Le Livre d'Argent

« Il paraît qu’à Paris il y a une affaire du . […] Certains versificateurs voudraient qu’on écrive poëte au lieu de . Il paraît même que M. Paul lutte depuis bientôt trente années contre cet “abus”. […] Lors d’une enquête sur les droits du poète, il a répondu mélancoliquement : “Comme poëte, je ne revendique qu’un seul droit : celui du tréma sur mon ‘e’. Il ne m’a jamais été reconnu.” »

La suite est à lire sur LinkedIn :
https://www.linkedin.com/posts/franck-antoni-1b893091_correcteur-orthographe-diacritiques-activity-7268141684457181185-a_ha

@antonif2 j'ai regardé le post, et je ne suis pas sûre de comprendre.

Le mot s'écrivait 'poëte' durant tout le 18e siècle et les trois quarts du 19s, il est devenu 'poète' à la réforme de 1878. Du coup Claudel s'opposait tout simplement à cette réforme, c'est ça ?

https://www.dictionnaire-academie.fr/article/A6P1634

(Pour suivre les évolutions de l'orthographe, rien de plus efficace que les différentes versions du dico de l'Académie, sauf la dernière qui a renoncé à tenir le rythme des réformes)

@MarCandea @antonif2 Tiens, je suis allé voir sur ton lien, et du coup je remarque que ça a l'air assez incohérent sur les premières éditions :

– Le dico de 1694 titre « POETE » sans accent, mais met des accents dans les exemples d'usage,
– Celui de 1718 titre « POETE » sans accent et ne met pas d'accents dans les exemples d'usage, en gardant la même base mais en étoffant un poil, notamment pour préciser que le féminin est identique.
– Celui de 1740 garde le texte de l'édition précédente, mais par contre les accents disparus reviennent dans le texte (mais toujours pas dans le titre).
– À partir de 1762, le titre devient « POËTE » et le tréma reste dans le texte jusqu'à la réforme de 1878.

Pour le titre sur les trois premiers, c'est une histoire d'accentuation des majuscules ? Et pour 1718, les trémas qui étaient là au début ont été supprimés par une réforme pour être remis par la suivante ? 🤔
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@elzen @antonif2 oui, ils ont beaucoup hésité sur le rôle à donner aux diacritiques accent aigu, grave, tréma et circonflexe durant les premières éditions, tout à fait.

Ça s'est fait par couches, et au 19e ils continuaient à rattraper des mots incohérents, ou des familles (poésie c'était déjà avec accent aigu, alors que poëte, etc)

A chaque modification, beaucoup s'en fichaient mais certains râlaient

@MarCandea Oui, je pense aussi que Claudel préférait la graphie d'avant 1878.
En 1857, Baudelaire se méfiait des « orthographes modernes ». Dans les épreuves des « Fleurs du mal », il hésite entre « poëte » et « poète ». Voir mon article illustré.
https://franckantoni.com/baudelaire-infatigable-relecteur-fleurs-du-mal/

@antonif2 ah je viens de lire l'article, merci !

Mais les annotations hésitantes ne se laissent pas facilement interpréter, quand Baudelaire dit "gare aux orthographes modernes" comment sait-on s'il ne veut pas simplement attirer l'attention sur l'emploi des nouvelles graphies pour poète et blasphème? Pour blasphème il semble justement vouloir la moderne, et pour poète/poëte on a pas la graphie des épreuves?

Pour chariot c'est amusant, la variante qu'il propose a été enfin acceptée en 1990

@elzen @antonif2 marrant, sur les accents : les académiciens ont rattrapé évènement en 1990, alors qu'ils avaient réformé avènement en 1878. 100 d'écart là aussi, pour appliquer la même réforme sur des mots tout bêtement oubliés en ancienne graphie