§ Posté le 09/07/2010 à 16h 06m 13
Note : cet article est là pour présenter un film tiré d'un roman. Si vous êtes arrivés sur cette page parce que vous cherchiez un moyen de me contacter, allez voir par là
Ce film de 1997, adaptation du roman éponyme de Carl Sagan(1), se déroule durant la présidence états-unienne de Bill Clinton, dont quelques conférences publiques sont d’ailleurs détournées au cours de l’histoire, et met en scène une jeune scientifique américaine étudiant les échos captés par les grandes antennes braquées vers l’espace, avec bien sûr le rêve de recevoir un jour un message de la part d’extra-terrestres…
Non seulement ce film est (du moins, je trouve) très bien réalisé et très divertissant, mais c'est également une source de réflexion intéressante sur plusieurs points. Mais jugez Pluto… euh, plutôt :
Vers le début, nous avons la rencontre entre cette charmante demoiselle et un non moins charmant jeune homme qui se trouve être, comme la plupart des américains, particulièrement croyant. Mais lui l’est peut-être même encore plus que les autres, vu qu’il finira quelque chose comme conseiller théologique de la maison blanche. Seulement, problème, la jeune demoiselle en question, elle, ne l’est pas, croyante. Et vient alors l’un des principaux sujets du film : l’opposition de longue date entre science et religion(2).
Et avec cette opposition arrive, de la bouche de notre héroïne, l’énoncé de l’un des principes fondateurs de la science, entré en vigueur dans de nombreux domaines aussi divers que la modélisation du système solaire(3) ou la théorie de l’évolution(4) : le principe de parcimonie. Ici présenté sous la forme « Toutes choses étant égales, l’explication la plus simple est nécessairement la meilleure. »
Et puis vient qu’un beau jour, le rêve de notre scientifique semble bien devenir réalité, car l’une des antennes capte un signal étrange, qui ressemble à des impulsions données à intervalles réguliers. Deux, puis trois, puis cinq, puis sept, puis onze, puis treize… il s’agit en fait d’une succession (plusieurs fois répétée) de nombres premiers. Des vingt-six premiers nombres premiers, exactement, allant de 2 jusqu’à 101(5). Voilà que ces mystérieux interlocuteurs s’expriment dans le seul langage véritablement universel : les mathématiques.
Et voilà également qu’arrive une seconde version de notre opposition fondamentale, mais cette fois, la foi est déclinée sur le mode patriotique et non plus théologique. Car la première chose que veut s’empresser de faire notre héroïne est d’avertir les médias de la découverte. Elle pense en effet qu’une découverte de ce genre ne peut être que partagée par l’humanité toute entière(6). Or, ses travaux sont sous le contrôle d’une agenge gouvernementale bien connue qui, elle, préférerait largement que ce qui est découvert par les scientifiques américains reste la propriété d’une poignée d’américains.
Se poursuit l’étude de ce message, et l’on découvre envoyé avec les impulsions, un certain nombre de données, qui, décodées, vont donner un résultat surprenant : il s’agit à première vue de la vidéo noir et blanc d’un discours prononcé… par Adolf Hitler. Aïe. Nos aliens auraient-ils renvoyé ce message pour dire qu’ils étaient fans des idées de l’homme à la croix gammée ?
Ou bien ne serait-ce pas plutôt parce que ce discours, pour démontrer la suprématie du IIIe Reich sur le reste de l’humanité, fut le premier message terrestre diffusé aussi bien dans l’espace que sur le sol ? Le message extra-terrestre semble provenir de l’étoile Véga, située à à peu près 25 années lumières de la nôtre. Et il s’est écoulé depuis l’émission de ce fameux discours juste le temps nécessaire à la lumière pour faire l’aller-retour Soleil-Véga-Soleil…
C’est tout pour la partie pas trop “spoileresque”… La suite est peut-être un peu déconseillée pour ceux qui ont l’intention de voir le film avant d’avoir oublié ces lignes
Notre scientifique ayant bravé l’avis de la CIA et diffusé la découverte du message dans la presse, nous pouvons assister aux réactions du peuple sur la découverte de ce message extra-terrestre, et… c’est stupéfiant. Certaines croyances sont bousculées, et l’on voit quelques personnes s’improviser prophètes… L’un d’entre eux, persuadé que ce message est d’une certaine manière une manifestation divine, et que les scientifiques n’ont pas à “voler Dieu” à l’humanité, projetera même un attentat suicide pour mettre fin aux travaux…
Car en plus du discours d’Hitler, le message végan contenait un grand nombre de données qui, une fois décodées, semblent former le plan de montage d’un machine qui permettrait d’envoyer un émissaire vers Véga… La question se pose alors de qui choisir pour tenir ce rôle… et l’on avance l’argument suivant : « Étant donné qu’une écrasante majorité d’humains croient en l’existence d’un dieu, peut-on raisonnablement envoyer un athée pour les représenter ? » (auquel j’aurais personnellement répondu « étant donné que, sur cette écrasante majorité, le nombre de personnes étant capable de se mettre d’accord sur leurs croyances est particulièrement plus réduit, mieux vaut envoyer quelqu’un qui met toutes les croyances(7) sur un pied d’égalité ». Mais bon, ce n’est pas la réponse apportée par le film)
Et puis, en fin de compte, notre héroïne part… et revient. Et voilà qu’un problème majeur se pose : son voyage, d’une durée approximative de dix-huit heures selon elle, semble n’avoir duré, pour le monde extérieur, que moins de quelques secondes. Difficile, dans ces conditions, pour tout autre qu’elle, de se rendre compte qu’elle est véritablement partie. Certes, un voyage aussi instantané est, selon certaines théories physiques, techniquement possible. Mais puisque l’enregistrement effectué par la sonde qu’elle avait avec elle ne contient que des parasites, voilà le principe de parcimonie (assez déformé à mon goût, mais passons) se retourne contre elle, et qu’elle se retrouve dans une position ressemblant plus à la foi qu’à la science.
Et la CIA de garder précieusement et pour sa seule connaissance le fameux enregistrement, qui ne contient effectivement que des parasites… oui mais, ce qu’ils ne disent pas : environ dix-huit heures de parasites.
C’est presque tout, mais je ne pourrais décemment pas terminer cette modeste présentation sans citer ce que je pense être l’une des plus belles phrases du film : « Si nous étions les seuls dans l’Univers… ce serait un beau gâchis d’espace. »
Source : mes souvenirs du film, que j’ai du voir à une date indéterminée dans le courant de ces dernières années.
Mes excuses pour les imprécisions ayant pu survenir, ma mémoire ayant parfois tendance à me jouer quelques tours.