Frau Holle

Message 1, par Elzen

§ Posté le 23/07/2006 à 15h 36m 10

Comme vous le savez, il y a très longtemps, les contes étaient racontés par les grand-mères à leurs petits enfants. On les nommait alors des contes de grand-mère, et chacune avait sa version qu'elle transmettait aux générations suivantes. Et puis, quelques messieurs ont décidé un jour de mettre tous ces contes par écrit. Ils sont donc allés trouver les grands-mères pour leur demander de raconter les histoires, et en publièrent quelques livres.

Ce fut un quelque chose de bien, car désormais, ces contes, qui n'étaient jusque là conservés que dans les mémoires, se trouvaient mis sur papier, et on était assuré de les voir survivre au passage du temps. Mais ce fut également quelque chose de moins bien, car désormais, une seule version s'imposait par dessus toutes les autres: celle de l'auteur du livre. Ce n'était pas forcément la pire, mais ce n'était pas forcément la meilleure non plus: c'était une version parmi les autres.

C'est ainsi qu'en France, parce que notre collecteur de contes à nous s'appelait Charles Perrault, nos contes de grand-mère sont devenus les contes de Perrault. En Allemagne, ce sont les Frères Grimm qui ont collecté tous les contes, et ils sont devenus les contes de Grimm. Et comme Charles Perrault et les frères Grimm ne connaissaient pas les mêmes grands-mères, ils n'ont pas noté dans leurs livres exactement les mêmes histoires.

Le conte que je vais vous dire à présent vient du livre des Frères Grimm. Mais comme je ne suis ni l'un des frères Grimm, ni la grand-mère qui leur a raconté cette histoire, je ne vous raconterai pas cette histoire à la manière des frères Grimm, mais je vous raconterai la version que ma grand-mère aurait pu me raconter. Si vous avez vous-même à la raconter à quelqu'un d'autre, ne la reprenez pas telle que moi je vous la raconte, mais comme votre grand-mère aurait pu vous la raconter, car c'est ainsi que vivent les contes.

Voici l'histoire de Frau Holle, “Frau” étant le mot allemand pour “Madame”.


Il était une fois une petite fille très gentille, et très belle. Elle vivait chez sa belle-mère, avec sa demi-sœur qui était, elle, très méchante, pas belle du tout, et surtout très paresseuse. Et comme la belle-mère était jalouse que sa fille à elle soit moins belle que l'autre, c'était la petite fille très gentille et très belle qui devait tout faire à la maison. C'est elle qui faisait la vaisselle. C'est elle qui faisait le ménage. C'est elle qui faisait la couture.

C'était il y a très longtemps, et les machines pour faire la couture n'étaient pas aussi bien faites qu'aujourd'hui. En fait, elles étaient très dangereuses, avec plein d'aiguilles partout, et un jour, en faisant la couture, la petite fille très gentille et très belle s'est piqué le doigt avec une des aiguilles, et s'est mise à saigner, à beaucoup saigner.

Elle est donc sortie en courant de la maison, pour aller jusqu'à la fontaine, et a trempé son doigt dans l'eau fraîche pour qu'il arrête de saigner. Et là, la petite fille très gentille et très belle est tombée en avant, et à été aspirée dans l'eau de la fontaine. Elle s'est retrouvée au centre d'une grande prairie toute verte, avec au dessus de sa tête un très beau ciel tout bleu et un grand soleil qui brillait.


La petite fille très gentille et très belle a commencé à marcher dans la prairie. Et elle est arrivée jusque devant un grand pommier, qui était tout plein de pommes. Il était tellement plein de pommes que toutes ses branches pliaient vers le sol, et que le pauvre pommier ressemblait à un saule pleureur.

Alors quand il a vu la petite fille très gentille et très belle arriver, le pommier lui a crié « S'il te plaît ! Secoue-moi ! Secoue-moi, pour que mes pommes tombent et que ce soit moins lourd à porter ! » Et la petite fille, qui était très gentille et très belle, prit le tronc du pommier à deux mains, et le secoua, secoua, jusqu'à ce que toutes les pommes tombent. Le pommier était très content, et toutes ses branches sont remontées vers le ciel. Il a remercié la petite fille, et celle-ci a continué son chemin.


La petite fille très gentille et très belle est arrivée ensuite devant un grand four de boulanger, vous savez, avec une très grande ouverture et plein de pains qui cuisent à l'intérieur, et aussi une grande pelle de boulanger posée sur le côté. Et quand ils ont vu la petite fille très gentille et très belle arriver, tous les pains qui étaient dans le four lui ont crié « S'il te plaît ! Sors-nous de là ! Sors-nous de là, car nous allons être trop cuits ! »

Et la petite fille, car elle était très gentille et très belle, prit la grande pelle de boulanger et la plongea dans le four, pour sortir tous les pains avant qu'ils ne soient trop cuits. Et tous les pains l'ont beaucoup remercié, et la petite fille très gentille et très belle a continué son chemin dans la prairie.


Elle est arrivée ensuite jusque devant une très grande et très belle maison, et devant la porte de la maison, il y avait une très vieille femme qui la regardait, assise dans son fauteuil. Et quand elle a vu la petite fille très gentille et très belle approcher, la vielle dame lui a dit « Bonjour, petite fille. Je suis Frau Holle, et je voudrais te demander un service. Vois-tu, je suis très vieille, et j'ai du mal à me déplacer, aussi je voudrais que tu m'aides à nettoyer ma maison. » Et la petite fille, comme elle était très gentille et très belle, accepta d'aider Frau Holle à nettoyer sa maison.

Elle est entrée dans la grande et belle maison et a commencé à tout nettoyer, et pendant qu'elle nettoyait, c'était l'hiver chez nous. Et à chaque fois que la petite fille secouait un drap du lit ou une des belles robes de Frau Holle, à chaque fois que de la poussière en tombait, c'est de la neige qui tombait chez nous.


Quand la petite fille eut finit de tout nettoyer, elle est revenue voir Frau Holle, et lui a dit « Ça y est, j'ai tout nettoyé dans ta maison.

-- C'est bien, ma petite. Maintenant écoute-moi: tu vas retourner d'où tu viens. Tu vas retourner au centre de la prairie, là où tu es arrivée, et là, tu recevra ta récompense et tu rentreras chez toi. » Et la petite fille très gentille et très belle fit ce que Frau Holle lui avait demandé. Quand elle arriva au centre de la prairie, un beau nuage tout doré s'est formé au dessus de sa tête, et une pluie d'or s'est mise à tomber, et la petite fille a été entraînée avec la pluie d'or, et s'est retrouvée dans la fontaine, à côté de chez elle.


Elle a alors remarqué que la pluie avait laissé des traces dorées sur elle, et quand elle s'est secouée, tout l'or est tombé, et elle a pu le récupérer. Elle a couru jusqu'à chez elle, en emportant tout l'or, et a tout raconté à sa belle-mère et à sa demi-sœur.


Mais la demi-sœur, qui, vous vous souvenez, était très méchante, très paresseuse et pas jolie du tout, la demi-soeur s'est dit « Je vais faire pareil. Je vais aller voir Frau Holle, et je vais ramener encore plus d'or, comme ça, on sera encore plus riche. »

Et la petite fille très méchante, très paresseuse et pas jolie du tout a prit une aiguille et s'est volontairement piqué le doigt, puis elle a couru jusqu'à la fontaine pour tremper son doigt dans l'eau. Et elle aussi, elle est tombée en avant, et a été aspirée pour se retrouver dans la grande prairie toute verte, avec le beau ciel tout bleu et le grand soleil.


Elle a commencé à marcher, et elle est arrivée devant le grand pommier, qui était de nouveau tout couvert de pommes. Et quand il a vu la petite fille très méchante, très paresseuse et pas jolie du tout, le pommier lui a crié « S'il te plait ! Secoue-moi ! Secoue-moi, pour que mes pommes tombent et que ce soit moins lourd à porter ! » Mais la petite fille lui a répondu « Pas question ! Et si je prennais une pomme sur la tête ? Je ne veux pas me faire mal ! » Et elle a continué son chemin, sans se préoccuper du pauvre pommier.


Elle est arrivée devant le grand four de boulanger, avec la grande pelle de boulanger posée à côté. Et quand elle est passée près du grand four de boulanger, tous les pains à l'intérieur lui ont crié « S'il te plait ! Sors-nous de là ! Sors-nous de là, car nous allons être trop cuits ! ». Mais la petite fille très méchante, très parresseuse et pas jolie du tout a répondu « Pas question ! Vous savez comme c'est sale, un four de boulanger? Je ne veux pas me salir ! » Et elle a continué son chemin en laissant les pains brûler dans le four.


Et puis, la petite fille très méchante, très paresseuse et pas jolie du tout est arrivée devant la grande maison de Frau Holle, et s'est approché de la vieille dame qui était assise dans son fauteuil devant la porte. Et la vieille dame lui a dit « Bonjour, petite fille. Je suis Frau Holle, et je voudrais te demander un service. Vois-tu, je suis très vieille, et j'ai du mal à me déplacer, aussi je voudrais que tu m'aides à nettoyer ma maison. »

Et là, la petite fille, qui était très paresseuse et n'avait pas du tout l'intention d'aide Frau Holle, a quand même répondu qu'elle allait le faire, car elle savait que c'était Frau Holle qui avait donné la récompense à l'autre petite fille, celle qui était très gentille et très belle, et qu'il fallait donc faire semblant de faire le travail. Mais comme Frau Holle était très vieille et ne pouvait plus se déplacer, quand elle est entrée dans la maison, la petite fille très méchante et pas jolie du tout n'a rien nettoyé. Elle pensait « De toute façon, ça ne lui sert à rien: elle reste tout le temps devant sa porte et n'y rentre jamais, dans sa maison. Je ne vois pas pourquoi je me fatiguerait à la lui nettoyer. » Et comme elle n'a secoué aucun drap, ni aucun vêtement, cet hiver-là, chez nous, il n'a pas neigé du tout.


Et puis, au bout d'un certain temps, le temps qui lui aurait fallu pour nettoyer la maison si elle avait respecté sa parole, la petite fille très méchante, très paresseuse et pas jolie du tout est retournée trouver Frau Holle et lui a dit « Ça y est, j'ai tout nettoyé dans ta maison. Et maintenant, je voudrais avoir ma récompense et pouvoir rentrer chez moi. »

Mais Frau Holle n'avait pas besoin de se lever et d'aller voir dans la maison pour savoir que la petite fille n'y avait rien fait du tout. Elle le savait très bien, comme elle savait aussi que la petite fille n'avait pas voulu secouer le pommier, ni sortir les pains du four. Alors elle lui a répondu « Tu vas retourner d'où tu viens. Tu vas retourner au centre de la prairie. Là, tu vas pouvoir retourner chez toi, et recevoir la récompense que tu as mérité. »


Et la petite fille est retournée au centre de la prairie, et quand elle y est arrivée, un gros nuage s'est formé au dessus de sa tête, mais cette fois, c'était un nuage tout noir, comme quand il y a de l'orage. Et la pluie qui est tombée sur la petite fille était toute collante et très désagréable. Et quand elle s'est retrouvée dans la fontaine, la petite fille très méchante, très paresseuse et pas jolie du tout s'est apperçue qu'elle était toute salle et a voulu se laver, mais la saleté collait à sa peau, et elle n'a jamais pu la nettoyer.

Et c'était bien fait pour elle.

(Suite au décès inopiné de mon précédent serveur, je profite de mettre en place une nouvelle machine pour essayer de refaire un outil de blog digne de ce nom. J'en profiterai d'ailleurs aussi pour repasser un peu sur certains articles, qui commencent à être particulièrement datés. En attendant, le système de commentaires de ce blog n'est plus fonctionnel, et a donc été désactivé. Désolé ! Vous pouvez néanmoins me contacter si besoin par mail (« mon login at ma machine, comme les gens normaux »), ou d'ailleurs par n'importe quel autre moyen. En espérant remettre les choses en place assez vite, tout plein de datalove sur vous !)