§ Posté le 07/06/2009 à 1h 48m 00
Jamais je n'ai cru bon d'adorer sa patrie :
On n'est là où l'on naît qu'au hasard de la vie.
Mais j'avais des raisons d'apprécier mon pays :
Les trois mots qui formaient sa devise m'ont séduit.
Las ! Ceux qui y règnent ont décidé pourtant
D'envoyer sans tarder tout ça à la Camarde…
Cambronne ! Ma Muse en décide à présent
D'enfourcher – désolé – Pégase à la hussarde !(1)
Moi qui aime les mots s'ils ne sont pas trop gros,
Dont le vocabulaire va rarement de travers,
En les regardant faire, ces tristes animaux,
Me sens pris, tout de go, d'une juste colère !
Messieurs qui gouvernez, n'oubliez pas ceci :
Le peuple est souverain, vous êtes à sa merci,
Et si vous continuez à vous conduire ainsi,
D'un bien sombre destin vous faites votre parti.
Dans l'École, lieu de paix, vous voulez faire entrer
Vigiles et caméras plus que diplomatie,
Après l'avoir sans gêne par maintes fois comparé
À ce que vous en voulez : juste une garderie.
La Santé, la Recherche, instruments de progrès,
Qui à vos yeux sans doute, ne rapportaient assez,
Comme des entreprises vous voulez les régler,
Préférant les gros sous au Savoir, aux idées…
La Justice vous gênait, trop clémente sûrement,
Vos prisons débordantes sans doute trop peu remplies,
En jouant sur l'émotion de faits divers navrants,
Elle qui était aveugle, la rendez muette aussi.
Et de l'Écologie, vous faisiez vos drapeaux,
Promettant de sauver une planète malmenée,
Que faites-vous, pourtant, quand vous voilà nommés ?
Quelles mesures concrètes avez-vous prit ? Zéro.
Si ça ne suffisait, vous attaquez enfin
L'espace de liberté le plus vaste qui soit :
Prétextant de sauver, sans qu'il y en ait besoin,
L'Art et la Création, y placez vos beffrois.
Merde, vous bousillez tous nos acquis d'antan,
Merde, notre passé, ruiné dès à présent,
Merde, c'en est assez, bordel, arrêtez ça !
Merde, soyez assurés qu'on ne l'oubliera pas.
Le monde, nous dit-on, ne sera détruit que
Par le fait de ceux qui ne tentent jamais rien :
Ne soyons pas ceux-là, levons-nous, citoyens !
Montrons-leur ce qu'il y a juste après nos deux yeux !