et magistrats, sinon il va être obligé, lui le patricien, d'intervenir !
La plèbe l'ignore. Alors il envoie ses licteurs.
– Et si vous continuez, je vous recrute tout ce beau monde et on part tous en campagne militaire ! menace le vieux Camillus alors que la plèbe se disperse effrayée par les gros types avec des haches.
Licinius et Sextius sont furibonds, et envisagent de riposter avec une loi spéciale qui frapperait Camillus d'une énorme amende s'il continuait à intervenir ; mais de toute façon, Camillus démissionne juste après, sous prétexte que sa nomination n'a pas été faite dans les règles (religieuses).
On renomme un dictateur, Manlius, pour garder le contrôle de la situation. Mais avant que celui-ci n'entre en charge, Licinius et Sextius rassemblouillent vite fait la plèbe et sondent ses intentions de vote.
Or la plèbe ne suit pas exactement ses meneurs.
Plus exactement, la plèbe est très motivée par les mesures économiques, l'allègement des dettes et la propriété maximum (qui assurerait plus de terres à partager pour les plébéiens).
Mais le consulat... ... ... ben, bof.
Et là, on a l'impression de voir une scission entre les notables plébéiens que sont Licinius et Sextius et leur base électorale, qui se soucie peu de droits politiques, plutôt de survie économique.
Le dictateur Manlius lit bien la situation et pour montrer que lui, il aime bien la plèbe, il nomme comme "maître de la cavalerie" (= dictateur adjoint)... un plébéien ! Et même quelqu'un de la gens Licinia. Histoire de se gagner la partie non radicale de la plèbe...
... décision qu'il doit d'ailleurs justifier auprès des patriciens indignés en disant : "Oui mais je le nomme parce que c'est quelqu'un de ma famille."
Voilà. Si on se retrouve avec un des petits-fils de Brigitte Macron à Matignon, je m'attends à ça comme explication. Au point où nous en sommes, je ne serais pas étonnée.
Licinius et Sextius ragent cependant. S'ils ont fait tout ça pour donner à la plèbe ses thunes et ses terres, mais qu'ils n'ont pas le consulat, c'est naze.
Ils l'expriment hautement devant la plèbe et, mettant leur poids politique dans la balance, ils disent que si la plèbe ne décide pas de voter les trois lois en même temps, ils ne se présenteront plus aux élections des TP. Ils se retirent de la vie politique. Et personne ne présentera leurs réformes pour eux.
C'est soit les 3 lois soit aucune.
La plèbe est catastrophée.
Le sénat, devant ce chantage, se drape dans sa dignité et surjoue l'indignation.
Tite-Live le fait exprimer par un sénateur.
Dans son habitude de ne pas laisser finir un livre sans un beau discours où il prouve sa maîtrise de la rhétorique, Tite-Live met l'indignation du sénat (et la sienne, I guess) dans la bouche d'Appius Claudius Crassus, sénateur, descendant de moult Appii Claudii : tous des patriciens antidémocrates, des contempteurs et pourfendeurs de la populace, aristos orgueilleux et tyrans en puissance.
En plus de 5 pages Appius Claudius crache tout le venin que les lois de Licinius et Sextius lui inspire.
Appius Claudius accuse les deux tribuns de manipulation politique et s'indigne de leur chantage, ce que moi lectrice du XXIe je peux entendre, mais critique aussi l'ouverture du consulat à la plèbe parce qu'elle "limiterait" le droit du peuple à élire qui il veut, et du coup parfois y aurait que des incompétents au lieu des grrrrands Camillus.
Écoute, Appius, c'est pas comme si pendant 100 ans et + y avait eu le droit d'élire des plébéiens même compétents, hein.
Rassurez-vous lecteurices modernes et que la discrimination positive ne fait pas trembler : les trésors de rhétorique d'Appius Claudius tombent à plat, et Licinius et Sextius se représentent et sont réélus TP. Sur ce, en l'an 367, ils testent un truc : élargir à 10 un collège de 2 magistrats religieux, et que 50 % des postes soient réservés aux plébéiens. Le sénat est OK. Du coup, pour l'année 367, on élit des TMPC et on se reparle des TP plus tard...
D'autant qu'à l'extérieur les affaires reprennent, car les Gaulois font une nouvelle incursion en direction de Rome ! Vite le sénat nomme dictateur... ... oui, encore Camillus, dont l'idée de compter l'âge me fait vieillir un peu plus.
Camillus gagne, faut-il le préciser, et a droit à un triomphe.
Mais enfin, en 367, les trois réformes de Licinius et Sextius, les lois licinio-sextiennes, sont votées !!
On ne sait pas exactement ce qui débloque enfin la situation ; peut-être parce que dans la foulée, on crée deux nouvelles magistratures : deux édiles curules et un préteur, une espèce de sous-consul essentiellement juridique (en gros). Et ces deux magistratures sont réservées aux patriciens. L'élite politique doit se dire qu'elle a de quoi continuer à caser ses fistons au fil des ans...
Et c'est Lucius Sextius qui est le premier plébéien élu consul.
PAS le mari de Fabia 2, vous remarquerez.
@elzen Je me demande si on a des inscriptions volsques ?
@hist_myth (à propos du alt) le "barbare" en fait c'est un soldat romain je pense, il porte une enseigne et je crois que justement dans cette fonction ils portaient une peau de bête (une peau de loup je crois)
@gfadrelle Ah oui, ok bien vu. Bizarre la barbe alors.
@hist_myth l'auteur a décidé que ça faisait un peu trop efféminé tout ça il s'est dit "je vais rajouter une barbe quelquepart pour qu'il y ait un peu de vrébonome(TM) dans la scène"
@gfadrelle Ou alors c'est une sorte d'imagerie du soldat mal rasé parce que la campagne a été longue et difficile, un truc qui a plus de sens au XXe siècle que sous la Rome républicaine, enfin bref.
@hist_myth @elzen c'est bien simple dans leurs inscriptions ce sont les Volsques qui ont gagnés toutes les batailles contre Rome
@hist_myth super cette histoire ! Mais il n'y a pas un espèce de saut bizarre dans la chronologie? De 377 on remonte dans les années 60 avec notre ami Lucius.
@panegyrique 5 ans se sont passés sans magistrature (et je me suis pas étendue sur un certain nombre de TMPC). Cela dit les commentateurs de mon édition pensent aussi qu'il y a un problème et commencent à afficher 3 dates au lieu de 2 (varronienne, livienne, corrigée).
Y'a pas une erreur dans les unités ?
3 hectares c'est certes à peu près¹ ce que peut cultiver un homme avec un cheval et une araire, mais ça produit une quantité de blé relativement limitée (surtout à l'époque).
Probablement pas de quoi dégager un surplus permettant de financer un équipement militaire complet, par exemple.
¹bon, à beaucoup près en fait, surtout que ça varie pas mal selon plein de facteurs, mais en gros quoi
@lienrag Y a effectivement une erreur dans les unités.
@hist_myth Euh pourquoi celui qui crève pas doit démissionner ?
@lienrag Alors, en gros, il peut pas exercer la magistrature seul (je suppose parce que c'est toujours collégial) et c'est pas validé par les auspices de faire élire un seul censeur, il faut en élire plusieurs à la fois.
@hist_myth Plutôt "Ego toldum yovus sic", non ?
Il faut respecter la vérité historique !
@lienrag "SICVT VOBIS EGO DIXI"
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