Je retiens plusieurs enseignements de ce scrutin.
Premièrement, les sondages ne font pas l'élection. Ce sont les votes qui comptent. La démocratie française est vivante et bien vivante. Les citoyens se sont exprimés.
Merci @defakator pour la première image. (1/11)
Deuxièmement, on redécouvre l'importance du Parlement en général, et de l'Assemblée Nationale en particulier. La Vème République est un régime présidentiel, surtout avec le quinquennat. Mais le Parlement peut être un contre-pouvoir si les électeurs le décident. (2/11)
Troisièmement, il va falloir des dirigeants adultes qui vont découvrir le principe du compromis et du consensus. C'est majoritaire en Europe, mais en France on ne sait gouverner qu'avec le pouvoir absolu. C'était archaïque et immature. (3/11)
Dans la vie, on ne fait jamais totalement ce qu'on veut. C'est illusoire de penser qu'une seule idéologie suffit à diriger un pays. La contradiction et le consensus sont bien plus efficaces. (4/11)
Ne croyez pas d'ailleurs que ceux qui présentent une majorité relative de gauche comme un danger et regrettent à demi-mot la majorité absolue d'extrême-droite passent inaperçus. Ce genre de sentiments est une honte pour notre démocratie. (5/11)
Quatrièmement, ce que démontre le front républicain (75% des sièges), c'est que la majorité des Français rejette les idées et le principe du RN, le parti tenu par la famille Le Pen. (6/11)
Le scrutin uninominal à deux tours ne permet d'exprimer ce rejet que par la constitution du front républicain, et donc en passant au-dessus des egos des dirigeants des partis. C'est dangereux. (7/11)
Le jugement majoritaire permet à chaque électrice/électeur d'exprimer son avis sur chaque candidat. Adhésion et rejet peuvent donc s'exprimer indépendamment des négociations entre partis.
Ce mode de scrutin est moderne et donne les pleins pouvoirs aux citoyen•ne•s. (8/11)
Le vote blanc peut aussi s'exprimer en rejetant l'ensemble des candidats, et est mécaniquement comptabilisé, en particulier si on impose une mention minimale pour être élu. Si aucun candidat ne l'obtient, aucun n'est élu. (9/11)
Étrangement, ce mode de scrutin intelligent, représentatif, et qui donne le pouvoir au peuple est méprisé par la classe politique, et moqué par les médias. Il a pourtant été théorisé par des chercheurs français de L' École Polytechnique : https://www.pnas.org/doi/full/10.1073/pnas.0702634104
Alors, sommes-nous prêts à moderniser nos institutions pour répondre au souhait sans ambiguïté émis par les citoyennes et citoyens (75% de sièges contre le RN) ?
Notre démocratie est vivante, nous en sommes les acteurs et actrices, préservons-la. (11/11)
Présenter le parlement comme un contre-pouvoir, c'est déjà adopter un point de vue très présidentiel dont on devrait se débarrasser ;-)
@elzen Tout à fait exact. Bien vu.
À titre personnel, je serais beaucoup plus favorable à du vote par approbation, qui présente l'avantage d'être beaucoup plus simple à comprendre autant qu'à mettre en place, et qui vise en priorité la recherche d'un consensus, ce qui me paraît préférable sur le long terme.
(Je peux développer si le sujet vous intéresse)
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@mmontarges [Balinski et Laraki étaient des chercheurs CNRS, certes hébergés à l'X]
@MonniauxD Les chercheurs CNRS sont toujours herbergés dans un laboratoire ou un établissement. J'ai repris l'affiliation qu'ils ont mise en premier dans leur article.
@elzen ce n'est pas une forme simplifiée est plus facile à comprendre du jugement majoritaire ? @mmontarges
Le jugement majoritaire est une forme modifiée du système appelé « vote Borda » (du nom du chevalier de Borda, mais qui est beaucoup plus ancien que lui vu que c'était déjà utilisé par le sénat romain), dans lequel on classe les différentes options disponibles, celle qu'on préfère gagnant le plus de points.
Le jugement majoritaire, c'est un vote Borda modifié pour lui faire respecter le « principe de Condorcet », qui dit qu'un choix qui est préféré par une majorité doit nécessairement l'emporter.
C'est grosso-modo le système de vote qu'on utilise avec les outils du style Doodle/Framadate, comme Monsieur Phi l'évoque dans la vidéo qu'il y a consacrée :
https://indymotion.fr/w/52eGHQUoWJPwBiMpjABHXg
Le choix du système de vote dépend de plusieurs paramètres, mais en priorité de ce qu'on veut que le vote serve à déterminer : à titre personnel, j'ai une très forte préférence pour les méthodes qui visent à dégager un consensus quand il existe, ou au pire à faire un compromis, plutôt que d'imposer des solutions clivantes qui me semblent poser pas mal problème.
https://fadrienn.irlnc.org/tmp/sysvotes.pdf
(C'était fait pour l'AG de la @federationfdn et tout retour dessus est évidemment bienvenu)