Le Livre d'Argent

Israël – Palestine : l’indignité des réactions en France

https://www.frustrationmagazine.fr/france-israel-palestine-indigne/

Même les simples événements culturels, comme une pauvre exposition sur la Palestine à l’Institut du Monde Arabe, se voient être annulés. L’objectif est clair : pour justifier les massacres à venir, il faut déshumaniser les Palestiniens. Ils n’existent plus en tant que tels, ils sont tout entier “le Hamas”.

Dans la continuité, la présidente macroniste de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet a interdit la venue de Mariam Abou Daqqa, militante féministe et docteure en philosophie, qui incarne donc une branche politique (de gauche) extrêmement éloignée du Hamas. Les Palestiniens ont juste le droit de mourir en silence, et la liberté d’expression est une farce en France.

https://www.frustrationmagazine.fr/france-israel-palestine-indigne/

la macronie est allée encore plus loin que jamais en parlant même d’interdire et de dissoudre certains partis politiques d’opposition. [...] La police judiciaire est ainsi saisie au sujet du Nouveau Parti Anticapitaliste pour “apologie” et “provocation aux actes terroristes”. Rendons nous compte : un parti politique d’opposition voit la police enquêter sur lui au prétexte d’une prise de position sur un sujet international.

https://www.frustrationmagazine.fr/france-israel-palestine-indigne/

La menace de dissolution de partis politiques est quelque chose de gravissime. Aucun parti de gauche majeur n’a été dissous en France depuis 1939 (dans un contexte ultra-fascisant). Pourtant de nombreux partis de gauche ont tenu au cours de l’histoire française des positions beaucoup plus affirmées et dures sur l’anticolonialisme.

https://www.frustrationmagazine.fr/france-israel-palestine-indigne/

@Khrys
Après les ecoterroristes, les palestinoterroriste.
Bientôt toutes les manifestations humanitaires ou anti gouvernementales seront taxées de soutient au terrorisme , ce qui est déjà le cas pour certaines

@Khrys

C'est peut-être pas du niveau de la dissolution de parti politique.
Mais, dans notre labo, on a reçu un petit mail de la direction régionale du CNRS :

===
Je vous prie de trouver ci-joint un courrier de Madame la ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche Sylvie Retailleau.
 
[...]

@Khrys

J’appelle votre attention sur la prévention de tout trouble à l’ordre public et aux conditions normales de travail, au sein du laboratoire, que des expressions politiques, proclamation d’opinion, échanges sur les listes de diffusion pourrait troubler.

[...]

@Khrys

- Les manquements aboutissants à la perturbation des conditions de travail des agents pourront faire l’objet de poursuites disciplinaires.
- Toute apologie des actes terroristes, incitation à la haine, à la violence ou à la discrimination fera l’objet par mes soins d’un signalement au Procureur de la République et de poursuites disciplinaires.

[...]

@Khrys

Je vous remercie d’en informer tous les agents du laboratoire et à me faire un signalement immédiat de tout évènement ou incident.
 
[...]

@Khrys

Dans le droit fil du message adressé par notre ministre,  il me semble de première nécessité de préserver la liberté d’opinion de chacun par le respect de l’obligation de neutralité, de garantir un exercice professionnel paisible et d’éviter dans le cadre professionnel et scientifique des sujets de dissensions à l’heure où tant de conflits et de victimes sont à déplorer.

===

Voilà. Ce genre de mail, ça se pose là en terme de verrouillage de débat politique.

@bins @Khrys "préserver la liberté d’opinion de chacun par le respect de l’obligation de neutralité", on se croirait dans 1984 quand on lit des phrases pareilles.

@Khrys Maintenant on peut clairement employer le terme dictature pour la France.

@mantidactyle @Khrys

Non. Par respect pour les habitants des États qui sont réellement ("clairement", comme vous dites) des dictatures.
Je ne dis pas ça pour le plaisir de finasser et encore moins pour défendre les droites qui gouvernent actuellement ce putain de pays de merde (sans parler de cette majorité de l'électorat qui applaudit des deux mains), mais il existe 50 nuances entre les démocraties représentatives à peu près saines (Nouvelle-Zélande par exemple) et les régimes totalitaires absolus (Corée du Nord et Érythrée par exemple), notamment toute la gamme des démocraties "illibérales" (Hongrie par exemple), des régimes autoritaires pseudo-démocratiques (Russie, Pays du Golfe, etc..), des régimes autoritaire purs et durs (Iran, Égypte, Birmanie, etc), etc..

Des exemples de "dictatures" proches de chez nous , ce serait la Biélorussie ou l'Égypte, où tout le pouvoir est concentré au sein d'une seule clique, sans opposition parlementaire (les victoires électorales à 93%), les opposants étant emprisonnés ou assassinés sans vergogne etc..

Enfin tous ces régimes sont évolutifs (mais le moins qu'on puisse dire, c'est qu'on peine à trouver ces derniers temps des États qui ressemblent à la Nouvelle-Zélande, et que ça se durcit un peu partout)

La France, comme l'Italie et de plus en plus d'états européens s'approchent doucement du "modèle Hongrois", celui d'Orban et ses amis (qui doivent se fendre la poire en voyant les manières de gouverner d'un Macron), où l'instance au pouvoir utilise toutes les possibilités offertes par la loi et le pouvoir, et les moyens de propagande et de coercition que cela lui offre pour tourner les institutions démocratiques dans son intérêt à lui. Ce qu'on peut appeler un régime "pseudo-démocratique" - qui est aussi un doigt d'honneur aux institutions démocratiques du genre, vous voyez, vous ne pouvez rien me reprocher, je suis à peu près les règles, je suis élu, avec un programme nationaliste et raciste, mais en quoi n'est-ce pas démocratique ? Etc..

Interdire un parti d'opposition pour "collusion avec l'ennemi" (les terroristes fantasmés par exemple), c'est un grand classique des régimes pseudo-démocratiques (plus ou moins autoritaires). Et on peut le faire avec tous les outils institutionnels démocratiques, pas de souci. Et probablement avec l'aval et le soutien de la majorité du Sénat et de l'Assemblée (sans parler du Conseil Constitutionnel). En dictature, il suffirait d'une décision du chef, un décret royal ou présidentiel. Là, on saisit la "Police Judiciaire" - le vrai dictateur ne s'emmerde pas avec ce genre de truc hein..

M'enfin tout cela est d'une ignominie sans nom, et le prochain connard qui me balance la France "Pays des Droits de l'homme", je lui colle deux baffes pour commencer et lui récite la litanie des crimes commis au nom de l'État français depuis deux siècles.

Sur tout cela, lire l'indispensable
Spin dictators.
Le nouveau visage de la tyrannie au XXIe siècle, de Sergei Guriev & Daniel Treisman

https://www.payot-rivages.fr/payot/livre/spin-dictators-9782228933346

Comme le dit @sknob Voilà merci. Les nuances dans les prises de position s'effacent sérieusement et dangereusement. @danahilliot @mantidactyle @Khrys

@dominique @sknob @mantidactyle @Khrys

Oui, et c'est très contre-productif en réalité sur le plan de la critique politique. Balancer à longueur de temps que le gouvernement est devenu un régime autoritaire dictatorial, c'est du pain béni pour les partisans du pouvoir en place qui peuvent démontrer sans peine que Macron n'est pas El-Assad, Poutine ou Al-Sissi.

J'ajouterai que c'est presque paradoxal dans la mesure où dans les pays qui sont des dictatures pures et dures, ce genre de message critique sur les réseaux sociaux vous vaut un débarquement immédiat de la police à votre domicile et la promesse d'un emprisonnement avec tortures etc..

Ce qui est beaucoup plus intéressant (et flippant), c'est d'observer comment de nombreuses "démocraties" empruntent aux pseudo-démocraties leurs "technologies politiques" (par exemple la Russie Poutinienne, elle-même inspirée, comme beaucoup d'autres régimes autoritaires, par les technologies électorales mises en place par les maîtres de Singapour dont Guriev et Treisman considèrent qu'ils ont été les "inventeurs" de ce détournement des institutions démocratiques, Lee Kuan Yew et ses successeurs)

Et il faut aussi se garder de toute idéalisation des démocraties du passé. Les États-Unis pendant la soit-disant Guerre Froide (la chasse aux sorcières, l'apartheid etc), c'était quand même pas un modèle sans tâche hein. S'imaginer qu'après Vichy la France se serait soudainement transformée en modèle de pure démocratie idéale, c'est mal connaître l'histoire me semble-t-il (les colonisés par exemple, ont un point de vue sans doute différent.. 😞

@danahilliot @dominique @sknob @mantidactyle @Khrys J’me permet de relever juste un point rapidement :

S’imaginer qu’après Vichy la France se serait soudainement transformée en modèle de pure démocratie idéale, c’est mal connaître l’histoire me semble-t-il

Évidemment. D’un autre côté, ça peut aussi être intéressant de souligner que nous ne sommes justement plus dans le régime qui a suivi Vichy, la république parlementaire qui avait été mise en place à l’époque ayant été remplacée en 1956 par un régime de très nette inspiration bonapartiste (quelques amendements ultérieurs ayant encore renforcé le truc).

Il vaut effectivement mieux ne pas exagérer, on n’est effectivement pas au niveau de la Corée du Nord ; mais d’un autre côté, il vaut aussi mieux ne pas trop minimiser les choses : notre république actuelle est assez peu démocratique et ses évolutions ne vont pas dans cette direction, ce dont il est légitime de s’inquiéter.

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@elzen @Khrys @sknob @mantidactyle @dominique

J'ai répondu en-dessous du post de Krys, mais je vois les choses un peu différemment. Le vrai modèle qu'il faut garder en tête, à mon avis, en ce moment, ce serait la Hongrie, ou la Pologne, par exemple (pour s'en tenir à l'Europe). Il y a un nuancier dans la gamme qui sépare la Nouvelle-Zélande de l'Érythrée qui est extrêmement riche. Pour nos démocraties, le plus important, c'est à mon sens de considérer que le ver est dans le fruit (et qu'il l'a toujours été : les périodes coloniales d'après guerre en disent plus sur ce ver dans le fruit, que beaucoup d'analyses "intérieures" ou "métropolitaines" par exemple)

@Khrys @dominique @sknob @mantidactyle

Je ne suis pas d'accord avec ça (pas encore on va dire, si ça se trouve dans quelques années, voire quelques mois, je dirais qu'on s'en rapproche, mais pas maintenant)

D'abord, on peut être une république et plus ou moins démocratique (la république populaire de Chine n'est pas, démocratique)
Si la France n'est pas une "démocratie" alors il faut m'expliquer quelles sont les démocraties qui méritent ce titre en ce moment sur la planète. Toutes les institutions classiques des démocraties représentatives sont présentes : vote au suffrage universel, multipartisme, Conseil constitutionnel, Sénat + parlement, liberté de la presse, etc etc..
Présentes ne veut pas dire qu'elles fonctionnent conformément aux idéaux démocratiques certes. Mais ce n'est pas rien.

Ce que je veux dire en fait, c'est que nous sommes trop souvent aveuglés par nos idéaux démocratiques, ce qui nous empêche de considérer la matérialité actuelle des institutions démocratiques. Et, de ce point de vue, j'ai (comme beaucoup d'autres analystes mieux qualifiés que moi) deux motifs de vigilance :

1. La faiblesse institutionnelle des démocraties (le grand rêve des années 80, quand on imaginait, non sans hypocrisie dans les cercles dirigeants d'ailleurs, qu'un élan irrésistible allait convertir la totalité des nations du monde à la démocratie, s'est avéré un échec abominable). On les a crues fortes et invincibles, et l'historie récente a suffisamment montré qu'elles n'étaient pas à l'abri de dérives ou de "coups d'états autoritaires" réalisés avec le soutien même des lois (je pense par exemple très récemment à la prise de pouvoir autocratique de Kaïs Saïed en Tunisie). Le ver est dans le fruit pour ainsi dire et c'est ça que nous devons garder en tête. Orban n'a pas pris le pouvoir à l'issue d'un coup d'État.

2. Et que les dirigeants des démocraties "historiques" ne croient plus eux mêmes à ce récit glorieux, au point qu'ils n'y croient plus pour eux-mêmes. Il y a une instrumentalisation de la démocratie aux fins de satisfaire les intérêts privés des élites, qui certes ne date pas d'hier mais ça ne s'arrange pas, et pire encore, une trahison des idéaux démocratiques réitérées chaque jour que le diable fait sur le marché mondial : on serre la pogne des autocrates autoritaires sans aucun scrupule pour leur vendre des avions de chasse et des mines anti-personnelles. Business first (et la défense des idéaux démocratiques vient très très loin dans l'agenda, même plus loin que la climat, c'est dire !!). Il y a de ce point de vue là une trahison terrible de la part des néolibéraux (mais pas qu'eux loin de là).

La République, oui aussi, mais ça ne pointe pas vers les mêmes types de problème.

@Khrys @dominique @sknob @mantidactyle

En fait, ce qui me gène le plus, c'est vraiment qu'en plaçant d'emblée le gouvernement actuel dans les pires qui soient (comme je le lis ici : "non-démocratique", "autoritaire". Non seulement, on rate à mon sens ce qui est patent et ne date pas d'aujourd'hui (j'ai presque envie de dire que c'est là le régime à peu près "normal" de la plupart des démocraties), la faiblesse inhérente aux institutions démocratiques elles-mêmes, et surtout on ne sait plus dès lors comment qualifier les régimes sous la férule desquels vivent une bonne partie des habitants de cette planète - qui doivent nous lire avec des yeux effarés en pensant à ce que signifie chez eux au quotidien la liberté de pensée, le droit de vote, l’arbitraire de l'État, l’oppression des minorités, le droit des femmes, et j'en passe et des meilleurs. Pensons à eux aussi je vous prie (pour une fois).

@danahilliot @elzen @Khrys @sknob @mantidactyle @dominique Nos élites sont fascistes et autoritaires. Notre régime français dès sa mise en place à été qualifié de coup d'état permanent.

@biggrizzly @elzen @Khrys @sknob @mantidactyle @dominique

Ok. Ben je crois que je vais arrêter là pour aujourd'hui.

Sincèrement, imaginez que cette discussion tombe sous les yeux d'habitants de l'Érythrée, d'Égypte, de Birmanie, d'Afghanistan, et même des opposants politiques démocrates de Hongrie, de Biélorussie, de Russie, et je pourrais donner une liste d'une centaine de pays qui tomberaient des nues en lisant certains messages ici.

M'enfin, j'aurais essayé d'expliquer, de nuancer. Tant pis.

https://www.hrw.org/

@Khrys @dominique @sknob @mantidactyle

Non je l'ai pas lu. Mais l'expression "République autoritaire et néolibérale." me dérange dans le cas de la France de 2023 (peut-être ce sera moins dérangeant dans 4 ans :)

République oui.
Néolibérale (heu.. l'adjonction de néolibérale à république ne va pas de soi, ou alors il faut préciser ce qu'on entend par là)
Mais "autoritaire" non. Pas au sens où j'entends "régime autoritaire" en tous cas (et aux États précis auxquels je pense - plus de la moitié des États dans le monde)

Ce qui m'intéresse plutôt, c'est de travailler les faiblesses des démocraties. Là c'est du concret. République, me paraît plus abstrait. (la chine est une république bon, mais ce n'est pas la France on est d'accord ?)

@danahilliot @elzen @Khrys @sknob @mantidactyle @dominique l'euphémisation n'est pas une solution. Ça parle ds le poste d'interdire des partis politiques, d'expulser les enfants de 2, 3 ans, ça justifie et récompense les violences policières. Mais comme ça n'en est pas arrivé aux noyades par hélicoptères et aux séances de gegenes, faut faire attention aux mots qu'on emploie. La pente que nous suivons collectivement est la pente du pire.

@danahilliot @elzen @Khrys @sknob @mantidactyle @dominique j'ajoute qu'à chaque fois que nos pays maltraitent le droit et les principes dont ils se réclament, ils donnent des justifications aux pays dictatoriaux pour que le pire perdure. L'euphémisation, ce n'est pas la nuance.

@Khrys @danahilliot @dominique @sknob @mantidactyle

La vraie démocratie, elle n'existe nulle part. Et elle n'a jamais existé. Et certainement pas en France.
Sauf peut-être sous la Commune.

@biggrizzly @elzen @Khrys @sknob @mantidactyle @dominique

On n'est pas du tout d'accord 😅

Vous parlez d'euphémisation. Moi je dirais au contraire qu'à employer les mots à tort et à travers, on finit par les vider de sens et ça facilite la tâche de ceux qui s'emploient à défendre les gouvernants accusés. Oui. Il faut faire attention aux mots qu'on emploie (par respect déjà pour tous ceux sur cette planète pour lesquels ces mots désignent des réalités avec lesquelles ils vivent et vivront toute leur existence. Des gens qui n'ont jamais voté, ou ne l'ont fait que sous la menace, ou pour des partis fantoches, qui risquent leur liberté et parfois leur vie s'ils expriment publiquement (et parfois en privé) leurs pensées.