§ Posté le 29/11/2014 à 23h 07m 01
J'ai un médecin qui est fou !
L'autre jour, en pleine nuit, il me téléphone, et me dit « Je ne vous réveille pas ? » Comme je dormais, je lui dit que non.
Il me dit « voilà : je viens de recevoir du laboratoire les résultats de nos deux analyses. J'ai une bonne nouvelle à vous annoncer en ce qui me concerne, tout est normal ; par contre, pour vous, c'est inquiétant. »
Alors, je dis « Quoi, qu'est-ce que j'ai ?
– Le laboratoire a découvert que vous aviez un chromosome en plus.
– C'est-à-dire ?
– C'est-à-dire que vous avez une case en moins.
– Ce qui signifie ?
– Ce qui signifie que vous avez le virus du tueur. Vous êtes un tueur né. »
Alors, je dis « Moi, un tueur ?
– Je vous rassure tout de suite : ce n'est pas dangereux pour vous. En revanche, pour ceux qui vous entourent… ils doivent se sentir visés.
– Mais, docteur, je n'ai jamais tué personne !
– Oh, ne vous inquiétez pas, ça va venir. »
Et puis il me demande « Est-ce que vous avez une arme, chez vous ?
– Oui, j'ai un fusil à air comprimé…
– Alors pas plus de deux air comprimés par jour ! »
Et il raccroche.
Va te rendormir, après ça… toute la nuit, j'ai entendu mon chromosome en plus qui tournait en rond dans ma case en moins !
Au matin, je me suis réveillé avec une envie irrésistible de tuer. Il fallait que je tue quelqu'un. Mais qui tuer ? La grande question : qui tuer ?
Enfin, “qui tuer”… non, mais, pas “qui tu es”, dans le sens « Qui es-tu, toi qui cherches qui tuer ? », ni « Dis-moi qui tu es, je te dirai qui tuer ! ». Qui j'étais, je le savais : j'étais un tueur. Et un tueur sans cible.
Oui, je n'avais personne à ma portée, ma femme était sortie…
Alors comme il fallait que je tue quelqu'un, je me suis dit « je vais tuer le premier venu. Je prends mon fusil, je descend dans la rue, et je tue le premier venu. »
Alors je prends mon fusil sur l'épaule, je sors ; et sur qui je tombe ? Le hasard fait bien les choses : sur le premier venu ! …il avait aussi un fusil sur l'épaule, il avait un chromosome en plus…
Et il me dit « Salut, toi, le premier venu ! »
Alors je réponds « Ah non ! Pour moi, le premier venu, c'est vous !
– Ah non non non, je t'ai vu venir avant toi… et de plus loin ! »
Et puis il ajoute « Ça ne te dérange pas, que je te tutoie ? Allez, toi tu me dis “tu” et moi je te tutoie ! »
Et là, je me dis « Si je dis “tue” à ce tueur, il va me tuer… »
Alors je fais « Et si on s'épaulais mutuellement ?
– D'accord. »
Donc on se met en joue… et puis il me dit « Stop, stop ! Nous allions commettre une irréparable bévue : on ne peut pas considérer deux hommes qui ont le courage de s'entre-tuer comme des premiers venus, il faut qu'on en trouve un autre !
– D'accord. »
Tout d'un coup, j'entends deux coups de feux qui claquent… et puis je vois courir un type avec un fusil sur l'épaule…
Je lui crie « Vous aussi, vous voulez tuer le premier venu ?
– Non, le troisième, j'en ai déjà loupé deux ! »
Et c'est alors que je sens le canon d'une arme s'enfoncer dans mon dos… je me retourne : c'était mon médecin.
Il me dit « Je viens vous empêcher de commettre un meurtre à ma place ! Le laboratoire a fait une erreur. Il a confondu nos deux analyses. Le virus du tueur, c'est moi qui l'ai !
– Mais, Docteur, vous n'allez tout de même pas tuer de sang froid un de vos patients ?
– Justement si : la patience à des limites ! J'en ai assez de vous dire “ne vous laissez pas abattre” ! »
Alors je lui demande « Vous avez déjà tué quelqu'un, vous docteur ?
– Sans ordonnance, jamais. Mais je vais vous en faire une. »
Ah, mais, il m'en a fait une !
Cette version n'est pas tout à fait celle à laquelle je suis habitué (sans doute pas le même enregistrement) ; et il lui manque l'image du maître sur scène ; mais tous ceux qui préféreront sa voix à la mienne pourront tout de même en profiter