Le Livre d'Argent

Aujourd'hui, comme promis, continuons à lire Tite-Live ! Dans les épisodes précédents, Rome avait vu sa monarchie partir en cacahuètes, ce qui avait poussé l'aristocratie à se plaindre au SAV mythique et instaurer une république.

Comment va-t-elle se débrouiller dans ses premières années ? Va-t-elle survivre à la réaction monarchiste et va-t-on pas trop se taper entre Romains ?

Tite-Live, Ab Urbe Condita, livre II : un THREAD ⬇️

Tableau de David, Les licteurs rapportent à Brutus le corps de ses fils.

À gauche, en arrière-plan, une litière portée par plusieurs hommes et où on voit les pieds d'un cadavre en sandales rouges.
À gauche, au premier plan, le consul Brutus est assis devant une statue très sombre de la déesse Rome. Homme d'une cinquantaine d'années, il est vêtu d'une toge blanche par-dessus une tunique rouge sombre. Il se pointe de l'index de la main droite et serre un papier de la main gauche. Il est sombre et se tient dans la pénombre.
A droite, sur un fond de colonnade et de rideaux blancs, une femme embrassant deux jeunes filles tend la main pathétiquement vers le cadavre. Les filles pleurent dans son embrassade. Tout à droite une femme voilée de bleu pleure, assise.

C'est dessiné avec une précision redoutable et en couleurs bien tranchantes qui se détachent très clairement, c'est droit, c'est pur, c'est néoclassique.

Mais avant toute chose, les épisodes précédents se trouvent ici :
> Livre I, épisode 1 : Énée ! Romulus le fondateur ! Numa le dévot ! Tullus le pas commode ! https://mastodon.top/@hist_myth/112792214027813066
> Livre I, épisode 2 : Ancus Marcius l'oubliable ! Lucius Tarquinius et sa femme prophétesse ! Servius Tullius le dernier roi correct ! Lucius Tarquinius Superbus qu'est pas trop superbe !
https://mastodon.top/@hist_myth/112831548405415415

Donc ! Le roi Tarquinius et ses fistons s'étant fait expulser de la cité, on instaure une république, et Tite-Live est tout content, car il va pouvoir parler d'une ville LIBRE, avec la LIBERTÉ, sonnez les clairons, battez les tambours.

Délivrée des rois, la ville est désormais dirigée par des consuls élus, qui sont deux, et dont le pouvoir est limité à un an. D'abord ce sont les meneurs de la révolution qui deviennent consuls, Marcus Iunius Brutus et Tarquinius Collatinus (le mari de Lucretia).

Les consuls sont des espèces de rois, apparemment, car ils en gardent les insignes, et notamment les fameux licteurs portant des faisceaux, des bâtons liés avec une lame de hache, symboles de la capacité à exercer la violence.
(Pour la petite histoire, le mot latin fasci, faisceaux, a donné fascistes, parce que... euh... l'HISTOIRE)

Le consul Brutus, soucieux de garder les rois là où il faut qu'ils soient c'est à dire dehors, fait jurer au peuple de ne plus jamais tolérer de rois.

Brutus renforce le sénat en y nommant des membres éminents de la plèbe. Sénat et plèbe, contents, s'aiment (spoiler : ça va pas durer).

Enfin, les gens aiment tellement pas les rois que l'autre consul, Tarquinius Collatinus, devient suspect parce qu'il est de la famille royale ; et après un beau discours Brutus et d'autres Pères (= sénateurs) (dont Lucretius son beau père et Père) le convainquent de quitter Rome et laisser sa charge. On élit alors un autre consul, Publius Valerius.

*Pendant ce temps*

– Moi Tarquinius Superbus, je médite ma revannnnche 😈 Comment miner cette république naissante ?
– Nous, les jeunes nobles cons de Rome, nous sommes jeunes, nobles et cons 😜
– Dites, jeunes nobles cons de Rome, vous trouvez pas que la monarchie c'est vachement mieux que la république ? 😈
– Ah ça oui ! La république ça veut dire respecter les lois, relou. Alors qu'avec les rois, que c'est des gens comme nous, y a toujours moyen de moyenner 😜
– Hin hin hin 😈
– Beuuuuh 😜

Arrivent alors à Rome des envoyés des Tarquinii, soi-disant pour réclamer la restitution des biens familiaux usurpés lors de la révolution. Mais, en fait, ils ont une autre mission : filer des lettres aux jeunes promonarchie et monter un complot pour le retour du roi à en faire saliver Philippe de Villiers. Parmi les royalistes, se trouvaient les propres beaux-frères du consul Brutus, qui, papotant avec leurs deux neveux Titus et Tiberius Brutus, les font entrer dans le complot. Comme ça.

Or donc, un soir, chez les Vitellius :

– Et donc, je propose qu'on parle tous ensemble de notre projet promonarchie 😜
– Oui, parlons-en dans ce banquet où servent plein d'esclaves 😜😜
– Damned ! Je suis un simple esclave et j'entends que mes maîtres veulent renverser la république 😱
– Le roi Tarquinius nous a envoyé une lettre 😜
– Répondons-lui, youpi ! 😜
– Cette lettre est une preuve, il faut la saisir ! 😱

L'un des esclaves, donc, avertit les consuls. Descente de licteurs chez les conjurés.

On saisit la lettre, on arrête ces clients trop enthousiastes du Puy du Fou, on décrète que si c'est comme ça les biens du roi Tarquinius, il les aura même pas en rêve, et on les distribue au peuple. L'une de ses terres est consacrée au dieu Mars et devient le Champ de Mars, et comme il y poussait du blé que personne n'avait plus le droit de bouffer (car propriété du dieu), on le versa dans le Tibre, créant ainsi une île.

Enfin, il fallait juger les conjurés.
Or il se trouvait parmi eux...

... les fils du consul Brutus.
Et qui le sort désigna-t-il pour juger les fils du consul Brutus ?
Le consul Brutus.

Alors, dans un move que Tite-Live trouve admirable de grandeur républicaine et qui perso m'évoque plutôt une absence d'empathie maladive, Brutus condamna ses propres fils à mourir sous les faisceaux des licteurs, bastonnés puis décapités.

Le seul pour qui cette histoire finit bien fut l'esclave, qui fut 1/ affranchi 2/ nommé citoyen romain.

Parce que (et si vous me permettez une parenthèse) c'est une particularité de Rome que les familles des affranchis s'intègrent à la cité : les fils d'affranchis deviennent citoyens romains, avec les mêmes (absences de) droits que les autres.

Reprenons le fil de la divagation : Tarquinius a échoué à renverser la république de l'intérieur... alors il attaquera Rome de l'extérieur.

Le roi étrusque de Rome va trouver les villes étrusques de Veii et de Tarquiniae.

Ils voudraient pas l'aider à tataner les Romains ?
Comme ça, entre compatriotes ?

La ville de Veii est partante, parce que l'idée de la démocratie la fait frémir, faudrait pas que des péquenauds chassent les rois.
La ville de Tarquiniae est en mode nationaliste, entre étrusques on se serre les coudes,

Fort de détachements véiens et tarquiniens, Tarquinius va attaquer Rome.

Sur le champ de bataille, les consuls mènent l'armée.

@hist_myth
Haha, je le savais : les tarquins ne peuvent s'empêcher d'en faire (des tarquineries), se vautrent au cours d'un repas et prennent une tarte, la célèbre tarte tarquin. Elle va ramasser, la crème qui voulait renverser.

Côté étrusque, Arruns Tarquinius, le fils cadet du roi, est à l'avant-garde avec la cavalerie.

Soudain, de loin, que voit-il ? Un type avec des licteurs et une toge à bord pourpre ! Un consul !

Et pire : Marcus Iunius Brutus ! Le zig qui a piqué à son papa le pouvoir royal ! (Et qui, oublie de rappeler Tite-Live, était son souffre-douleur plus jeune)
Le bully voit son bullied qui a réussi dans la vie. Et devient dingue. Il fonce sur Brutus, qui se porte à sa hauteur pour un DU-DU-DUEL !

Et là, blam ! La lance de Brutus traverse le bouclier d'Arruns, la lance d'Arruns fend le bouclier de Brutus, et les deux hommes tombent morts sur le coup dans une fin épique.

Exit Marcus Iunius Brutus, le révolutionnaire.

Pendant ce temps, la bataille se déclenche, et aussi indécisive que le duel, les Romains battent les Véiens mais reculent face aux Tarquiniens.

Les deux camps battent en retraite et s'installent pour la nuit, quand tout à coup...

– Bonjour, je suis une intervention divine.

– Moi, voix désincarnée, sortant de la forêt toute proche, j'annonce qu'un Étrusque en plus est mort et subséquemment que les Romains ont gagné.
– Ouh lou lou, font les Étrusques, c'est la voix du dieu Silvanus. Bon, on a perdu, on rentre au bercail, en plus je suis pas sûr d'avoir fermé le gaz.

Les Romains, donc, rentrent victorieux sous la conduite du dernier consul, Publius Valerius.
On fait de grandioses funérailles à Brutus, les Romaines notamment portant le deuil du vengeur de Lucretia.

Reste donc le consul Publius Valerius. D'abord, on l'accuse de vouloir devenir roi à la place des rois, vu qu'il se fait construire une villa sur la colline Vélia : ça ressemble vachement à une place-forte, tiens ! comme pour renverser un régime !
Publius Valerius se récrie hautement, et il prend deux décisions symboliques.

1/ Faire s'incliner ses licteurs devant l'assemblée populaire, signe de soumission du pouvoir exécutif au peuple.

2/ Construire sa maison au PIED de la colline.

@hist_myth
La grande question étant, finirez-vous Tite Live avant que Macron nomme un Premier Ministre ? Le suspense est à son comble !

@sossalemaire Je risque de.

Après quoi il soumit au vote du peuple une série de lois que nous nommerons démocratiques :
> l'appel au peuple : toute personne accusée ou menacée par un magistrat dans l'enceinte de Rome peut demander à être (re)jugée par un tribunal populaire
> toute personne convoitant la royauté est déclarée tabou, elle et ses biens, et donc exilée, rejetée, tuable à souhait, etc.

Puis on élit un remplaçant à Brutus, Spurius Lucretius, qui clamsa presque aussitôt et fut remplacé par Horatius Pulvillus.

[la suite après mes sushis]

[brace yourselves, ça va être long]

@hist_myth C'est marrant, j'ai comme des impressions de déjà vu en lisant ce thread.

Le père qui condamne ses fils sans sourciller ? C'est carrément Barty Croupton dans Harry Potter.

Le type au pouvoir qui veut s'accaparer une colline mais finalement les gens ne sont pas content alors il va s'installer à côté ? Kuzco dans le Disney éponyme.

J'suis sûr qu'en vrai, Tite-Live, il a copié.

@hist_myth

Ils avaient des clairons les romains ?

@LienRag Oui !

@hist_myth bon, bah, bonap hein. Et merci pour les alt très précis aux images

@cadmos De rien, ça me donne l'impression de faire des cours d'histoire des arts :D

Le temps de consacrer le grand et fameux (notamment parce qu'il a un toit en pente, incroyaaaable) temple de Jupiter Capitolin, et Rome se retrouve avec une autre guerre sur les bras : la guerre contre Porsenna, le roi étrusque de Clusium.

Historien moderne : Bonjour.

Oui, pardon, qui êtes-vous et que venez-vous faire dans mon thread ?

Historien moderne : J'ai entendu guerre contre Porsenna, alors j'ai popé dans ce thread.

Euh, OK, j'imagine que vous interviendrez quand il le faudra.

Donc, l'ex-roi Tarquinius était allé voir le riche et puissant Porsenna, et lui avait servi son petit discours comme quoi on ne pouvait guère tolérer que des gueux se carrent le postérieur dans le trône censé accueillir le postérieur des Tarquinii ; ça donnait un mauvais exemple.

Porsenna, lui-même peu démocratique, acquiesce, et marche sur Rome.

À Rome, on flippe.

Les Pères surtout flippent, car est-ce que la plèbe romaine va pas retourner sa veste et ré-accueillir les rois ?

Du coup, ils gâtent la plèbe en gérant l'inflation des denrées alimentaires : et que j'importe du blé, et que je nationalise le commerce du sel, et que j'exonère des impôts la plèbe, et que j'applique un programme social qu'à côté Rachel Kéké a l'air d'Alain Juppé.

Du coup la plèbe ❤️ le sénat (ça va vraiment pas durer).

Or donc, Porsenna débarque si vite que, pouf, il prend la citadelle de la colline du Janicule, en face du pont Sublicius. Vous vous rappelez, le pont en bois 100 %.

Les gardes du pont sont terrorisés et s'enfuient, risquant de laisser passer l'ennemi.

Sauf un type. Horatius Coclès.

Historien moderne : *ahem*

Ouiquoidonc ?

Historien moderne : Rien. Je veux juste faire remarquer que Coclès veut dire borgne. Un peu comme le dieu Odin dans les mythes scandinaves. C'est tout pour le moment, je repasserai.

Donc, Horatius Coclès engueule ses camarades : "Mais les ennemis vous vont suivre bande de nazes ! Faut bloquer le pont ! Attendez voir, je vous montre !"

@hist_myth Ça a l'air cool quand les gens qui gouvernent ont peur du peuple. On devrait essayer ça chez nous, tiens.

Et à lui tout seul (ou presque, il a deux types qui le soutiennent un peu, Spurius Larcius et Titus Herminius) il se poste devant le pont et bloque le passage de toute l'armée étrusque. Qui n'ose d'abord pas l'attaquer. C'est qu'il leur fait les gros yeux.
Enfin, les Etrusques attaquent, mais Horatius Coclès bloque leurs traits dans son bouclier. Et réussit à tenir sa position le temps qu'on détruise le pont.

Sa mission accomplie, il fait une petite prière au dieu Tibre et se jette à l'eau.

Coclès crawle tranquille à l'abri et se fait accueillir en sauveur, joie, bonheur et héroïsme.

Historien moderne : Hmm, et vous croyez, vous, à cette histoire ?

Ben, même Tite-Live semble pas trop y croire, parce qu'il relève que c'est plus célèbre que vraisemblable.

Historien moderne : Hmm.

Mais enfin Porsenna assiège Rome. C'est très gênant. Publius Valerius monte une embuscade avec les deux camarades de Coclès, infligeant des pertes à Porsenna, mais le siège n'est pas levé.

Or il y avait à Rome un type qui haïssait les rois plus encore que les autres. Les rois, et le siège, et les Étrusques, et ce fichu roi Porsenna qui osait assiéger une ville libre !! Et ce type venait de la haute, et il s'appelait Caius Mucius.

Caius Mucius s'en vint trouver les Pères et leur déclara qu'il allait tenter un truc, et pour cela sortir tout seul de Rome, mais qu'il fallait pas croire qu'il désertait. Après quoi il planque un poignard sur lui et sort de Rome en clampin lambda.

Le roi Porsenna se trouvait alors dans son camp, à côté de son scribe royal, et ça devait être casual Friday chez les Étrusques car roi et scribe étaient habillés à peu près pareil. Une foule se presse autour des deux dignitaires. Caius Mucius s'approche, prend son couteau.

Il est venu tuer Porsenna !
Et ainsi libérer ROME !

Mais... c'est qui Porsenna entre les deux gars du milieu habillés pareil ?

L'hésitation gagne notre Che à l'antique.
"Baste, songe-t-il, je tue l'un des deux au pif."

Alors il fend la foule et embroche... le scribe.

EPIC FAIL.

Aussitôt il veut s'enfuir, on l'arrête, on le ramène devant le roi.

– T'es qui toi et qui t'envoie ? grogne Porsenna.
– Je suis CITOYEN ROMAIN. Mucius. Caius Mucius. Et je te tiens un discours empreint de stoïcisme comme quoi les Romains sont trop badass et viendront tous t'assassiner si tu veux prendre la ville.
– Qu'il passe aux aveux pour dénoncer ses complices ! qu'on le torture ! rage Porsenna.
– Me torturer ? Tu peux essayer.

@hist_myth Finalement c'est pas si bien comme situation, scribe

CW masochisme, automutilation, barbecue

Et Caius Mucius de plonger sa main droite sur une sorte de brasero et de la laisser brûler sans sourciller.

Porsenna est tout ébaubi.

C'est quoi cette cité de badass stoïciens qui se carbonisent une pince sans desserrer les dents comme s'ils mécomprenaient le concept de qualif aux Jeux paralympiques ?

Admiratif, il fait aussitôt relâcher Caius Mucius.
Celui-ci dit alors qu'il y a à Rome 300 fanatiques comme lui prêts au régicide, et s'en va.

– Trop fort. Trop fort, pense Porsenna.

Et sur ce, il fait escorter Caius Mucius, désormais surnommé Scaevola, le Gaucher, par des légats qui proposent à Rome d'établir la paix.

Historien moderne : AHEM.

Ah mais vous m'agacez, parlez au lieu de vous racler la gorge.

Historien moderne : Alors d'abord cette histoire de gaucher ça rappelle vraiment le dieu manchot Tyr de la mythologie nordique. Aussi, je pense qu'on peut largement hashtaguer cet épisode .
Puis sérieusement...

Historien moderne : Vous pensez qu'un roi étrusque qui tient la cité dans un siège comme Porsenna, il va relâcher la pression parce qu'un Romain précis lui a parlé comme un fondamentaliste ? Des nèfles. On peut parier que Porsenna non seulement a continué la guerre, mais l'a gagnée, hein. Ce qu'admettent d'autres sources antiques, comme Tacite. La thèse actuelle c'est qu'il a conservé Rome pendant plusieurs années avant de devoir lâcher l'affaire à cause de revers extérieurs.

Après cette parenthèse de vraie histoire, retournons au mythe : Porsenna envoie donc des ambassadeurs, qui demandent mollement le retour des Tarquinii à Rome, et plus fermement la restitution de terres à la ville de Veii et l'envoi d'otages pour sceller le traité.

Le concept d'otages est simple : tu signes un traité ? tu files à ton partenaire des gens fragiles auxquels tu tiens. Si jamais tu violais le traité, ces gens... disons que tu n'aurais plus jamais à leur souhaiter leur anniversaire.

Parmi les otages part une jeune Romaine, Cloelia. Or, elle se rend compte que le camp ennemi est juste à côté du Tibre. Comme c'est une héroïne badass, elle rassemble les autres filles otages, toutes échappent de nuit à leurs gardiens, et à l'aide d'une pratique efficace de la brasse coulée, traversent le Tibre à la nage pour rentrer chez elles, et sous les flèches ennemies encore !

Porsenna, vexé, demande par ambassadeurs qu'on lui rende Cloelia.

Pour lui faire passer un sale quart d'heure ?

Que nenni : pour la féliciter, lui dire qu'elle valait Scaevola et Coclès, et lui filer un lot d'autres otages de son choix qu'elle pourrait libérer. Alors Cloelia fit libérer tous les enfants.

Historien moderne : alors...

Oui. On sait. C'est mythique. En fait les Romains ont perdu.

D'ailleurs même Tite-Live relève qu'à Rome, on appelle "vendre les biens du roi Porsenna" la vente aux enchères des biens pillés pendant une guerre, ce qui n'évoque pas une résolution pacifique du conflit.

Après quoi, Porsenna alla chercher des bisbilles à une autre ville du quartier, Aricia. Ce fut un échec, même que ça n'a pas marché : il y perdit son fils Arruns (oui, un autre Arruns) et une partie de son armée, l'autre partie allant se réfugier à Rome où elle s'établit dans le Faubourg étrusque.

Porsenna envoya une dernière ambassade pour demander le retour des Tarquinii, et quand les Romains dirent non très fort, il fit "oui, bon, OK", rendit ses gains, ses otages, et fit la paix.

Après la guerre contre Porsenna, Rome faillit s'embrouiller avec les Sabins, ses voisins du nord-est, mais une dissension éclata chez eux ce qui provoqua au contraire une vague migratoire de (riches) (guerriers) Sabins et de la (riche) (et puissante) famille Claudia, que Rome accueillit généreusement (ben voyons).

Et puis Publius Valerius, auteur de la quasi totalité des mesures démocratiques de Rome, et surnommé Publicola ("Honore le peuple"), mourut, et eut droit à des funérailles grandioses.

Après quoi l'histoire de Rome devient assez vite une affaire guerrière. C'est qu'avec tout ça, les voisins de Rome décident de se montrer remuants. Et les années qui suivent consistent surtout à se battre contre un, ou deux, ou trois de ces voisins.

D'ailleurs j'ai chopé une petite carte pour qu'on s'y retrouve.

Alors c'est parti pour le défilé des bastons.
On commence en 504-503 par une baston contre les Aurunci pour le contrôle des cités de Pometia et Cora.
En 503, prise de Pometia.

Carte de l'Italie centrale et notamment du Latium. Dans le coin nord-est, les Étrusques, notamment la ville de Veii, la plus proche de Rome. Au nord-ouest de Rome, les Sabins. Juste à l'ouest de Rome, les Aequi. Au sud-est, les Volsci, encore plus au sud, les Aurunci.

En 501, les choses se corsent : les Sabins venus voir les jeux romains enlèvent des courtisanes romaines et la bagarre déclenchée dégénère. En plus, apparemment, 30 (!) de ses voisins se coalisent contre Rome.

Les Romains flippés décident de créer un nouveau magistrat : le dictateur. Le dictateur est une sorte de consul sous stéroïdes, contre lequel on ne peut pas faire appel au peuple.

En revanche, il vient régler un problème précis (en l'occurrence, la guerre) et sa magistrature dure 6 mois.

Le dictateur a comme adjoint un "maître de cavalerie". Et, pour montrer qu'il a plus de pouvoir, ses licteurs portent des haches à leurs faisceaux (alors que les consuls n'en ont pas, en signe de moindre violence).

L'arrivée du dictateur rend la plèbe romaine craintive... et inquiète aussi les Sabins, qui décident de filer doux.

L'année 499 arrive, le dictateur est parti, et voilà que c'est les Latins qui entrent dans le bal, se frittant avec les Romains pour la possession de plusieurs villes.

Pouf, on renomme un dictateur, et celui-ci emmène l'armée romaine au lac Regillus.

En plus, une nouvelle enrage l'armée de Rome : dans le camp ennemi, il se trouve des Tarquinii, l'ancienne famille royale !
La baston se déclenche, furieuse. Le dictateur Aulus Postumius se fit rageusement attaquer... par Tarquinius Superbus himself ! Ailleurs, le maître de cavalerie se jette sur un chef latin ! Le frère de Publicola meurt en duel contre un des fils Tarquinii ! On se croirait dans l'Énéide !

Titus Herminius, l'ancien camarade de Coclès, tue le général ennemi mais meurt en retour ! Un dernier assaut de la cavalerie romaine emporte la victoire ! Les historiens modernes trouvent sûrement que ça ressemble bien trop à une épopée !

Enfin bon, les Latins sont matés. Le roi Tarquinius Superbus, qui survécut à la bataille, s'enfuit à Cumes où il mourut en exil en 496.

La menace de la royauté était définitivement écartée.

Et un autre conflit commençait. Intérieur cette fois.

En effet, à Rome :

– Je suis un patricien romain, j'ai plein de thunes et tout le pouvoir politique m'est réservé grâce à un système de votes inégalitaire 🤑
– Je suis un plébéien romain, je m'occupe globalement d'avoir du blé, du blé à manger, hein 👩‍🌾
– J'ai ménagé la plèbe tant que j'avais peur qu'elle passe du côté des rois, mais, hum, ils sont pas tous morts les rois ? 🤑
– Dites, est-ce qu'on pourrait maintenir mes avantages sociaux ? 👩‍🌾
– Euuuh OH REGARDE là-bas une attaque des Volsci ! 🤑

En effet, en 496, les Volsci, jusqu'ici assez ambigus, s'agacent des incursions romaines sur leur territoire et se cherchent des alliés chez les Latins. Les Latins refusent vont même les dénoncer à Rome, ce dont Rome est bien contente. La guerre cependant menace.

Or des luttes intestines compliquent la situation. Car voilà ce qui se passait souvent :
– J'ai pas de blé 👩‍🌾
– Je t'en prête ! 🤑
– Cool miam miam 👩‍🌾
– Dis, tu me rembourses ? 🤑
– Euh, j'ai pas de quoi 👩‍🌾
– Alors je te fais esclave 🤑

Cette situation fort fréquente faisait que les patriciens, qui déjà détenaient le plus de richesses et des privilèges politiques exclusifs de droit (comme l'éligibilité) et de fait (comme le choix des dirigeants), asservissaient une partie de la population plébéienne pour dettes. En soi, c'était tout à fait légal, mais difficilement supportable vu que ladite population plébéienne formait l'infanterie. Les plébéiens se plaignaient de se battre pour une Rome qui les asservissait en retour.

@hist_myth

Cette ois du Capitole ?

@lienrag Personne n'a rien vu

@hist_myth

Ils font quoi, les romains de l'époque, quand ils prennent une ville ?
Durant la guerre des gaules, ils ont tué le tiers de la population si j'ai bien compris, et ramené un million d'esclaves si je me souviens bien.
Mais les villes voisines, ils en ont fait des socii après, donc y'a la phase "massacre, pillage et viols" d'abord ou bien ils l'ont squeezée ?
En clair, avant d'en faire des socii, ils en ont fait des sushis ? Sans se faire de soucis ?

@lienrag Hum, ça dépend, quand ils ont pris Pometia c'était massacre, pillage, viols, rasage de la ville et population asservie.

Et puis, en 495, telle l'immolation par le feu du Tunisien qui déclencha le printemps arabe, un ancien centurion vint se plaindre au forum.

Décharné, en haillons, il montra les cicatrices de ses batailles et les traces des sévices subis par un maître patricien ; car pendant une guerre, les Sabins avaient brûlé sa ferme, et il n'avait jamais réussi à remonter la pente, s'enfonçant dans la dette et perdant la liberté ! Depuis, son maître le battait et l'humiliait.

Et donc, logiquement : émeute.

La plèbe de Rome s'enflamma et envahit le forum, les rues, les maisons pour cacher les endettés que venaient chercher leurs maîtres. Les Pères qui traversaient la ville eurent peur de se faire agresser sur le champ. Malgré les tentatives des consuls de calmer le jeu, la plèbe réclame une réunion des Pères pour légiférer sur la dette. Impossible ! D'abord le sénat n'arrive pas à se réunir en nombre, puis il s'entredéchire.
C'est que... légiférer sur la dette... c'est renoncer à leurs intérêts.

En effet, ce sont les mêmes patriciens qui sont les créanciers de la plèbe et que la plèbe appelle à annuler les dettes.

Même les deux consuls de l'année ne sont pas d'accord.
Le premier, Appius Claudius, est... comment dire ? du genre poutino-zemmourien.
L'autre, Servilius, c'est plutôt François Hollande.

Appius est tenant d'arrêter tous ces émeutiers d'ultragauche qui bordélisent le débat politique.
Servilius pense qu'on pourrait discuter peut-être ?

Sur ce, un cavalier arrive : attaque des Volsci !! vite ! il faut agir !

– Et puis quoi encore, pourquoi se battre pour ces bourgeois, bien fait pour eux, ils n'ont qu'à aller se battre tout seuls, fait la plèbe.
– Et l'honneur et l'intérêt de la NaTiOoN, gémissent les Pères.

Servilius a une idée. Il se présente devant la plèbe et annonce : "Pas le temps de légiférer. La guerre est trop pressante. Mais tous ceux qui s'enrôlent pour cette campagne sont protégés de l'esclavage pour dettes !"

Cette technique de recrutement marche du tonnerre de Jupiter. Les débiteurs insolvables surgissent de partout pour s'enrôler. Et on part donc tous ensemble faire la guerre aux Volsci.

Les Volsci tentent de prendre un camp romain, ça se passe mal. Puis les Sabins tentent de faire la guerre aux Romains : c'est plié en une nuit et une demi-page. Les Aurunci tentent le coup aussi : une bataille rangée et 10 lignes achèvent la guerre.

Les Romains rentrent victorieux. Et les problèmes reprennent.

Car voilà que le consul Appius Claudius, notre proto-Zemmour mâtiné de Laurent Wauquiez, mine la promesse d'immunité offerte par Servilius en condamnant moult débiteurs à l'esclavage.

Du coup, plein d'endettés se retrouvent esclaves malgré leur enrôlement. Ceux-ci exigent alors que Servilius les protège.

Mais Servilius est coincé, car tous les Pères sont désormais farouchement contre l'annulation des dettes et des peines d'esclavage.

Pauvre Servilius, c'est dur d'être centriste dans un parti de droite.

La plèbe est furieuse : et contre Appius Claudius pour son acharnement, et contre Servilius pour son inaction. Et elle le fait savoir en élisant un obscur inconnu à une fonction religieuse qui aurait dû en bonne logique revenir à un consul. Un geste symbolique mais signifiant. Un peu comme aller faire caca dans la Seine.

Désormais, pour contrer l'asservissement des endettés, la plèbe recourt à la force physique.

@hist_myth question bête, les latins c'est pas les romains ?

@floby Les Romains sont DES Latins mais les Latins ne sont pas tous des Romains

Elle vient matériellement sur les lieux des procès pour dettes et hurle pour couvrir la sentence des consuls. Et elle menace de tabasser les gens qui porte plainte pour dette non remboursée. Et quand une nouvelle guerre menace contre les Sabins, elle refuse de s'enrôler.

Appius Claudius, lui, vivifié par la haine populaire, cherche à faire des arrestations en public et traite son collègue de démagogue.
La plèbe est furieuse. Et elle fait un truc terrible :

... des AG.

Je plaisante à peine.
Le texte précise que la plèbe se concerte dans des conciliabules secrets. Bien sûr, les Pères sont angoissés et en colère. C'est eux qui sont l'instance de délibération politique. Il ne manquerait plus que le peuple se *parle* !

Enfin les consuls arrivèrent au bout de leur année, et furent remplacés par deux autres, Aulus Verginius et Titus Vetusius.

Les AG de la plèbe sur l'Aventin et l'Esquiliae inquiètent les consuls, qui demandent aux Pères quoi faire.

Les Pères répondent avec la modération qu'on leur connaît :

– Vous avez qu'à les mater ! les réprimer ! les arrêter ! ah la la c'est pas Appius Claudius qui aurait posé cette question ! Tenez, enrôlez-les pour la prochaine campagne !

Le consul monte donc sur une estrade devant le peuple, énonce des noms : personne ne répond. Au contraire, on leur balance des discours contestataires.

– Bon, font les consuls aux Pères, si vous voulez les enrôler, va falloir nous aider.

Or donc, les consuls reviennent à la charge, avec quelques jeunes sénateurs en renfort : le genre très de droite, très rigide, histoire qu'ils prennent sur eux les mesures impopulaires.

Le consul appelle un type qui se trouve devant lui et dont il connaît le nom, et quand celui-ci refuse de répondre, il lui envoie un licteur. Cela déchaîne la foule qui injurie et bouscule le licteur et les sénateurs droitards qui l'aident.

Re-réunion des Pères en urgence, pour trouver une solution.

Trois avis émergent de trois sieurs :
Publius Verginius, Père lambda "en même temps" : faudrait juste tenir la promesse faite par le consul Servilius, hum ? On asservit pas les enrôlés et on s'occupe des autres.
Titus Largius, ancien consul, insoumis à l'antique :
Appius Claudius, ancien consul : Répression ! REPRESSIOOOON ! Nommons un dictateur ! Matons-les ! Bouffons-les ! Nommez-moi, je veux être dictateur, dictatuuuure !

On nomma donc un dictateur...

... mais pas du tout Appius Claudius, car c'eût été vexer la plèbe, alors qu'on se faisait attaquer à la fois par les Volsci, les Aequi et les Sabins. À la place, on prit une personnalité plutôt consensuelle, Valerius, de la famille du si populaire Valerius Publicola.

– Bon, s'apaisa momentanément la plèbe, si on nomme un dictateur, mais que c'est un Valerius, c'est qu'on veut pas nous traiter n'importe comment. Alors on accepte l'enrôlement.

Enrôlement massif, avec jusqu'à 10 légions créées.

On envoie d'abord vite fait le consul Vetusius mater les Aequi qui embêtait les nouveaux alliés latins ; puis l'autre consul alla bouffer les Volsci tout crus, dans une bataille rangée où les Romains laissèrent les Volsci s'épuiser à courir à leur contact avant de les cueillir tout fatigués. Le dictateur, lui, mène une bataille contre les Sabins, qui achève la guerre tout net, exploit qui vaut à la famille des Valerii un siège d'honneur au spectacle. Bref, victoire partout.

@hist_myth En même temps, peu importe qui précisément devient dictateur, tant qu'il applique le programme du NFP, non ?

(Bizarrement j'ai comme un doute.)
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De retour de la guerre, Valerius vient au sénat dire : "hé, ho, les mecs, vous allez me résoudre ce problème de dettes ou quoi ?"

– Wooo, pfouu, plus tard, font les Pères.
– Vous m'emmerdoyez, réplique le dictateur, si c'est comme ça, je considère qu'avec la fin de la guerre j'ai fait mon job, je démissionne.
– Ouh la la, mais c'est vrai, la guerre est finie, malheur, les cassos vont refaire des AG et tout, s'émeut le sénat.
– Non, attendez, on peut dire... qu'ils sont toujours enrôlés !

– Pasque si c'est toujours la guerre, vous savez qu'en s'enrôlant ils ont prêté serment d'obéir aux consuls ! Du coup tant que les plébéiens restent soldats ils peuvent pas mettre le boxon sans écoper d'une malédiction ! On n'a qu'à les garder sous les armes, on est trop malin, génie, on dissoudrait bien l'assemblée nationale là pour voir si c'était pas anachronique.

Les soldats prennent la nouvelle assez mal.

– Solution simple, dit l'un. On tue les consuls. Plus de consuls, plus de serments.

– Ça marche pas comme ça, on peut pas se délivrer du serment juste en tuant le mec à qui on a juré.
– Hmm, c'est vrai... que faire...
– Moi, déclare un soldat plébéien du nom de Sicinius, je pense qu'on devrait juste se casser et dresser notre camp à nous.
– Woow, trop bonne idée Sicinius !

L'armée plébéienne se retire du camp, et fait sécession.

Selon les uns elle se retire sur le mont Sacré, selon les autres sur le mont Aventin.

En tout cas, elle rigole pas. Elle dresse un camp, et tout.

Panique générale en ville. Quel est ce camp dressé en face de Rome ? Est-ce qu'il va attaquer ? Et est-ce que la plèbe restée dans les murs va agresser les Pères ? Et est-ce que les Pères vont tenter d'agresser la plèbe puisque ses soldats ne la défendent plus ?

Alors, en sueur, le sénat dépêcha au camp des insurgés un orateur d'origine plébéienne, Menenius Agrippa.

Il se rendit en plénipotentiaire au camp des insurgés et, pour tout discours, il leur dit une fable.

Dans cette fable, les membres du corps se plaignent que le ventre mange le fruit de leur travail sans jamais travailler. Alors ils font grève, n'apportant plus de nourriture au ventre. Et dépérissent faute de nutriments, comprenant enfin le rôle du ventre.

On a compris : ventre = patriciens, reste du corps = plèbe.

Je l'ai déjà dit, je le redis, je trouve cette fable paternaliste et menteuse à souhait, mais bon, les plébéiens hochent gravement la tête et disent que cépafo.

Alors, sous la conduite de Menenius Agrippa, l'armée plébéienne réintègre Rome. En compensation, une magistrature est spécialement créée pour défendre ses intérêts : les tribuns de la plèbe,
que des "lois sacrées" déclarent inviolables, et qui peuvent s'opposer à tout acte ou toute loi d'un autre magistrat qu'ils jugent contraire aux intérêts de la plèbe.

Cette magistrature bis permettra-t-elle d'apporter plus d'égalité, d'équilibre et d'apaisement à Rome ?

Ou la réaction patricienne saura-t-elle habilement la manipuler, voire la terroriser ?

Et sera-ce encore souvent le boxon ?

Vous le saurez dans le prochain épisode !

Merci à tous et toutes pour la lecture !

@hist_myth comme quoi, ils auraient dû faire grève de la guerre

@floby C'est littéralement ce qu'ils finissent par faire

@hist_myth Une petite interrogation quand même : « peuvent s'opposer à tout acte ou toute loi », concrètement, ça veut dire un droit de véto, ou ça veut dire un droit de dire officiellement « je ne suis pas d'accord » ?

@hist_myth

Sachant que la Plèbe de l'époque n'était pas la Plèbe actuelle mais juste les gens qui n'étaient pas Patriciens, donc en fait était assez mélangée solcialement, on sait si les Patriciens joueaient réellement un rôle utile à l'époque ?

@lienrag Je rappelle les hashtags :

En vrai, on sait pas grand-chose sur la Rome de la République en dehors de ce que nous disent des sources douteuses, tardives et très incertaines

@elzen Droit de veto intégral.

Techniquement, le tribun de la plèbe peut se placer physiquement devant un magistrat pour l'empêcher d'aller porter une loi devant le peuple ou de saisir un individu. Comme le tribun est inviolable sinon grosse malédiction, c'est gênant.

@hist_myth Ah oui, vu comme ça c'est assez pratique, en effet.

Disons que c'est plus efficace qu'un Défenseur des Droits, à vue de nez.

@Dem Il y a beaucoup de blabla character development dans les séries Netflix, une erreur que ne faisaient pas les historiens antiques :D

@hist_myth
Toutes ces intermèdes scandinaves, ça me rappelle mes cours d'histoire et archéologie de la Rome archaïque avec de la mythologie comparée, et l'aspect judiciaire/religieux de Scaevola avec cette espèce d'ordalie

@Anaterya J'avoue que j'ai pompé mes propres cours d'histoire sur la Rome archaïques, même s'ils étaient homéopathiques, et me laissaient souvent avec l'impression que Dumézil racontait nimp

@lienrag Bon, en vrai, ce que j'ai retenu de mes lectures sur la Lutte des Ordres (sachant que moi je ne suis pas une historienne mais une pure lectrice) : en gros, la différence entre la plèbe et les patriciens est de l'ordre de l'hérédité, les patriciens appartiennent à une aristocratie héréditaire, les plus puissantes gentes (clans) qui rassemblent les plus gros propriétaires terriens et qui ont des fonctions de commandement à la guerre.
La plèbe, c'est juste tous les autres.

@lienrag Du coup, ça rassemble aussi bien ce que nous on appellerait les "classes populaires" que des propriétaires terriens qui pratiquent une agriculture de subsistance, des artisans urbains, des marchands potentiellement très riches, et même ce que nous on appellerait des CSP+. Tout cet ensemble est de fait écarté du pouvoir politique, car les magistratures sont réservées aux patriciens.
Probablement les personnes asservies pour dettes n'étaient pas les plus riches, cela dit.

@hist_myth
le gros z'œil plutôt, s'il est borgne, non ?

@ancilevien74 Il s'appelle Borgne, ça veut pas dire qu'il est borgne.

@hist_myth
"- Qu'on les décapite !

  • Mais monsieur, de part votre lien familial avec les accusés, il y aurait pas un conflit d'intérêt à ce que vous les ju...
  • QU'ON LES DÉCAPITE !!!"

@hist_myth pourquoi les romains ont-ils toujours des aptonymes 🤔

@floby Parce que c'est plus mythique qu'historique

@hist_myth

Ah, OK.
Les socii c'est venu après ou bien le choix entre "massacre&pillage" ou bien "copains !" c'était selon l'humeur du moment ?
D'ailleurs Tite-Live il en parle des massacres et viols ? Et comment ?

@lienrag Si je comprends bien si la ville se rend elle devient une socia et ses notables entrent dans le système romain, si elle est prise de force elle se fait raser et asservir et on envoie des colons romains occuper son territoire, mais c'est peut-être surtout quelques siècles plus tard que ça devient vrai